Année du Mexique
La justice française est laxiste, n’en fait qu’à sa tête, choisi le fauteur plutôt que la victime. Par contre, la justice mexicaine donne des preuves de sévérité, protège les victimes et foudroie les coupables. C’est une justice qui ferait le bonheur de notre président. Sauf qu’il y a des coupables qui sont moins coupables, sauf qu’il y a des moments ou suivre l’opinion dans ses envies de vengeance n’arrange pas l’exécutif, sauf que la docilité du juge envers le pouvoir n’est pas forcement une bonne chose (surtout si il n’est pas le sien), sauf qu’ un coupable français est forcément moins coupable à l’étranger, qu’il a des parents bienveillants, sauf qu’il y a une campagne électorale à mener , sauf, sauf…
Bref, il y a la justice et il y a les arrangements entre les Etats, entre des présidents gentlemen qui s’accordent quelques libertés avec le droit, signent des conventions qui permettent le transfèrement, passent outre les détails et les particularismes juridiques (comme la durée de la peine par exemple), en tenant compte des impératifs électoraux des uns et des autres…
Sauf que parfois ces impératifs sont parfois contradictoires. A quoi cela sert de transférer ou de libérer un prisonnier après les échéances électorales ? Alors on se fâche : vous nous avez trahis, espèce de corrompus égoïstes. Votre justice est une caricature, un déni, une farce, dit le président. Vous n’êtes pas Napoléon aux portes de Moscou, dit l’autre président. A la limite on peut vous comparer à Maximilien, faute de pouvoir vous réserver son sort. Ici c’est un pays gouverné par des révolutionnaires institutionnels on veux bien - à la limite - nous aplatir aux dictats du voisin nord-américain et lui offrir nos maquiladoras, mais vous, qui êtes vous ? Qui vous a fait roi ? Vous-vous croyez en Tunisie ? Au Gabon ? Non, mais… Débrouillez vous avec votre opinion publique et laissez nous nous occuper de la nôtre.
Excusez nous, interfèrent les parents du condamné (côté mexicain) – victime (du côté français), mais on ne comprend plus rien, nous sommes paumés. Que fait-on ? On bombe le torse, répond le président. Pour commencer on supprime l’année du Mexique et on la baptise année des coupables innocents français ; Ensuite, on trouvera bien un innocent –coupable mexicain pour faire un échange respectable et dans la forme. Mais quand ? s’interroge la famille. Très vite, ne vous en faites pas, en tous les cas avant les élections présidentielles…
D’ailleurs, si nous insistons, continue le président, c’est au nom de l’Etat de droit et de la justice. Croyez moi, chère famille, nous en faisons une affaire de principe. Principe de non ingérence, comme en Egypte ? Non, non, principe de l’universalité du droit. Du droit des affaires, comme en Tunisie ? Non, non. Des droits fondamentaux. Des droits fondamentaux comme en Tchétchénie ? s’inquiète la famille. Non, non, vous ne comprenez rien. Laissez moi faire… De mon bon droit, du droit absolu, du droit divin, du droit péroniste, du droit… Vous agissez comme un dictateur de république bananière interfère le poète. Celui-là, il est toujours à son nuage littéraire. Toutefois, il insiste : vous vous identifiez aux mafieux, vous êtes pire qu’eux. D’ailleurs dans mon dernier bouquin, Adan en Eden, je ne parle que de gens comme vous. Des gentilshommes aspirés par la logique mafieuse. Je n’ai pas lu, répond le président. J’ai d’autres coupables –innocents à libérer et une justice à mater, donnez le bouquin à ma ministre des affaires étrangères, elle en a plus besoin que moi…
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON