Robert Ménard, agent français d’un milliardaire géorgien

Dans son billet de blog intitulé « Géorgie : une démocratie Potemkine », Robert Ménard s’attaque à l’actuel Président géorgien, Mikhaïl Saakachvili. Jusque-là, rien de bien alarmant. Mais Robert Ménard oublie de préciser qu’il travaille pour… l’opposant principal de Saakachvilli ! Tout ça à quelques jours seulement des élections législatives. Hasard de calendrier ou stratégie de déstabilisation politique ?

 Dans son billet, Robert Ménard dénonce la censure que le gouvernement fait peser sur les médias : « on affiche son attachement à la liberté de la presse tout en plaçant sous séquestre des dizaines de milliers d’antennes paraboliques afin d’empêcher la diffusion de TV 9, la nouvelle chaîne d’information qui a surtout le tort d’appartenir à la femme de son principal opposant ». Ce qu’oublie de préciser Robert Ménard, et que nous apprend le Huffington Post, c’est qu’il vient lui-même d’être nommé conseiller au Comité consultatif international de cette chaîne de télévision, entièrement contrôlée par l’oligarque Bidzina Ivanishvili. Sans doute une amnésie passagère due au jet lag de son vol Tbilissi-Paris. A moins qu’il ne s’agisse d’un oubli volontaire ? D’une dissimulation par omission ? Pratique bien étrange pour ce journaliste modèle, toujours prompt à donner des leçons d’indépendance et de liberté.

 Mais qui est donc Bidzina Ivanishvili ? Multimilliardaire, c’est un franco-géorgien proche du gouvernement russe. Il a d’ailleurs profité du démantèlement et la privatisation sauvage de l’URSS pour s’enrichir. Tout est bon pour le portefeuille : industrie pétrolière et gazière, métallurgie, transport, banque ou immobilier. Des opérations financières effectuées dans une transparence et une légalité toutes relatives, comme ce fut souvent le cas dans les années 1990 en Russie. Ivanishvili s’intéresse aussi à l’Afrique : il est interdit de territoire par les autorités canadiennes pour des faits suspectés de trafic de diamants en Angola. Pris d’une fièvre politique et d’un engagement pour le bien de la plèbe géorgienne, l’oligarque a fondé en 2011 le mouvement d’opposition « Rêve géorgien ».

 Le but d’Ivanishvili : battre Saakachvilli aux élections présidentielles de 2013 et prendre le pouvoir du pays. A n’importe quel prix : une enquête est actuellement en cours à l’encontre de « Rêve Géorgien » pour des faits d’achat de voix. Des pratiques dénoncées par l’ONG Transparency International. Outre ces pratiques douteuses, Ivanishvili n’hésite pas à sortir l’artillerie lourde du lobbying : selon un article d’Atlantico, son budget de lobbying et de relations publiques à Washington est de plus de 4 millions de dollars par mois, « des dépenses supérieures à ce que des firmes de l'industrie pharmaceutiques ou de l'industrie du tabac peuvent dépenser chaque année ! ». A ces sommes, s’ajoutent les factures de cabinets à Bruxelles et bientôt à Paris.

 Robert Ménard est donc conseiller de la chaîne de télévision appartenant à Ivanishvili, leader de l’opposition géorgienne au passé trouble et aux intentions floues. Un média libre, partial et indépendant, on s’en doute. Notre journaliste français est vraiment « sans interdit ». Qui l’eût supputé : Robert Ménard, conseiller d’un nabab franco-géorgien et sous-marin russe ? A croire que le fondateur de Reporters Sans Frontières compte se reconvertir en spécialiste de géopolitique… En tous cas, si Bernard Arnault décide de se présenter aux élections en France (ou en Belgique), le milliardaire sait déjà qu’il pourra compter sur le soutien indéfectible (et discret) de Robert Ménard.