• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > La pensée humaine globale sécrétée par l’Intelligence suprême dans (...)

La pensée humaine globale sécrétée par l’Intelligence suprême dans l’orientation de la marche du monde

 Par l’« affection » et les faits humains, la pensée nous fait éprouver des sentiments contradictoires. Elle nous fait sentir notre vie, notre existence, nos plaisirs, nos peines, nos douleurs. Et, notre pensée nous est intime ; elle est le lien qui nous relie avec l’extérieur, c’est-à-dire le monde. Elle n’a pas que cet attribut ; elle est aussi notre « conscience ».
 

Peut-on dissocier la pensée de la conscience ? En énonçant que la conscience est la connaissance immédiate de notre état, elle est alors la connaissance de notre réalité d’exister, de notre expression d’être, et de notre être, en termes de convictions, de croyances, d’idéaux moraux. Ce qui détermine toute notre existence. Mais, si la conscience s’est formée progressivement par le vécu de l’être – de l’enfance à l’âge adulte, et de l’âge adulte à la vieillesse –, il reste que l’action de la pensée a été l’instance centrale dans sa formation.

La conscience n’est pas venue avant la pensée, mais après la pensée ; c’est la pensée, en cogitant les événements existentiels, non seulement a édifié une conscience de l’être mais a imprégné cette conscience en l’être. Dans l’Homme, il n’y a pas une conscience, mais des consciences ; si tous les hommes pensent la même pensée, leurs pensées sur leur vécu sont différentes ; chacun pense selon sa pensée ; il y a des pensées qui sont proches l’une de l’autre comme il y a des pensées antagonistes. En pensée humaine, il y a autant d’êtres humains que de pensées ; c’est cet état de l’humain qui ne s’est pas choisi dans son existence qui a donné l’humanité ; sans cette organisation humaine d’ordre supra-humain et donc métaphysique, il ne peut exister d’humanité. L’humanité par sa formation est donc pré-existentielle ; elle est ce pourquoi elle est, ce pourquoi elle a été et ce pourquoi elle doit être.

 En grande partie, l’humanité ne se commande pas, elle croit seulement se commander parce que cette croyance lui a été donnée, elle est « voulue ». Quand Jean-Paul Sartre écrit, « La seule façon d’exister, pour la conscience, est d’avoir conscience d’exister ». Il faudrait plutôt dire, « La seule façon d’exister, pour la conscience, est de prendre conscience qu’on pense ». Ce qui au fond est identique puisque dans la pensée de Jean-Paul Sartre « prendre conscience d’exister » est déjà « penser que l’on existe » sauf que la pensée est plus qu’un don, en fait une « pensée qui n’est pas donnée » mais qui est l’Essence même d’exister, elle est le Tout humain.

 Si on prend conscience d’exister ne signifie pas que l’on existe, on croit seulement que l’on existe, mais on ne sait ni pourquoi ni comment on existe. On peut même penser que l’on n’existe pas, que nous ne sommes qu’une illusion puisque on doit toute notre existence à la pensée, sans elle nous ne sommes pas.

Or, c’est en s’interrogeant par la pensée et non par la conscience, puisque la conscience est l’enfant de la pensée, que, par les réponses que nous donne notre pensée, l’on a le sentiment d’exister. La conscience ne donne à l’homme qu’un état de ce qu’il est, et la plupart des hommes sont conscients qu’ils sont des êtres humains, ou simplement ne s’interrogent pas sur leur humanité parce que, par leurs pensées, ils sont déjà des êtres humains. Une conviction en fait naturelle parce qu’elle vient de l’Esprit du monde.

Et cela ne signifie nullement que l’homme prend réellement conscience de sa conscience de son existence ; tout au plus il existe, il sait qu’il existe, il vit son existence comme par cette conscience qui lui a été donnée par sa pensée ; il ne se repense pas ; il ne cherche pas à découvrir son essence ; son existence de ce qu’il est lui suffit.

 Donc, « avant de prendre conscience de sa conscience, il faudrait prendre conscience que l’on pense ». Et c’est là le problème, l’homme évite de s’interroger sur sa pensée, de chercher le sens de son existence. Surtout qu’il est déjà confronté aux problèmes difficiles de l’existence. S’interroger sur le sens de l’existence apporte souvent des angoisses ; une crainte que sa pensée lui échappe et lui fasse entrouvrir des questions existentielles complexes auxquelles il n’y a pas de réponses écrites ; donc autant ne pas penser trop sa pensée surtout avec le risque d’aliénation qui est omniprésent pour l’être humain.

 Dans un livre de Camille Flammarion, « L’âme existe-t-elle ? », Edition 1920, l’auteur relate (page 70) : « Tant il est vrai que la Vérité s’impose par elle-même et brille, inexigible, comme Sirius au milieu de la nuit éternelle.

 D’ailleurs Henri Poincaré m’a souvent affirmé personnellement, dans nos nombreuses et souvent longues conversations, que doutant même de la réalité du monde extérieur à nous, il ne croyait qu’à l’esprit. C’était excessif. Il y a quelque chose en dehors de l’esprit. N’exagérons rien.

 Après tout, nous savons bien ce que nous sentons en nous-mêmes. Pendant que je compose ce livre, que j’en conçois le plan, que j’en distribue les chapitres, je sens exactement, rigoureusement, sans dogme quelconque, simplement, directement, que c’est moi qui fait ce travail, mon esprit, et non mon corps. J’ai un corps. Ce n’est pas mon corps qui m’a. Cette conscience de nous est notre impression immédiate, et c’est sur nos impressions que nous pouvons et devons raisonner : elles sont la base même de tous nos raisonnements. […]

 La volonté est, certes, une énergie d’ordre intellectuel. Prenons un exemple entre mille. Napoléon veut conquérir le monde et sacrifie tout à son ambition. Examinez tous ses actes, même les moindres, depuis la campagne d’Egypte jusqu’à Waterloo. Ni la physiologie, ni la chimie, ni la physique, ni la mécanique n’expliqueront cette personnalité, cette continuité d’idées, cette persévérance, cet entêtement. Vibrations cérébrales ? Ce n’est pas suffisant. Au fond du cerveau, il y a un être pensant dont le cerveau n’est que l’instrument.

 Ce n’est pas l’œil qui voit, ce n’est pas le cerveau qui pense.

 L’étude d’un astre au télescope ne peut être légitimement attribuée ni à l’instrument, ni à l’œil, ni au cerveau, mais à l’esprit de l’astronome qui cherche et qui trouve.

 La volonté humaine suffirait, à elle seule, pour prouver l’existence du monde psychique, du monde pensant, différent du monde matériel visible, tangible. […]

 Considérons maintenant spécialement dans l’homme sa pensée. […] La pensée est ce que l’homme possède de plus Précieux, de plus personnel, de plus indépendant. Sa liberté est inattaquable. Vous pouvez torturer le corps, l’emprisonner, le conduire par la force matérielle : vous ne pouvez rien contre la pensée. Tout ce que vous ferez, tout ce que vous direz, ne la forcera pas. Elle se rit de tout, dédaigne tout, domine tout. Lorsqu’elle joue la comédie, lorsque l’hypocrisie mondaine ou religieuse la font mentir, lorsque l’ambition politique ou commerciale lui fait revêtir un masque trompeur, elle reste elle-même, envers et contre tout, et sait ce qu’elle veut. N’y a-t-il pas là un témoignage flagrant de l’existence de l’être psychique indépendant du cerveau ? »

 L’extrait est fort par son sens, il révèle cependant les contradictions qui se jouent dans la nature de l’être humain. Henri Poincaré, un savant mathématicien français comme Camille Flammarion, un savant dans la vulgarisation de l’astronomie populaire ne peuvent avancer des idées sans qu’ils aient une emprise certaine sur leurs pensées. Ce qui est tout à fait naturel. Cependant, dans l’absolu, cela évolue autrement, on peut dire que l’homme est conscient dans l’inconscience. Ceci dit dans le sens qu’il vit sans savoir pourquoi il vit ; il vit « parce que c’est donné » ; il pense parce qu’il pense, et ce penser est donné, sans que l’homme sache pourquoi il pense. Et c’est d’ailleurs pourquoi il s’interroge, et explique pourquoi une « conscience dans l’inconscience » ; il sait sans savoir pourquoi il sait.
 

 Et ces interrogations ouvertement affichées sur l’essence de l’être sont tout à fait normales. L’homme veut savoir, toute son existence est précisément construite sur cette volonté de savoir, un « principe vital » dont on ne peut en douter et qui n’est donné qu’à l’homme. Et ce principe est donné par la pensée et par le corps qui constituent l’homme dans sa vraie nature d’être humain. Tous deux concourent au savoir, mais il est évident qu’une prééminence de l’une existe sur l’autre ; la pensée est essentielle ; le corps humain est au service de la pensée. Comme le témoigne Flammarion, bien entendu dans l’« absolu ».
 

Dans l’absolue vérité, c’est sa pensée qui est à l’origine de tout. L’homme croit faire, alors que c’est sa pensée qui fait tout, qui commande et dirige toute son existence. On comprend pourquoi le brillant mathématicien Henri Poincaré doute de la réalité extérieure et ne croit qu’à l’esprit.
 

 Henri Poincaré, en disant que c’est l’« esprit », n’en pense pas moins qu’il a son corps, qu’il a ce corps, qu’il a ses pensées, mais à travers la « Pensée ». S’il a apporté beaucoup de connaissances dans ses recherches en Mathématique (topologie algébrique, équations différentielles…), en Physique – on a même avancé que la paternité de la théorie de la relativité d’Einstein lui revenait –, le savant est conscient qu’il doit toutes ses découvertes scientifiques à sa pensée.
 

C’est en quelque sorte une humilité, une forme de reconnaissance qu’il affiche vis-à-vis de son « essence humaine » sur laquelle l’homme a peu de connaissance. Ses affirmations ne sont pas des pensées dues au hasard ; Henri Poincaré sait très bien qu’il n’a été qu’un instrument d’une « Intelligence suprême » dans le cours de sa destinée, dans le cours de son existence et du monde.
 

 Et ce savoir qui est vital à l’existence est aussi une forme d’« affection donnée à l’être ». On existe que pour ce que l’on aime ; on existe pour ce que nous sommes. Privé de savoir et mû par une pensée qui n’aime pas, on ne peut aimer, on ne peut savoir ; c’est comme si la pensée refuse de penser en nous ; la pensée reste pensée mais elle n’est plus ce qu’elle est pour nous ; elle est pour elle-même ; l’être devient plus corps que pensée ; c’est un peu être aliéné de soi.
 

Cependant, si la pensée pense en nous, et on n’a point besoin d’être savant pour créer, on peut créer autour de soi un bonheur, une félicité ou simplement une ambiance conviviale et c’est déjà une création affective apportée à l’être par sa pensée. Et il y a toute forme de savoir, toute forme d’exister, toute forme de vivre. 
 

Dès lors, ne connaissant pas l’essence de la pensée ni de l’intelligence et pourtant celles-ci s’appliquent à tous les êtres, et leur sont commune, tous les êtres pensent, et chacun selon sa pensée et son intelligence, on peut déduire que cette pensée et cette intelligence relèvent d’une Intelligence suprême et d’une Pensée supérieure, sous-jacente à leur pensée. Guidant chaque être humain, elle guide le monde, puisque tous les êtres constituent ce monde. Comment le comprendre ?
 

Tous les êtres humains relèvent de leur métaphysique d’êtres pensants, mais leurs métaphysiques sont différenciés dans le sens que chaque être humain est ce qu’il est. Et tous œuvrent pour une humanité qui est à la fois « une » et « différenciée » parce qu’elle relève d’un cours tumultueux des êtres dans leur histoire, entre ce qu’ils font en bien et ce qu’ils font en mal, dans un mouvement qui est « nécessaire » pour la marche du monde. Une « Nécessité » qui est au-dessus des êtres au monde.
 

Et si le bien et le mal existe et c’est là le paradoxe, c’est qu’ils travaillent tous deux pour le bien. Le bien ne peut exister sans le mal, et le mal inversement. Relevant d’une Intelligence suprême, d’une Pensée suprême, sous-jacente à leur pensée, l’essence de l’existence, commune à l’humanité entière, est dotée de la pensée traductrice de ces deux instances que sont le bien et le mal ; c’est par eux que l’humain œuvre pour avancer le monde. L’histoire de l’humanité est un permanent devenir ; les êtres humains sans qu’ils prennent conscience de leurs actions – en bien ou en mal – sont tous orientés vers ce devenir qui les transcende, qui est en fait leur histoire.
 

De mutation en mutation, cette progression de la pensée humaine dans le cours de l’histoire dépasse tout ce qui inimaginable. L’être humain découvre et se découvre dans le miracle qu’il est dans l’univers. Pour ne donner que deux exemples. Qui a pensé qu’à un moment de l’histoire, l’homme va chercher à découvrir les autres planètes, en lançant d’abord des satellites dans l’espace et ensuite de procéder à des vols interplanétaires, visant à se poser sur Mars. Le deuxième exemple, qui a pensé qu’un jour l’homme va constituer des arsenaux nucléaires qui mettent en danger l’humanité entière ; désormais une guerre entre les grandes puissances ne s’opèrent pas en années, en mois ou en quelques jours, mais en quelques minutes, où chaque seconde est comptée.
 

Selon les données scientifiques, la portée estimée de 12 000 à 15 000 km en ferait le missile intercontinental de plus longue portée, capable d'atteindre les États-Unis en 30 minutes ; il peut être lancé depuis un silo ou depuis un système mobile et emporter soit une tête nucléaire unique de 1 Mt ou jusqu'à 10 ogives mirvées d'une puissance unitaire. Pour les pays qui sont géographiquement proches en moins de 20 minutes.
 

Mais à qui doit-on ce progrès ahurissant, extraordinaire que ce soit à des fins de guerres ou à des fins pacifiques ? L’humanité le doit à la pensée humaine qui lui est globale ; tous les êtres humains pensent, mais leur pensée, commune par son essence, est propre et différenciée à chaque être humain ; c’est par cette pensée qui est sécrétée à l’humanité que l’Intelligence-Pensée suprême veille sur la marche du monde.
 

Et il y a une infinité d’exemples dans l’existence de l’humanité qui témoigne que, depuis la nuit des temps, l’Intelligence-Pensée suprême guide la marche du monde.
 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective


Moyenne des avis sur cet article :  1.24/5   (17 votes)




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Hamed


Voir ses articles



Publicité




Palmarès



Publicité