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Accueil du site > Tribune Libre > En défense du blasphème et de la liberté de conscience

En défense du blasphème et de la liberté de conscience

 

Beaucoup de ceux qui se croient les héritiers de Mai 68 et de la révolution sexuelle ne pensent qu’à interdire l’expression des pensées contraires. De là, une grande confusion...

Mercredi, ce professeur de droit Aram Mardirossian conspué sur les réseaux sociaux, parce que tout en admettant son hostilité au mariage pour tous, il a rapproché sur un ton polémique homosexualité et zoophilie, disant que lorsqu’un animal sera doté d’une personnalité juridique, rien n’empêcherait à un homme, une femme, ou un non-binaire de demander à l’épouser1. Sa « démonstration » d’une minute, discutable même sur le plan juridique, cache peut-être un homophobe primaire, elle ne dit cependant pas grand-chose de la qualité du juriste. Sanctionner ce genre de propos dans un amphithéâtre, en plus d’être une violation de la liberté académique, serait une atteinte à la liberté de tous les humains. Devant la bronca de Twitter, l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne a « condamné les propos » sur le réseau social2.

Jeudi matin, LCP rediffuse les débats d'hier en commission. En mangeant ma mixture, je vois défiler des porte-paroles de tous les groupes politiques défendre le projet de loi d’extension du délai pour avorter à 14 semaines. Des Républicaines à la France Insoumise (j'ai peut-être manqué l'intervention du RN), on dirait que la même personne a écrit les textes. Tous font parler une Simone Veil intemporelle, momifiée, oubliant qu’à la fin de sa vie elle pavoisait aux couleurs du Mariage pour tous. Presque tous les députés qui s’expriment défendent la levée de la clause de conscience des médecins. Une députée pense que ça fera évoluer les mentalités. Une autre, qui me paraît plus raisonnable, dit que ça mettrait en péril la vie des femmes qui avortent. Au mépris du principe de précaution et de la liberté des médecins (déjà abîmée cette année par l’atteinte à la liberté de prescription), le texte a été voté.

Pendant ce temps, Dieudonné est interdit de salle, Hervé Ryssen dort en prison. Peut-être méritent-ils leurs déboires, car ils ont été condamnés pour antisémitisme ? Pourquoi ne pas enfermer dans ce cas, ou du moins interdire de représentation, ceux qui ont été condamnés pour des appels à la haine contre une autre minorité ? Je note seulement le deux poids deux mesures, car je voudrais la liberté maximale pour tous, et un organisme représentatif du peuple (on pourrait penser au tirage-au-sort parmi les citoyens pour le constituer) en lieu et place du CSA. En attendant que le capitalisme et l’État ne s’effondrent et que l’on puisse créer des médias indépendants, financés par leurs sociétaires et acheteurs.

J’écoutais l’autre jour Alice Coffin, qui explique que les hommes mènent la guerre contre les femmes. Je ne suis pas d’accord avec les termes avec lesquels elle s’exprime, mais je l’aime bien quand même car elle dénonce la tolérance de nos représentants envers la pédocriminalité. A mon sens, seuls les représentants, parce qu’ils nous représentent précisément, doivent voir leur liberté sévèrement encadrée. Il faut exiger d’eux la plus grande transparence, et une probité impeccable. Que le garde des Sceaux ne se soumette pas à la loi en refusant de déclarer son patrimoine, que le Président de la République, ancien banquier d’affaires, déclare un patrimoine fantaisiste, sont des injures à la République. Que la maire de Paris applaudisse Christophe Girard, ancien employé de Pierre Bergé ayant aidé Gabriel Matzneff, est moralement insupportable, non seulement parce que la pédocriminalité est insupportable, mais parce qu’il a utilisé des moyens publics pour octroyer et s’octroyer des privilèges.

Les réseaux sociaux sont de formidables injecteurs de moralité dans notre vie publique, car ils font remonter des faits que les journalistes n’aborderaient pas autrement. En revanche, il faut se garder de hurler systématiquement avec les loups. L'interdiction et la pénalisation de certaines opinions provoquera des radicalités violentes, ce qu’un Forum authentique devrait justement éviter. Pour éviter que les frustrations ne trouvent un exutoire dans la violence, il faut défendre la liberté des universitaires, des écrivains, des humoristes, des médecins et bien sûr la liberté d’expression la plus large pour tous. Car le pari de la démocratie, c’est que la controverse fait naître un juste milieu collectif.

 

1 : https://twitter.com/ADFH_asso/status/1311284504284327936?s=20

2 : https://twitter.com/SorbonneParis1/status/1311314642589888517?s=20


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12 réactions à cet article    


  • Clark Kent Séraphin Lampion 1er octobre 2020 18:00

    Que faire quand on est convaincu que quelqu’un se trompe mais qu’il refuse de discuter et d’apporter des arguments en alléguant que chacun a le droit de penser comme il veut ? Liberté de penser signifie-t-il liberté de divaguer ? Et si cette personne est votre enfant, faut-il la laisser aller s’écraser dans le mur quand on sait par expérience qu’il ne peut en être autrement ?


    • Kapimo Kapimo 2 octobre 2020 03:57

      @Séraphin Lampion
      Les parents sont responsables de leurs enfants, donc ils est normal d’agir en fonction de ses convictions si on voit son enfant faire des choses ou tenir un discours semblant dangereux. C’est le privilège (ou le fardeau) de l’expérience et de l’age. Ce droit s’arrête à la majorité.
      Pour le reste, nous sommes tous plus ou moins convaincus d’avoir raison, et donc que les autres se trompent. Nous pouvons tenter de convaincre, de faire bouger les lignes par le dialogue, mais nous n’avons absolument pas le droit d’imposer personnellement quelque pensée que ce soit aux autres. Ouvrir la porte à la régulation des idées/pensées, c’est laisser le totalitarisme s’imposer. Il y a déjà suffisament de manipulations qui font croire aux gens qu’ils pensent librement alors qu’en fait une pensée dominante/politiquement correcte règne.


    • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 1er octobre 2020 18:05

      Pour ce qui est du blasphème,

      Le blasphème est un outrage à Dieu ou à ses croyants.

      Blasphémer ses croyants, c’est identique à blasphémer Jésus-Christ et sera rétribué pareil.

      La rétribution sera :

      « J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, Et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; Je n’ai pas dérobé mon visage Aux ignominies et aux crachats.

      Mais le Seigneur, l’Éternel, m’a secouru ; C’est pourquoi je n’ai point été déshonoré, C’est pourquoi j’ai rendu mon visage semblable à un caillou, Sachant que je ne serais point confondu.

      Celui qui me justifie est proche : Qui disputera contre moi ? Comparaissons ensemble ! Qui est mon adversaire ? Qu’il s’avance vers moi !

      Voici, le Seigneur, l’Éternel, me secourra : Qui me condamnera ? Voici, ils tomberont tous en lambeaux comme un vêtement, La teigne les dévorera. » (Es 51 :6-9)

      « Écoutez-moi, vous qui connaissez la justice, Peuple, qui as ma loi dans ton coeur ! Ne craignez pas l’opprobre des hommes, Et ne tremblez pas devant leurs outrages.

      Car la teigne les dévorera comme un vêtement, Et la gerce les rongera comme de la laine ; Mais ma justice durera éternellement, Et mon salut s’étendra d’âge en âge. » (Es 52 :7-8)


      • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 1er octobre 2020 18:07

        Jamais dans une monarchie, l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus du prince ; mais dans une république, elle peut le mettre aisément au-dessus des lois.

        Rousseau - Du contrat social


        • binary 1er octobre 2020 20:03

          @Opposition contrôlée
          Dans une monarchie le pouvoir s hérite, dans une république il s achète. Dans les deux cas, il est injustifié.


        • Kapimo Kapimo 2 octobre 2020 04:00

          @binary
          Je préfère un pouvoir hérité qu’un pouvoir acheté.
          Avec un pouvoir acheté, on est certain d’etre gouverné par des corrompus qui se moquent de l’intéret général. Avec un pouvoir hérité, tout est possible.


        • Kapimo Kapimo 2 octobre 2020 04:03

          le pari de la démocratie, c’est que la controverse fait naître un juste milieu collectif.

          Très bien formulé. Encore faut-il que la controverse puisse s’exercer dans des forums ou ce ne sont pas toujours les memes qui monopolisent la parole.


          • zygzornifle zygzornifle 2 octobre 2020 09:35

            Oui je suis pour le blasphème , les gros mots , le nombril a l’air des étudiantes , je veux pouvoir me balader a poil dans la rue face a un voile intégral, vive la vrai liberté, je veux me faire allumer mon joint par un flic et trinquer avec , non a la dictature des sois disant biens pensants qui crient comme des violés et qui le soir attouchent leurs gosses devant le JT et les singes de LaREM qui nous mènent tout droit a ce que nos ancêtres ont connus pendant l’occupation , marcher tête baissée en soupesant chaque mot de peur de finir inculpé ....


            • OJBA 15 février 2021 20:51

              @zygzornifle + 1000


            • gouzier gouzier 2 octobre 2020 14:28

              Le poudré célèbre le « droit au blasphème » et se réjouit de la « liberté d’expression » en France, incarnés par Charlie Hebdo.

              Essayez donc de blasphémer publiquement autour de la Torah, pour voir...

              Quant à la liberté d’expression, demandez à Ryssen, Dieudonné, Zemmour et tant d’autres, ce qu’ils en pensent...


              •  C BARRATIER C BARRATIER 2 octobre 2020 17:58

                Ne faussons pas le débat. Les gens qui critiquent des dogmes religieux ne sont pas eux mêmes des adeptes, donc ils ne « blasphèment » pas, ce mot fait partie du vocabulaire interne des adeptes de telle ou telle religion. Notre code pénal n’a pas à s’occuper de cela, les « croyants » sont assez grands pour régler cette question entre eux...sans contrevenir à nos lois. Seule la loi des hommes s’impose à tous.


                • Lucadeparis Lucadeparis 10 novembre 2020 19:15

                  Le blasphème consiste à profaner les tabous, ce qu’il est sacré de respecter, de ne pas dire.
                  Il y a une illusion à considérer que parce que les anciennes religions péréclitent, il n’y aurait plus de blasphème.
                  Des lois actuelles nous enjoignent à ne pas prononcer certains propos, sous peine de gros tracas judiciaires et autres.

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