• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Agitation médiatique autour d’un fait divers ou l’affaire des (...)

Agitation médiatique autour d’un fait divers ou l’affaire des mails

Tous les médias se sont donnés la main ou la plume pour en parler ou écrire sur le sujet.

J’ai recensé pas moins de 100 articles.

Quel est ce sujet si important qui mobilise la presse ces derniers jours ? une catastrophe naturelle, une découverte extraordinaire, la reprise de l’emploi, la fin de la crise ?

Non : il s’agit du licenciement d’une jeune femme pour avoir envoyé des mails pendant son temps de travail.

Cette avalanche d’articles m’a amenée à me questionner sur les raisons de cette engouement médiatique pour un sujet banal car chaque jour des centaines de salariés sont licenciés pour des motifs personnels et ne font pas pour autant la "une "des journaux.

Les médias ont rivalisé de titres accrocheurs qui laissaient parfois à penser que la salariée avait été victime d’une décision arbitraire d’un employeur et de la justice

La pléthore d’articles sur le sujet démontre si besoin était qu’un évènement courant banal peut devenir sous le prisme des médias un évènement de société, qu’il peut être déformé par l’importance ou non que lui accordent ces médias.

Y a-t-il eu manipulation politique pour mettre en exergue un sujet sensible (le licenciement) dans un contexte de grogne sociale ?

Les médias se sont-ils précipités sur un sujet qu’ils ont pressenti comme porteur du fait de ce contexte social pour faire de "l’audimat " ?

Il n’empêche que le phénomène doit rendre le lecteur particulièrement vigilant et critique.

Le présent billet a pour but de remettre cet évènement dans le contexte stricte du Droit du travail pour donner aux lecteurs tous les éléments qui lui permettront de rendre à cette affaire l’importance qu’elle mérite.

L’affaire en quelques mots ...

extrait de yahoo information

"Une jeune femme s’est fait licencier en mai 2007 pour avoir envoyé durant deux mois 156 courriels. Pour son patron, cela représentait l’équivalent de près de 15h30 « de travail négligé », sur une base d’une heure pour 10 courriers électroniques envoyés.

L’employée a porté l’affaire devant le conseil de Prud’hommes et demander 26 000 euros pour violation de sa vie privée

le conseil ne lui a pas donné gain de cause et a débouté la salarié.

selon Maitre Brigitte Sublard, l’avocate de l’employée « ce dossier met en avant le problème grave de l’immixtion des employeurs dans la vie privée de leurs salariés », l’employeur en question a expliqué qu’il avait découvert les activités de sa salariée en recherchant l’origine d’un virus dans le système informatique. Les messages n’auraient pas été lus. Seule leur existence aurait été constatée .

Selon le juge qui a débouté l’employée, si l’on peut bien envoyer des courriels personnels de façon occasionnelle, « la fréquence et l’importance en volume » des messages envoyés dans le cas présent dépassaient largement le cadre de l’occasionnel. « Le licenciement pour motif personnel à caractère disciplinaire est pleinement justifié »

L’avocate Brigitte Sublard a par contre un avis différent : « Le supérieur hiérarchique avait pris la jeune femme en grippe et la harcelait alors qu’elle avait de bonnes évaluations. On aurait pu lui donner un avertissement, mais elle a été licenciée sur le champ. »

 

extrait de Ouest france voir article

C’est un virus informatique qui avait mis la puce à l’oreille du responsable de l’Association de gestion et de comptabilité du Maine-et-Loire. Au mois de mars 2007, un informaticien, appelé pour résoudre le problème, avait conclu que tout était parti de la messagerie électronique d’une assistante de gestion. Une femme d’une trentaine d’années, embauchée depuis 2002.

L’employeur constatait que cette dernière envoyait une dizaine de messages par jour sur son lieu de travail. Principalement à sa mère. « 156 mails purement personnels en deux mois », a relevé le conseil des prud’hommes angevin. Ni une, ni deux, son employeur la licenciait en invoquant « une utilisation abusive d’internet sur son lieu de travail ».

plusieurs avocats ont fait des commentaires et analyses sur le sujet

Maître Gilles Devers précise dans un billet posté sur son blog " Dans notre affaire, l’employeur n’a pas ouvert les mails, mais a estimé que, au vu du nombres de ces mails, la salariée ne se consacrait pas suffisamment au travail, ce qui constitue une faute disciplinaire. Ainsi, le débat était posé sur la terrain personnel, pour ne pas avoir à se prononcer sur le « trouble objectif » causé dans le fonctionnement de l’entreprise. Le raisonnement me parait bon. En revanche, je pense qu’on peut discuter la sévérité de la mesure - le licenciement - alors que, dans le contexte, une moindre sanction aurait tout aussi bien permis de rappeler la règle." l

 

Voir également les articles suivants

l’express

article de Morandini sur télévision

europe N°1

Nouvel observateur

 

L’analyse faite dans mon billet ( élaborée en fonction des éléments de fait diffusés par les médias) a pour but de répondre à une question

Le licenciement de la salariée pour avoir envoyé des mails personnels pendant son temps de travail s’inscrit il dans une jurisprudence habituelle ou bien est ce une exception qui marque une inflexion de la position des tribunaux ?

Voyons de quoi il en retourne.

 

premier élément : tout licenciement doit être motivé

Le licenciement peut avoir un motif économique ou un motif personnel

Dans le cas qui nous intéresse il est évident que le motif est personnel

 

Deuxième élement : les tribunaux distinguent la nature des motifs car les règles de licenciement sont différentes

Laissons de coté le motif économique qui n’est pas le sujet abordons le motif personnel.

les tribunaux distinguent : le motif disciplinaire du motif non disciplinaire

Dans le premier cas le salarié a commis une faute dans l’exercice de son travail. Dans le second cas il n’a commis aucune faute.

 

Troisième élément : les tribunaux ont défini au fil des jugements et arrêts la notion de faute

il n’y pas de définition légale de la faute .

Ce sont donc les tribunaux et la cour de cassation qui au fil des années ont dégagé la notion de faute

La faute est « un manquement aux règles en vigueur dans l’entreprise »

Les exemples les plus courants sont le non respect des horaires de travail, l’ébriété sur les lieux de travail, les absences sans autorisation, l’insubordination, les vols etc.....

Qu’est ce qu’un motif personnel : la non plus pas de définition légale mais seulement jurisprudentielle

Il s’agit d’un motif inhérent à la personne du salarié qui rend impossible le maintien du contrat de travail

Les cas les plus fréquents admis par les tribunaux sont la maladie , l’inaptitude physique

Les tribunaux admettent que dans certaines circonstances les éléments attachés à la vie privée du salarié puissent fonder un licenciement.

Mais dans ce cas il ne s’agit pas d’un licenciement pour faute

la procédure disciplinaire ne s’applique pas et le préavis et les indemnités de licenciement sont dues

D’une manière générale la vie privée est protégée car selon l’article 9 du code civil « Chacun a droit au respect de sa vie privée « . Par ailleurs, il est interdit de licencier un salarié en raison notamment de ses mœurs, de ses opinions politiques ou religieuses et de sa situation de famille. Toute sanction ou licenciement prononcé en dépit de cette interdiction est nul. L’employeur encourt, en outre, des sanctions pénales (c. trav. art. L. 1132-1).

les tribunaux ont pourtant admis le licenciement dès lors que « la vie personnelle du salarié apporte une trouble caractérisé au bon fonctionnement de l’entreprise c’est à dire a des répercussions sur la bonne marche de l’entreprise, compte tenu de la nature des fonctions du salarié et de la finalité propre de l’entreprise (cass. soc. 22 janvier 1992, BC V n° 30)

Il a été admis par exemple qu’une condamnation pour vol ou escroquerie ( en dehors de l’entreprise) pour un responsable d’agence bancaire relevait bien de la vie privée mais compte tenu de la fonction du salarié ce fait pouvait t gravement entacher la réputation de la banque et nuire à son bon fonctionnement.

 

quatrième élément : les tribunaux admettent que le droit au respect de la vie privée du salarié demeure au sein de l’entreprise

le salarié garde donc un espace de liberté dans lequel l’employeur ne peut pas s’immiscer

De nombreux jugements sont intervenus en matière vestimentaire

l’employeur peut- il restreindre le droit du salarié de s’habiller comme il le souhaite ?

peut il par exemple lui empêcher le port d’une tenue vestimentaire à connotation religieuse etc.. ?

- il a été admis par les tribunaux qu’un employeur avait le droit de refuser qu’une vendeuse au contact de la clientèle d’un centre commercial ait la tête, le cou et une partie du visage dissimulés par un foulard, d’autant qu’il acceptait le port d’un bonnet conforme aux exigences rituelles (CA Paris 16 mars 2001, 18e ch., RG 1999/31302) ;

- en revanche, les juges n’ont pas admis un tel refus lorsque la tenue ne posait pas de problème particulier avec la clientèle, dans une affaire où la salariée télé enquêtrice participait occasionnellement à des « brifings » avec les clients (CA Paris 19 juin 2003, 18e ch., RG 03/30212).

 

En matière informatique qu’en est-il ?

Le salarié peut-il pendant son temps de travail surfer sur internet ?

Peut-il envoyer des mails privés ?

Nous sommes au cœur du problème posé par le licenciement de la jeune femme pour avoir envoyé 156 mails en l’espace de 2 mois.


cinquième élément : au fil des années les tribunaux ont fixé les droits et devoirs du salaré les droits et pouvoirs de l’employeur en matière d’envoi de mails pendant le temps de travail.

Trois grands principes se sont dégagés : 

  • Tolérance d’un usage raisonnable d’internet par le salarié à titre privé - s’appuyant sur les recommandations de la CNIL les tribunaux admettent qu’un salarié puisse utiliser internet à des fins privées et notamment envoyer pendant son temps de travail des mails privés. il doit le faire de manière modérée.c’est sur le terrain de l’abus de droit qu’un licenciement pourra être justifié

la CNIL considère que toute interdiction absolue d’utilisation à des fins non professionnelles de l’ordinateur, de la messagerie électronique et d’Internet est excessive et qu’un usage raisonnable doit être admis (rapports de la CNIL du 28 mars 2001 et du 5 février 2002).

Ce principe a été rappelé par un arrêt de la cour d’appel de DOUAI

Extrait de l’arrêt

« Attendu que, si l’utilisation par le salarié à des fins non professionnelles de l’ordinateur mis à sa disposition par l’employeur peut être admise, sauf disposition contraire du règlement intérieur, dans des limites raisonnables, la Cour constate qu’en l’espèce, cette utilisation par M. N. dépasse manifestement ces limites dans la mesure où l’ensemble des connexions à des fins privées est de plus de 8 heures sur un mois alors même que M. N. passait environ la moitié de son temps de travail dans des interventions extérieures et dès lors que les sites visités sont pour certains d’entre eux des sites de nature pédophile [...] dont la consultation est de nature à constituer le cas échéant l’infraction de l’article 227-23 du code pénal, infraction dont l’employeur pourrait être pénalement responsable ;

Que l’ampleur des connexions et leur fréquence étaient de nature à affecter l’accomplissement par le salarié des obligations découlant de son contrat de travail, comme en témoignent les attestations des collègues de M. N. qui font état de sa démotivation et des répercussions qu’elle produisait sur les autres salariés de l’Institut ;

  • l’employeur ne peut pas ouvrir les courriels à caractère personnel d’un salarié. « L’employeur ne peut dès lors, sans violation de cette liberté fondamentale, prendre connaissance des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail et ceci même au cas où l’employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle de l’ordinateur (cass. soc. 12 octobre 2004, n° 02-40392 FD) ».

l’employeur ne peut pas, sous peine de violer le secret des correspondances, prendre connaissance des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail.

Il peut le faire en demandant l’autorisation au juge et l’intervention d’un huissier. Pour la Cour de cassation, le respect de la vie personnelle du salarié ne constitue pas en lui-même un obstacle à l’application de l’article 145 du nouveau code de procédure civile, dès lors que le juge constate que la mesure qu’il ordonne :

- procède d’un motif légitime,

- est nécessaire à la protection des droits de l’employeur (cass. soc. 23 mai 2007, n° 05-17 818, BC V n° 84).

De plus, l’huissier doit conduire sa mission en présence du salarié.

Le principe du secret des correspondances appliqué aux mails privés des salariés doit donc se concilier avec les moyens procéduraux dont dispose l’employeur via l’article 145 du NCPC.

Ce principe a été plusieurs confirmé par la cour de cassation suite à l’arrêt Nikon

Voici un extrait du site droit et internet

« Une salariée utilise la messagerie électronique fournie par son employeur pour échanger des courriers électroniques privés avec une ex-salariée de l’entreprise dans laquelle elle travaille, pendant son temps de travail. Après avoir consulté les messages personnels de ladite salariée, l’employeur décide sa mise à pied disciplinaire.

La Cour d’appel de Besançon, dans un arrêt du 20 novembre 2001, considère que la mise à pied disciplinaire prise à l’encontre de la salariée est justifiée.

La Cour de cassation, dans un arrêt du 12 octobre 2004 reprenant les principes de l’arrêt Nikon, casse l’arrêt de la cour d’appel au visa des articles 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, 9 du Code civil, 9 du nouveau Code de procédure civile et L. 120-2 du Code du travail. Elle considère que « le salarié a droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l’intimité de sa vie privée ; que celle-ci implique en particulier le secret des correspondances ; que l’employeur ne peut dès lors sans violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail et ceci même au cas où l’employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle de l’ordinateur »

 

A la lueur des éléments et principes que je viens de rappeler , examinons les faits de l’affaire qui fait la "une des médias"

examinons si la décison de justice prise par le conseil des prud’hommes ( le conseil a validé le licenciement) est en adéquation avec la jurisprudence habituelle dans ce type d’affaire.

  • Comment l’employeur a-t-il eu connaissance des mails envoyés par la salariée ?

l’employeur a expliqué qu’il avait découvert cette correspondance privée c’est à dire les mails envoyés en recherchant l’origine d’un virus dans le système informatique. Il a affirmé qu’il avait eu connaissance du nombre de mails mais ne les avait pas ouverts .

Le conseil des prud’hommes et il serait intéressant d’examiner les attendus du jugement a dû je l’espère vérifier tous les élements de preuve corroborant les dires de l’employeur.

Si ces dires s’avèrent exacts l’employeur n’a donc pas violé la correspondances de la salarié et de ce fait n’a pas fait une atteinte à sa vie privée .

le jugement s’inscrit dans le sens général de la jurisprudence

 

pour constater l’envoi de 156 mails l’employeur a forcement accédé à la messagerie du salarié.

En a-t-il le droit dans la mesure où il n’ouvre pas les courriels ?

A l’examen de la jurisprudence il ressort que L’employeur peut accéder à la messagerie de ses salariés, y compris en leur absence, car il met à leur disposition un outil professionnel.

Il a également une possibilité de contrôle de cet outil, comme en faisant un état des communications par messagerie (nombre de courriels adressés aux différents partenaires de l’entreprise et aux collègues de travail, nombre de messages portant la mention "personnel")

Ce qui est interdit c’est l’ouvertudre des courriels mais non l’accès à la messagerie

En ayant accès à la messagerie il pourra donc constater :

 

Le nombre de mails envoyés et reçus par le salarié

Les destinataires les dates et l’heure d’envoi mais il n’a pas le droit d’ouvrir les courriers pour en prendre connaissance .

Là encore l’employeur ne semble pas avoir dérogé aux limites de ses pouvoirs de direction

 

Nous arrivons au cœur du problème les motivations du licenciement et les moyens de défense de la salarié

l’employeur toujours selon les informations fournies par les médias considère que l’envoi de 156 messages en 2 mois représentait " une heure de travail négligée " par jour rapporte tf1.lci.fr.

l’employeur se place sur l’utilisation abusive d’internet pour justifier le licenciement .

Pour sa défense, la salariée affirmait quant à elle " avoir écrit ces emails personnels pendant les pauses alors qu’elle mangeait sur son poste de travail " (tf1.lci.fr). Surtout, plaidait son avocate, Me Brigitte Sublard, la salariée " avait besoin de dialoguer avec sa mère après le décès de son compagnon " (AFP). L’avocate a en outre déploré que l’employeur n’ait jamais averti la salariée " du fait qu’elle faisait trop de courriels " (LeMonde.fr) avant de la licencier.

 

Pour prouver cette utilisation abusive l’employeur affirme que La perte de temps au travail représente au moins une heure par jour de travail négligé.

il ne s’agit là que d’une présomption puisque l’employeur n’a pas ouvert les mails et n’a pas pu en voir l’importance.

une présomption peut se combattre par la preuve contraire et la salarié aurait pu ( j’ignore si cela a été fait) démentir cette affirmation en produisant les mails pour démontrer qu’ils étaient certes nombreux mais courts et ne représentaient qu’une perte de temps négligeable et ce d’autant plus que la salariée affirmait qu’elle les avait envoyés pendant son temps de pause.

Ces preuves auraient pu donner au licenciement un caractère réel mais non sérieux donc lui conférer un caractère abusif.

 

Faisons un petit calcul 156 mails sur 2 mois

si chaque mail comporte tout au plus deux ou trois phrases c’est une perte de temps de 4 minutes par mail ( en étant large) soit une perte de temps de 10 heures en deux mois. soit 5 heures par mois soit sur 20 jours de travail et en moyenne 15 minutes par jour

quel est le salarié qui soit en allant fumer, soit en prenant une pause café n’a pas perdu 15 minutes de temps de travail ????

pour surprenant qu’il soit le moyen de défense de l’avocat se place sur le terrain de la violation de la vie privée et une justification de l’envoi des mails par le fait que la salariée « avait besoin de dialoguer avec sa mère après le décès de son compagnon " (AFP). L’avocate a en outre déploré que l’employeur n’ait jamais averti la salariée " du fait qu’elle faisait trop de courriels

si l’avocat ne se situe pas sur le terrain des courriels courts c’est que peut être le dossier n’est pas bon et que la production des courriels prouverait une perte de temps de travail à hauteur voire supérieure à celle avancée par l’employeur.

alors l’avocat se retranche derrière une violation de la vie privée qui n’a pas été prouvée dans la mesure où les courriels n’ont pas été ouverts ( l’avocat ne semble pas contester ce fait) et une nécessié pour la salariée d’envoyer ces courriels pour soutenir sa maman qui passait un moment difficile...

Le conseil de prud’hommes n’a pas tenu compte de ces arguments ce qui est à mon sens juridiquement valable compte tenu de la jurisprudence actuelle.

Enfin on peut se poser la question du respect du principe de proportionnalité entre la faute du salarié et la sanction appliquée.

ce n’est qu’à la lueur des éléments de fait cités ci dessus et qui ne semblent pas avoir été produits par l’avocat de la salariée que nous pourrions examiner le respect de ce principe

car si perdre un petit quart d’heure par jour eu égard à l’ancienneté du salarié, la qualité de son travail etc...est dérisoire et donnerait à mon sens un caractère abusif au licenciement

en revanche passer plus d’une heure par jour voir d’avantage pour envoyer des mails privés peut justifier une sanction.

la salariée a fait appel du jugement

il sera trés intéressant d’examiner les attendus du jugement du conseil des prud’hommes et ensuite l’arret de la cour d’appel qui sera rendu affaire donc à suivre.


Moyenne des avis sur cet article :  4.84/5   (25 votes)




Réagissez à l'article

23 réactions à cet article    


  • darthbob darthbob 10 février 2009 14:00

    Ce qui m’étonne, c’est que le fait d’avoir envoyé des mails à sa maman pendant deux mois n’a pas désorganisé la société, ne l’a pas mise au bord de la faillite ou n’a pas provoqué de troubles au sein de l’effectif.

    Quand même, envoyer 156 mails en 2 mois (soit 4 mails par jour ouvré !) c’est criminel ?

    Si la direction ou le supérieur de cette dame n’a rien vu pendant toutes ces semaines c’est que cette dame devait surement s’acquitter de son travail et ne prenait aucun retard, ne faisait pas de travail baclé et donc faisait son boulot...

    C’est l’éternelle question du travail : doit-on prendre en compte le travail réalisé ou le travail potentiellement réalisable par le salarié ?

    Pour moi, si elle faisait le boulot pour lequel elle était payée, le licenciement n’est pas justifié du tout.












     


    • GRL GRL 10 février 2009 14:35

      D’autant plus qu’une journée de travail n’est pas une durée pendant laquelle le salarié est au maximum de sa productivité quel qu’en soit le moment . Pas du tout au contraire , nous avons tous tendance à traverser des phases durant lesquelle nous sommes moins productifs , dans lesquelles nous pouvons parfois etre rêveurs, préoccupés , bavards ou encore somnolents , et il est clair qu’un etre humain ne ressemble en rien à une machine en ce sens. Il y a de même , des pauses légales au travail , dans lesquelles l’on sort prendre l’air 5 minutes , l’on parle avec un collegue , il y a un perpétuel besoin de "balancer" une journée en l’agrémentant ( ou en subissant , comme dans le cas des somnolences ) de moments dans lesquels nous sommes moins concentrés , moins assidus , mais enlever ces moments aux salariés est la promesse d’une productivité moindre , de fatigue , d’absentéisme , et a des répercussions sur la vie apres le travail . Et bien oui , nous sommes humains et travailleurs , et lorsque les societés font la chasse , aux mails , aux pauses cigarette et aux moments de relâche ( comme dans les centres d’appels où les employés sont écoutés ) , et bien m’est avis que l’on obtient rien de bon en résultat.

      L’affaire des courriels est l’histoires de prétextes à la débauche , car l’honneteté voudrait que l’on mette alors à plat toutes les boites mail de la boite pour réaliser collectivement de quoi il s’agit , et on trouverait certainement un grand nombre de gens " en faute " à ce moment là . Et vous pensez qu’un patron virerait , style 30 pcent de son effectif si cette part là du personnel était en faute ? Non , il ne serait pas fou. Du coup je n’ai jamais cru à ce type d’histoires et à ces fausses raisons . De même , la journée de travail ne se calcule pas en heure / homme mais lorsque c’est le cas , en heure / machine. Impossible d’appliquer mécaniquement celà à l’humain , et ce pour des raisons tres naturelles.

      Par contre , en cas d’abus, une discussion entre l’employeur et l’employé peut etre un élement constructif où l’on parle de temps , d’argent , de travail et du besoin d’en sortir de temps à autre au cours d’une journée. Cà mange pas de pain , çà permet de se connaitre et pourquoi pas, de se comprendre mutuellement . On peut rêver ...

      GRL


    • plancherDesVaches 10 février 2009 14:51

      Je bosse professionnellement sur ordinateur depuis 1988. Voire même sur 2 postes simultanément depuis 98.
      Je n’ai jamais utilisé les moyens de l’entreprise à des fins personnelles. Pas même un mail ou un jeu flash, j’ai pas le temps. Là, j’écris depuis chez moi (je précise).

      J’ai par contre utilisé mes moyens personnels à des fins professionnelles en ramenant du boulot à la maison.

      Dois-je licencier mon employeur ?


      • Olga Olga 10 février 2009 15:37

        Ça sent quand même le patron-qui-cherche-une-raison-pour-virer-une-employée. 
        Je me demande si je risque de me faire licencier en postant quelques commentaires sur Agoravox pendant mes heures de travail... smiley 


        • Artius 10 février 2009 18:53

          Virée !

           smiley


        • Jojo 10 février 2009 19:00

          Bonsoir Olga,
          Ça fait un moment que je voulais vous poser la question à propos d’un commentaire écrit par un de vos contradicteurs l’autre jour et comme le sujet s’y prête un peu je pense que l’auteur ne m’en voudra pas. Enfin pas trop … j’espère.
          Si la période considérée était de, allez disons une vingtaine d’années, alors ça ferait un peu plus de 7000 jours en tout, fins de semaine incluses. Donc mille licenciements (c’est bien ce qu’il disait près de mille n’est-ce pas), reviendraient à un licenciement par semaine.
          N’aurait-il pas plutôt confondu départ en week-end et licenciement ? smiley

          Ouh là, faites gaffe, l’autre derrière vous (et elle n’a pas l’air de beaucoup vous aimer), réduisez la fenêtre AV vite !


        • Olga Olga 10 février 2009 20:28

          @ Artius,
          J’en fais ce que je veux de mon boss... smiley 

          @Jojo
          Bonsoir,
          J’ai tout compris, sauf ce qui se trouve avant la dernière phrase... smiley 


        • Jojo 10 février 2009 20:44

          Olga,
          Ah parce que j’ai réussi à aligner plus d’une phrase ? Ah oui c’est vrai :
          L’autre jour vous avez eu un échange avec Gütemberg http://jpdubs.hautetfort.com/images/medium_gutenberg.jpg .
          Et à un moment, vous avez dit que vous aviez été licenciée pour raisons économiques.
          Ce à quoi Gütemberg en parfait Gentleman, a eu une réponse ma foi très digne et très sobre : ‘Je comprends’.
          Mais comme ce vénérable Monsieur s’est fait un certain nombre d’amis sur AV, l’un deux est venu casser le charme en disant : ‘M’étonnerait…’.
          Probablement furieux Gütemberg a rétorqué que pour avoir été licencié près de mille fois dans sa vie, il connaissait un peu.
          La suite vous la connaissez.

          Mr Gütemberg si vous nous lisez !

          Et arrêtez avec vos blasphèmes, c’est bien le Boss (en français dans le texte), qui fait de nous ce qu’il veut… smiley


        • Olga Olga 10 février 2009 22:01
          Jojo
          Voilà qui est plus clair : "ce vénérable Monsieur s’est fait un certain nombre d’amis sur AV " ; là je comprends tout de suite qui est cette personne. C’est vrai que ce décompte des licenciements subis qui donne un nombre avec trois zéro ça m’avait paru un poil exagéré smiley (au moins deux zéros en trop)...
           
          Le boss dont vous parlez (The Big Boss) ne m’a pas encore proposé de contrat, il n’est donc pas mon boss. Il ne le sera jamais d’ailleurs, à moins qu’il vienne en personne (si j’ose dire) me donner les consignes. Et quelque chose me dit que je n’aurai pas besoin de ses consignes pour avancer (je m’en suis très bien passée jusque-là)...
           
          Pour revenir à l’article, soit le patron voulait se débarasser de cette employée d’une façon ou d’une autre (il a trouvé un bon prétexte avec les mails), soit il est un peu gentillet et il a manqué l’occasion de mettre la pression sur cette femme, en lui expliquant gentiment que sa conduite n’était pas très professionnelle et qu’elle devrait se tenir à carreau à l’avenir, tout en rattrapant les heures perdues à cause de son goût prononcé pour l’écriture de mails persos (d’accord ça frôle un peu le chantage ; non, je n’ai pas dit que les conditions de travail de nombreux salariés et le marché du travail en général étaient une forme de chantage... Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ).
           smiley 

        • ARTEMIS ARTEMIS 10 février 2009 16:09

          attention je ne voudrais pas que mon article soit mal interprété

          je ne porte aucun jugement sur le bien fondé ou non de la sanction car nous n’avons pas les éléments de fait qui le permettent
          en effet il faudrait connaitre l’ampleur exacte des mails et le temps de perte de travail
          s’ils ont été postés pendant les temps de pause si la salariée était à temps plein ou partiel etc...

          je rappelle qu’une utilisation modéree d’internet est permise par les tribunaux

          ce que je veux montrer c’est le tapage médiatique fait sur un licenciement alors que chaque jour des salariés sont licenciés pour des motifs farfelus

          je pense qu’il y a soit manipulation politique ou syndicale
          soit précipitation des médias sur un sujet porteur
          ou les deux à la fois
          mon article a pour but de nous faire réfléchir sur l’influence des médias concernant la perception que nous avons des évenements




          • Mouche-zélée 11 février 2009 11:24

            Bien vu dans l’intention  smiley

            De toute façon nous savons tous que même sans internet, certaines catégories socio-professionnelles peuvent se permettre de glander et d’autres pas .
            Il en a toujours été ainsi .

            Le plus comique est que ces catégories socio-professionnelles à temps de glandouille choisie sont souvent celles qui sont les mieux payées ....
            Demandez à un type qui travaille à la chaîne s’il peut s’arrêter ....

            Ensuite il y a les emplois à "glandouille subie", là c’est autre chose, tout le monde sait que vous devez attendre, faire de la permanence, mais il vous est interdit de vous cultiver, de lire ou quoi que ce soit d’autre...

            Il faut faire semblant, c’est du vêcu, faire de la sécurité c’est bien, mais parfois l’agent de sécurité est lui même surveillé par des caméras de sécurité , ha ha ha  smiley


          • LE CHAT LE CHAT 10 février 2009 16:14

            avec la chute de l’activité en ce moment , les employeurs seraient de mauvaise foi de prétendre que l’envoi de quelques mails nuit à leur business , les journées au bureaux sont de plus en plus interminables pour de nombreux salariés .......... smiley


            • Halman Halman 10 février 2009 22:49

              Dans le privé peut être, mais dans l’administration on se retrouve à faire le boulot de 3, ce ceux qui sont partis à la retraite mais pas remplacés depuis pas mal d’années.

              Le boulot ne diminue pas, mais le nombre de gens pour le faire oui.

              C’est à tel point qu’on accumule des semaines de retard tout simplement impossibles à rattraper.

              A peine quelques minutes après le déjeuner en buvant son café pour lire ses mails et il faut se remettre à faire 36 choses en même temps.

              Des centaines d’emails en deux mois c’est abuser, elle devait traiter son boulot par dessus la jambe.

              Autant il n’y a pas de mal à répondre vite fait à un email personnel urgent de temps en temps, autant des centaines en deux mois tant pis pour elle.



            • L'enfoiré L’enfoiré 11 février 2009 11:05

              Halman,

               Les mails doivent faire partie de écrits destinés à la "lecture rapide".
               Le problème est dans le fruit lui-même. De plus en plus, sans même parlé de spams, dans l’entreprise, pour des raisons "x" ou "y" on met les gens en copie de mails dont ils n’on que foutre.
               Ca c’est le problème d’engorgement qui devrait être revu et de très près.
               Les listes de destinataires toutes faites sont la plaie des entreprises d’aujourd’hui.
               Comptez les mails qui vous sont destinés, vous comprendrez. 


            • L'enfoiré L’enfoiré 11 février 2009 11:08

              Petit rappel d’un article écrit il y a déjà 4 ans.


            • L'enfoiré L’enfoiré 11 février 2009 10:50

               @L’auteur,

               Juste une question : cet article a été écrit où ? Au bureau ? smiley


              • ARTEMIS ARTEMIS 11 février 2009 15:07

                petite précision

                que nenni mon billet a été ecrit chez moi smiley
                d’ailleurs si vous souhaitez des infos en droit du travail vous pouvez cliquer sur mon site c’est gratos

                ici


              • L'enfoiré L’enfoiré 11 février 2009 17:35

                Artemis,

                J’en suis fort aise mais comme tout le monde sait la pensée ne s’arrête pas entre 08:00 et 18:00.
                Faudrait-il réprimander l’auteur d’avoir l’esprit large ? 
                Moi, je suis sorti du "milieu", mais je me souviens.
                J’irai voir avec le plus grand plaisir. Le mien est toujours présent dans mes commentaires. smiley
                Comme chantait Florent Pagny "vous n’aurez pas ma liberté de penser". 


              • Mouche-zélée 11 février 2009 17:45

                ARTEMIS

                Il ne fallait pas proposer, je passerai discuter de deux trois points avec vous si vous le permettez ...
                Je dévore du droit depuis quelques années déjà, franchement faire respecter le droit et la loi c’est tout un truc .
                Avec la complicité de certaines administrations bien sûr.
                Tout est parfaitement rodé ...

                Les entreprises savent très bien contourner la légilation ...


              • L'enfoiré L’enfoiré 11 février 2009 19:14

                Mouche zélée,

                 Mais c’est bien là l’avantage des juristes, non ?
                 Les conflits entre les sociétés et les travailleurs sont avec les divorces, les vaches à lait de la justice.
                 


              • worf worf 11 février 2009 11:28

                on a surpris une employée ayant envoyé plus de 100 mails car l’informatique le permet mais combien de gens envoyent pendant leur journée de travail des sms via leur gsm dont il n’est pas possible de contrôler l’usage et l’abus ?
                Va t on arriver dans un système où l’on réglemente tout :
                pas plus de x mails personnels par jour ou à effectuer pendant sa pause,
                pouvoir fumer que x cigarettes,
                prendre x pause café,
                interdiction d’utiliser son gsm pendant ses heures de travail,
                etc.
                On deviendrait fou, non ?

                Si les médias se sont emparés de cette histoire, ce n’est pas tant du fait de l’usage d’une boîte mail mais de l’excuse utilisée pour un licenciement et l’absence de mise en garde (le réglèment de cette société interdit il l’envoi de mails personnels ?).


                • Mouche-zélée 11 février 2009 11:58

                  Bien vu dans l’intention

                  De toute façon nous savons tous que même sans internet, certaines catégories socio-professionnelles peuvent se permettre de glander et d’autres pas .
                  Il en a toujours été ainsi .

                  Le plus comique est que ces catégories socio-professionnelles à temps de glandouille choisie sont souvent celles qui sont les mieux payées ....
                  Demandez à un type qui travaille à la chaîne s’il peut s’arrêter ....

                  Ensuite il y a les emplois à "glandouille subie", là c’est autre chose, tout le monde sait que vous devez attendre, faire de la permanence, mais il vous est interdit de vous cultiver, de lire ou quoi que ce soit d’autre...

                  Qui a dit qu’un salaire était proportionnel au travail fourni ?


                  • ARTEMIS ARTEMIS 11 février 2009 15:15

                    je remercie tous ceux qui ont lu mon billet et qui ont pris la peine de le commenter

                    par ailleurs depuis plusieurs mois je ne suis plus aussi assidue dans ma fréquentation du site

                    aussi je suis fort étonnée de trouver un petit changement dans la manière de s’exprimer des personnes qui postent des commentaires

                    je pense qu’il y a plus de convivialité et moins de rentre dedans cela me convient plus

                    j’espère que cela va perdurer

                    je vous souhaite une bonne journée

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès