Pourquoi le consumérisme ne profite pas à l’économie
Ne pas s’étonner donc que des ménages viennent en masse avec leurs voitures faire leurs courses dans les magasins du hard discount genre Lidl et régler sommes de 5 à 10 € d’euros avec leur iPhone X sur des terminaux de payement mobiles sans contact.
L’acquisition du logement et de la voiture low cost ainsi que les nouveaux gadgets de la communication sans oublier la mode du manger dehors et de voyager discount ont certes amélioré la vie quotidienne de beaucoup de personnes. Mais sans que ces dernières ne s’en satisfassent ! Paradoxe ? Pas vraiment. Plutôt une conséquence logique. En fait depuis 18 ans, au renchérissement du coût de la vie, ressenti par des millions d’Européens (effet induit après le passage à la monnaie unique en zone Euro) s’est ajouté un autre ressenti : celui de l’explosion des modes de consommation, accompagnée d’un changement inédit du rapport du consommateur à l’argent ; dans ce sens que la monnaie unique en détruisant la perception culturelle et affective qu’en avait le chaland moyen jusqu’à la fin des années 1990, a transformée l’acte de consommer en une sorte de geste mécanique, immatériel dont le consommateur ne mesure plus ni le sens ni les conséquences. « L'évolution des prix des dépenses quotidiennes incontournables et la pression exercée par de nouveaux besoins altèrent l'appréciation de l'inflation. » relève Marc Chevallier dans un excellent article intitulé « Pourquoi les Français trouvent la vie chère » parue le (01/10/2006) dans le N°251 d’ Alternatives économiques. Ainsi untel décide de se ruiner ou de se priver de certaines choses essentielles à la vie de base pour acheter le dernier iPhone ou la voiture low cost de l’année, et ce juste pour être In et ne pas passer pour le ringard du quartier ou du palier. Comme la tendance actuelle dicte aux consuméristes branchés qui veulent rester à la page de changer continuellement leurs smartphones pour d’autres plus performants, plus design et donc plus onéreux, l’on imagine aisément les dégâts que peut avoir cette « fièvre acheteuse » sur le petit compte bancaire d’un salarié français - déjà ponctionné par le payement des traites d’un bien immobilier low cost - dont le revenu annuel se situe aux alentours de la moyenne nationale, soit 20 000 €.
C’est la course au suicide, les yeux bandés. Surtout qu’un smartphone est conçu plus pour prendre des selfies dans des endroits les plus décalés que pour passer des coups de fil. Et qui dit photos dit voyage. Un loisir démocratisé à outrance par l’avion low cost et le diktat des grands tours opérateurs sur les hôteliers des destinations étrangères qui vivent du tourisme, si bien qu’une semaine en pension complète dans un 4 étoiles à Marrakech, avion compris, coûte deux fois moins cher que trois nuits à Marseille au départ de Paris en TGV. Là aussi qui dit cherté du TGV - dont les raisons liées aux choix stratégiques de la SNCF et l’Etat propriétaire ne sont pas notre propos ici – dit tendance à utiliser la voiture pour le tourisme intérieure par une large frange de la société de consommation. La voiture économique à moins de 6000, bien sûr. Elle est économique. Seulement, il n’en est pas de même pour ses pièces de rechange qui s’usent vite, ni de l’essence encore moins des frais de gardiennage et de parking sans perdre de vue l’assurance. De même, qui dit farniente, oisiveté, smartomanie, selfophilie, télélâtrie dit manque cruel de temps, notamment pour cuisiner. Donc allô pizza ou manger extramuros s’imposent de plus en plus, et explosent encore plus la dépense en accentuant le sentiment que la vie est devenue plus chère qu’il y une quinzaine d’années. Or ce n’est pas tout à fait juste. On a l’impression que la vie est devenue trop chère parce qu'on vit au-dessus de ses moyens plus pour rester à la page que pour survivre… Pire : ce ressenti que l’on peut transposer à d’autres pays hors Europe comme les pays dépendant de l’Euro, notamment maghrébins, induit une revalorisation quasi continuelle et mécanique du Smic ce qui relance l’inflation, d’où l’augmentation des prix de certains produits de base dits « psychologiques », tels que l’électricité et le gaz. Ainsi de suite. Ne pas s’étonner donc que des ménages viennent en masse avec leurs voitures faire leurs courses dans les magasins du hard discount genre Lidl et régler des sommes de 5 à 10 € d’euros avec leur iPhone X sur des terminaux de payement mobiles sans contact. Moralité : le consumérisme ne profite pas vraiment à l’économie.
http://chankou.over-blog.com/2018/03/pourquoi-le-consumerisme-ne-profite-pas-a-l-economie.html
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