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Accueil du site > Tribune Libre > Les Rosbifs sont-ils en meilleure posture que les Grenouilles (...)

Les Rosbifs sont-ils en meilleure posture que les Grenouilles ?

Pas sûr… Ils risquent, dans quelques jours, de perdre 8% de leur population, un tiers de leur territoire, la manne du pétrole de la mer du Nord et…le whisky. Tout ça d’un coup ? Oui, mais – et c’est tout en leur honneur – sans effusion de sang, sans révolution, par la seule puissance d’un bulletin de vote. Rien n'est encore fait, mais ça permet de réfléchir...

Photo X - Droits réservés

 

Un premier réflexe est de ricaner devant cette situation qui risque de rabattre sérieusement le caquet de nos « amis » Anglais. « Ça leur fera les pieds à ces valets des Ricains… ». Ça, c’est le réflexe du cerveau reptilien, mais à y regarder de plus près, c’est loin d’être si réjouissant que ça. Parce que ça annonce la mise en action d’une vieille volonté soigneusement cachée des dirigeants sous influence US de l’UE : casser l’Europe des nations au profit d’une Europe des régions, beaucoup plus facile à dominer pour le plus grand profit des lobbies de la finance et des multinationales. Plus facile de faire entendre « raison » (ultralibérale) à l’écosse indépendante qu’au Royaume-Uni, à la Catalogne qu’à l’Espagne et…aux possibles futures entités Alsace-Bade-Wurtenberg, Roussillon-Catalogne, Bretagne-Irlande, Savoie-Piemont, etc. qu’à la France ! L’Europe des nations n'est pas la panacée, mais elle reste un rempart contre bien pire...

La mondialisation - c'est à dire l'ultralibéralisme à la sauce Étasunienne - imposée à coups de pieds au cul aux populations de la vieille Europe à pour effet-balancier de resserrer les populations autour de leurs racines. Á cette tendance populaire, les « élites » régionales, petits satrapes locaux en mal de puissance, ajoutent l’égoïsme des nantis ne voulant pas partager le gâteau. Ce sont en effet les régions riches qui veulent leur indépendance. C’est ainsi l’Écosse qui veut utiliser pour elle seule les thunes du pétrole. C’est la Catalogne qui ne veut plus partager ses revenus industriels avec la Mancha ou l’Extremadura, l’Italie du Nord qui ne veut pas casquer pour ces « fainéants » du Mezzogiorno, c’est les fourmis de la Flandre belge qui ne veulent pas payer les retraites des cigales wallonnes, etc, etc. C’est le retour aux fiefs féodaux, avec leurs alliances fluctuantes, leurs conflits, leurs taxes et impôts locaux, pourquoi pas la réouverture des « octrois », et toutes joyeusetés…pour le plus grand profit de « l’Empire » étazunien !

L’Europe des nations, fières, aux personnalités marquées, façonnées par des siècles d’histoire (hélas souvent sanglante) risque ainsi de disparaître au profit d’un assemblage d’égoïsmes régionaux, beaucoup plus facile à dominer pour les Eurocrates. On commence par diviser (pour mieux régner) les plus faciles (Écosse, Catalogne, Belgique avant de s’attaquer aux plus rugueux (France, Italie, Allemagne). Ce morcellement de l’Europe se traduira par des pays amputés devenant de simples régions européennes, des gouvernements sans pouvoirs, ceux-ci étant entièrement captés par une Commission européenne non élue.

Pour le profit de qui ? Ben, des multinationales bien sûr, qui pourront plus facilement manœuvrer des entités régionales que des Etats-nations puissants. Qui veut ça ? Qui organise ça ? Cette Europe qui a trahit ses fondateurs. Cette Europe de technocrates élus par personne. Cette Europe dirigées par des « commissaires » dont la majorité a fait ses études…aux USA ! Cette Europe qui a renié ses buts premiers - paix et solidarité - pour les remplacer par la mise en concurrence « libre et non faussée » de tous contre tous. Cette Europe, grosse larve qui sans colonne vertébrale, sans dessein autre que de devenir le larbin des USA à travers les accords de libre échange TAFTA qui s’annoncent. Cette Europe inféodée par la félonie de ses « dirigeants » aux seuls intérêts anglo-saxons…

Voilà quelques raisons de ne pas trop se réjouir des problèmes de nos frères-ennemis anglais.

Disons à nos potes Écossais : « Ouais ! T'es indécis »


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18 réactions à cet article    


  • philippe913 9 septembre 2014 14:15

    alors un coup la création de la communauté européenne pour pouvoir avoir, à terme, un seul vrai pouvoir centralisé sur une fédération, c’est l’ultralibéralisme américain qui nous y pousse, et de l’autre, quand on assiste à une désagrégation des Etats, c’est l’uktralibéralisme américain aussi.
    Et, les copains alterno-gauchistes, faudrait accorder vos violons un peu non ?


    • Nicolas_M bibou1324 9 septembre 2014 14:26

      Vous ne m’avez absolument pas convaincu. Ou alors expliquez moi pourquoi ceux qu’on entend le plus, actuellement, ce sont les multi-nationales, qui flippent à mort que l’Ecosse devienne indépendante ?


      Il semblerait qu’il soit au contraire bien plus difficile d’imposer ses idées dans un petit village gaulois, que sur une nation entière.

      Contrairement au proverbe, plus on divise, moins on règne.

      • Pere Plexe Pere Plexe 9 septembre 2014 18:10

        La soumission d’un pays aux multinationales n’est dépendante que de l’honnêteté de ses dirigeants.Pas de sa taille.
        Si besoin été il suffit de constater la situation aux USA ou dans l’UE !


      • Fergus Fergus 10 septembre 2014 09:41

        Bonjour, Victor.

        Bibou n’a pas tort dans ses remarques. Qui plus est, votre analyse est erronée sur un point important : l’Ecosse n’est pas une « région » mais une nation celte avec son histoire spécifique, et depuis son rattachement à la Grande-Bretagne, une large autonomie. Peu de situations du même types existent en Europe à l’(exception notable de la Catalogne et, à un degré moindre, de la Flandre), et le chiffon rouge de l’éclatement est assez largement infondé.


      • Analis 22 septembre 2014 15:47

        Fergusson, vous commettez une grave erreur : l’Ecosse n’est pas une nation celtique, pas plus que l’Angleterre en tous cas. Son unité politique s’est faite à partir des Lowlands, contrée anglophone de tous temps, qui avait toujours essayé d’imposer sa loi aux highlanders, les considérant comme des coupeurs de gorge, des sauvages et des bandits, n’hésitant pas à passer des législations interdisant l’emploi du gaélique. Après l’acte d’Union, les Lowlanders avaient poussé à la sanglante campagne d’écrasement des Highlands. Ce n’est qu’une fois les highlanders mis au pas qu’ils ont récupéré les symbôles folkloriques tels que kilts, tartans et cornemuses, pour construire une imagerie culturelle franchement bidon de leur nation.


      • Analis 22 septembre 2014 15:55

        En revanche, l’identité de la Catalogne comme nation ancienne est douteuse : elle avait toujours été une partie du royaume d’Aragon, et est devenue naturellement une partie de l’Espagne lorsque celle-ci est née de la fusion des couronnes d’Aragon et de Castille.

        Elle s’est affirmée comme nation plus récemment, le point de départ principal en étant la suppression des royaumes d’Aragon et de Valence par un roi d’inspiration française, ce qui a entraîné la disparition de ses institutions propres. Situation que l’occupation napoléonnienne et l’empreinte laissée sur ses institutions n’a fait qu’aggraver. Comme quoi, la France se retrouve toujours de tous les mauvais coups quand il s’agit d’opprimer provinces et nations en Europe. L’Espagne nouvelle post-franquiste a certes cherché à se couper de ces racines néfastes mais le mal était déjà largement fait. 


      • caillou40 caillou40 9 septembre 2014 14:59

        Honneur aux pays qui respectent la voix des peuples...chez nous les politiciens nous prennent pour de la merde (2005)... !


        • BABAYAYA BABAYAYA 9 septembre 2014 15:09

          Bin moi perso ça me dérangera pas du tout mais alors du tout que les écossais aient leur indépendance....... arrètons de croire que les multinationales vont se frotter les mains... c’est plutot l’inverse, plus les régions seront nombreuses, plus il sera difficile de s’adapter à toutes....

          de toute façon je préfère une écosse européenne qu’une grande bretagne atlantico-semi-européenne....

          • cathy30 cathy30 9 septembre 2014 16:56

            Qu’est-ce que les satrapes viennent faire dans cette affaire ?


            • coinfinger 9 septembre 2014 19:39

              Je me garderai bien de tirer des conclusions générales , régions / multinationales .
              Dans l’immédiat c’est sur que çà va changer la donne en Europe à cause du gaz . Au profit de qui , on verra aprés l’indépendance , s’il y a . L’Angleterre n’a pas de mérite particulier d’accepter cette éventuelle indépendance , elle n’a pas le choix .

              Les Ecossais quoique doués d’un fort caractére , n’ont pas toujours fait les choix les plus judicieux en témoigne les Stuarts . Les Catalans , les Piémontais et les Flamands non plus .
              La suite au prochain épisode .


              • cardom325 cardom325 10 septembre 2014 08:38

                L’argument de perte de pouvoir en étant plus petit n’est pas recevable . La démocratie pourrait être un peu plus horizontale, de plus , un petit état aura plus de facilité à se retourner s’il quitte l’union ....et puis çà ferait plus de gens encore à corrompre pour les rapaces de la finance
                l’ Ecosse a des atouts , un peu comparables à la Norvège, qui s’en sort plutôt bien
                et enfin çà me fait rire de voir Cameron, qui claironne vouloir quitter l’union européenne ( tout en gardant les avantages of course) , qui se retrouverait pris à son propre jeu


                • Scual 10 septembre 2014 09:27

                  sLes seules nations indépendantes sont celles qui bénéficient d’une dissuasion nucléaire globale et d’un approvisionnement sûr en hydrocarbures.

                  L’écosse n’en fait pas partie par conséquent cette histoire n’est rien de plus qu’une bataille entre deux puissances pour savoir qui aura l’écosse. Il y a l’Angleterre, et je ne sais pas comment ils se sont débrouillé mais une puissance étrangère a réussi à amener SES indépendantistes jusqu’à un réferendum.

                  Les USA sont probablement les plus intéressés. A l’heure où ils veulent (et sont prêts à tout pour) couper l’Europe des hydrocarbures du bloc eurasien, ils ont également besoin de soumettre les grandes puissances européennes de l’ouest à une dépendance vis à vis d’eux dans leur projet de grand marché transatlantique de l’énergie ayant pour but de nous soumettre ddéfinitivement. Le Royaume-Unis dispose encore de quoi voir un peu venir et pourrait donc s’opposer au projet américain et rester independant... sans l’Ecosse et les resserves de la mer du Nord, ils n’ont pas d’autres choix que d’accepter.

                  Je parierais que c’est un coup par derrière des américains.

                  Par contre à tout les idéalistes régionalistes, indépendantistes et autres rêveurs, désolé mais le monde ne tourne pas comme ça. L’écosse indépendante n’aura comme marge de manœuvre que le choix son maitre. Angleterre, UE, USA, ça aurait même pu être la France avant la grande trahison.

                  Si j’étais écossais je chercherais plutôt à obtenir plus de marge de manœuvre et améliorer les conditions sociales qui placent ce pays au niveau des pays émergeant plutôt que des pays développés et ce malgré la manne pétrolière.


                  • marauder 10 septembre 2014 09:34

                    L’Europe des nations, fières, aux personnalités marquées, façonnées par des siècles d’histoire (hélas souvent sanglante) risque ainsi de disparaître au profit d’un assemblage d’égoïsmes régionaux, beaucoup plus facile à dominer pour les Eurocrates.

                    Ce passage résume l’article a lui seul. Du contre-sens, de l’idéologie, de la croyance et une sorte de volontée pavlovienne de maintenir figé un moment du temps, sans prendre en considérations avec clareté les éléments de l’histoire qui l’ont constitué (ce moment).
                    L’europe des nations n’avait d’autre sens que de maintenir un héritage minimum des couronnes d’alors, le tout inféodées au pouvoir intemporel du vatican.
                    On a encore changé la forme pour brouiller les pistes, mais ce n’est qu’un peu de la meme chose, encore et encore.
                    Une nation ca n’a aucun sens. A la rigueur, une démocratie est plus réalisable a l’echelle d’une région que d’une nation. La nation, ca sert juste a faire la guerre alors que la région en a moins les capacités.

                    Comme quoi, démocratie et puissance militaire sont incompatibles...

                    En plus je connais des anglais qui n’aiment pas le rossbif et moi je ne rafole pas des cuisses de grenouilles, d’autant plus maintenant, ne mangeant pas de viande.
                    Encore du raccourcis de droiteux de base.
                    Qu’on ne me parle pas d’humour, surtout dans un billet censé parler de choses importantes et vraiment subtiles et complexes.


                    • Iren-Nao 10 septembre 2014 12:56

                      Mais la vraie question est :
                      Une Écosse prenant son indépendance accepterait elle les diktat de Bruxelles ?
                      Si oui a quoi bon ?
                      (la question vaudrait pareillement pour la Catalogne, ou autres.)

                      Iren Nao


                      • Fergus Fergus 10 septembre 2014 13:53

                        Bonjour, Iren-Nao.

                        Je vous « rassure », l’Ecosse, comme la Catalogne, et sans doute comme la Flandre, ainsi que tous les pays de l’est du continent sont demandeurs du maintien au sein de l’UE ou de leur adhésion !


                      • VICTOR Ayoli Victor 10 septembre 2014 13:06

                        Affectivement, je verrais avec plaisir l’Écosse mettre un coup de pied au cul à cette Angleterre qui mérite bien son qualificatif de « perfide ».

                        Ce billet n’a pas pour finalité de trancher pour ou contre l’indépendance de l’Écosse, mais bien d’ouvrir une réflexion sur les risques de contagion et donc d’atomisation des nations européennes sur un mode clanique, avec la création de petits États repliés chacun sur son pré carré, avec l’égoïsme comme gouvernail en matière économique. Et avec pour conséquence une plus grande vulnérabilité vis-à-vis d’institutions européennes non démocratiques à la remorque des USA.

                        Maintenant, si les Écossais votent pour leur indépendance, tant mieux, mais, comme dit K242, la « perfide Albion » fera en sorte de gagner sur le fil, en utilisant toutes les embrouilles possibles !

                        Comme au rugby, quoi !


                        • marauder 11 septembre 2014 06:37

                          L’ecosse se « libère » du joug anglais, pour se blottir sous la juppe de l’europe.

                          On ne change rien comme ca.

                          Ca ne s’appelle pas l’indépendance, ca s’appelle un changement de hiérarchie.
                          Dire cela ne signifie pas etre nationaliste, je ne suis ni regionaliste, ni nationaliste.

                          Rappellez vous, le boulet de votre boite (en général de droite xD) qui saute de joie a l’idée que son patron se casse. Crois-t-il qu’il n’y aura pas de remplaçant ? Crois-t-il qu’il faut s’émanciper des hiérachies ?


                          • Analis 22 septembre 2014 16:13

                            L’auteur de l’article tombe dans le travers de tous ceux qui n’ont qu’une vision simpliste de l’Union Européenne que comme appendice des USA. Non, la sécession de l’Ecosse n’était certainement pas recherchée par les états-uniens. Où cela laisse-t’il d’ailleurs leur théorie favorite du Royaume-Uni comme étant le cheval de Troie de ces derniers ? Ils n’allaient absolument pas chercher à blesser à mort leur serviteur dévoué, dont le prestige et l’efficacité auraient été très gravement atteint, que ce soit en Europe ou dans le reste du monde. Les protestations d’Obama n’étaient pas feintes, pas plus que celles des responsables européens.

                            À vrai dire, bien que n’étant pas particulièrement pour l’indépendance de l’Ecosse, je n’aurais pas été fâché de voir la Grande-Bretagne réduite au rang de Petite-Bretagne. Les atlantistes se désolaient justement de cette conséquence, ainsi un article du Spectator se lamentait du mauvais coup que cela porterait à l’influence britannique à une époque où l’ « isolationisme » monte, témoin en étant selon eux le vote anti-intervention en Syrie du parlement il y a un an. Vu ce que le Royaume-Uni fait de son influence, une telle amputation aurait été une bonne chose.

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