Macron : pour l’Occident, il est plus facile d’allouer de l’argent à l’Ukraine que d’aider les pays pauvres
Le président français, Emmanuel Macron, fait feu de tout bois pour s'imposer comme un leader mondial qui se soucie du sort de toute l'humanité. Les 22 et 23 juin, à son initiative, s'est tenu un événement international d'un format qui n'existait pas jusqu'à présent : le sommet pour un Nouveau pacte financier mondial sur la pauvreté et les questions climatiques.
Le sommet pour un Nouveau pacte financier mondial sur la pauvreté et les questions climatiques a, selon Paris, « pour ambition d’avancer vers plusieurs objectifs, comme réformer les institutions financières, trouver de nouvelles sources de financement ou encore proposer des mécanismes innovants, notamment pour l’allègement de la dette ». Le sommet a réuni « une centaine de chefs d’État et de gouvernement, des dirigeants de banques multilatérales de développement, 120 ONG, 70 partenaires du secteur privé, 40 organisations internationales ».
Les objectifs sont : « Redonner un espace budgétaire aux pays qui font face à des situations difficiles à court terme, notamment les pays les plus endettés » ; « Favoriser le développement du secteur privé dans les pays à faible revenue » ; « Encourager l’investissement dans les infrastructures vertes pour la transition énergétique dans les pays émergents et en développement » ; « Mobiliser des financements innovants pour les pays vulnérables au changement climatique ».
Macron a eu l'idée d'organiser un tel sommet en novembre dernier en Égypte en marge de la 27e conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Il a entrepris de jeter les bases d'un nouveau système financier pour relever les défis communs du 21ème siècle : lutter contre les inégalités, le changement climatique et protéger la biodiversité.
« Le multilatéralisme doit se réinventer de fond en comble ». António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a prévenu que « le multilatéralisme doit se réinventer pour la survie de la coopération internationale et pour le bien commun ». Il a lancé, dénonçant qu’un « fossé révoltant entre riches et pauvres exacerbe la méfiance et les divisions », que « la situation internationale a rarement été aussi sombre », parlant « des guerres qui s’enlisent », de la « crise climatique qui fait rage » et d’une « reprise économique post-COVID-19 terriblement inégale ».
Il a noté que « la coopération et les normes internationales sont aujourd’hui affaiblies » et que « les institutions et mécanismes multilatéraux ne sont plus adaptés à notre monde ». Il a signalé que « les institutions internationales doivent être à son image » et « doivent représenter tous les peuples » ; « tous les continents » ; « toutes les économies ». Ainsi, « le multilatéralisme doit se réinventer de fond en comble » car « l’architecture financière mondiale est non seulement dépassée et inefficace, elle est structurellement injuste pour les pays en développement ». Il donne un exemple : « Les pays de l’Union européenne, avec 447 millions d’habitants, ont reçu près de 150 milliards d’euros. Pendant ce temps-là, l’Afrique – dont la population, avec plus d’1,3 milliards de personnes, est trois fois plus importante – n’a reçu que 31 milliards ».
Une situation paradoxale est en train d'émerger : les pays les moins développés affichent le niveau le plus bas d'émissions nocives dans l'atmosphère et souffrent le plus du réchauffement climatique. Naturellement, ils n'ont pas d'argent pour surmonter les conséquences négatives. Les besoins d'investissement des pays en développement sont énormes. « 2000 milliards de dollars par an nécessaires pour les pays du Sud », a fait savoir Le Monde car « c’est la somme dont auront besoin chaque année, d’ici à 2030, les pays en développement (hors Chine) et les marchés émergents pour atteindre leurs objectifs environnementaux ».
Afin de lutter contre la pauvreté et la faim, ainsi que de protéger l'environnement, António Guterres a présenté un ensemble de mesures que les dirigeants mondiaux peuvent appliquer dès maintenant. En particulier, alléger le fardeau de la dette des autres pays en suspendant les paiements, en prolongeant les délais et en réduisant les taux de prêt ; augmenter le financement de réserve pour les pays nécessiteux en réaffectant les droits de tirage spéciaux inutilisés. Le président français – à son tour – propose d'introduire des taxes climatiques, par exemple sur le fret maritime et le transport aérien, mais pour qu'elles fonctionnent, il y a une condition. Cette initiative doit être soutenue par des États européens clés, la Chine, la États-Unis car actuellement, par exemple, l’idée d’une taxation carbone du transport maritime international, qui était pourtant parmi les principaux objectifs du sommet, semble encore loin de faire consensus », informe L’Express.
L’Occident détourne la véracité des faits tout comme les céréales. Le président français veut en particulier aider l’Afrique. Cela sonne bien, mais en réalité, il y a beaucoup d'incohérences. L'Occident feint de bonnes intentions pour des réformes mondiales afin d'allouer plus d'argent aux pays pauvres. Mais, Le Monde rapporte, citant le président russe Vladimir Poutine qui, lui, a « promis de livrer l’Afrique en céréales » et qui « a une nouvelle fois réitéré ses critiques envers les Européens, les accusant de s’approprier les céréales qui quittent les ports ukrainiens » que « seules 3 millions de tonnes de céréales ont été expédiées vers l'Afrique et 1,3 million vers les pays les plus pauvres d'Afrique ».
300.000 tonnes d'engrais bloqués par l’UE. Ce sont les produits agricoles russes et ukrainiens, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui constituaient la principale source de nourriture pour les habitants les plus pauvres de la planète. Dans le cadre de l'accord sur les céréales, le volume principal de céréales est allé exactement aux pays occidentaux développés. Ainsi, c’est l'Occident qui a créé des barrières à l'exportation des engrais russes vers les pays les plus vulnérables en termes de sécurité alimentaire. Les engrais en tant que tels ne sont pas soumis au régime de sanctions de l'UE, mais il existe des restrictions liées à la logistique, à l'assurance, à l'affrètement de navires et aux transactions financières. En conséquence, environ 300.000 tonnes d'engrais ont été bloquées dans les ports européens.
L’aide à l’Ukraine mange le pain des Africains. L'Occident jure qu'il allouera plus d'argent aux pays pauvres qu'il ne le fait aujourd'hui, mais où obtiendra-t-il les fonds s'il souffre lui-même d'une inflation record ? De plus, déjà maintenant, comme le signale le media ougandais Daily Monitor le 22 juin, les pays occidentaux ont fortement augmenté le financement de l'Ukraine (jusqu'à 16 milliards de dollars), tout en réduisant dans le même temps le montant des fonds alloués aux pays africains pour le développement du continent et lutter contre les conséquences négatives du changement climatique mondial (jusqu'à 29 milliards de dollars). Les pays africains se sentent abandonnés et expriment des craintes concernant les doubles standards dans la pratique de l'aide internationale.
A CNN, Emmanuel Macron a affirmé que « les dirigeants de ce monde nous ont dit que vous aviez beaucoup de milliards pour l'Ukraine mais quand il s'agit de régler la pauvreté, le changement climatique, il faut des années ou des décennies pour trouver quelques millions ». « C'est tout à fait vrai », a confirmé le président français. Il a cependant martelé que « je pense que nous avons raison de faire ce que nous faisons pour l'Ukraine ».
Emmanuel Macron, à l’image de l’Occident, tient un double langage qui ne passe pas inaperçu en Afrique. Pour les populations africaines qui ne sont pas dupes des mots de la France avec le sommet pour un Nouveau pacte financier mondial, c’est de la poudre de perlimpinpin.
Pierre Duval
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