L’Organisation mondiale du commerce fête cette années ses dix ans d’existance. L’Organisation remplaçait en 1995 le GATT

de triste mémoire. L’OMC a l’esprit à la fête. Son directeur, Supachai Panitchpakdi, se vante qu’elle ait réussi « l’intégration renforcée des pays en développement au système de l’OMC ». À quel prix au juste ?

Avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, l’Organisation mondiale du commerce fait partie de la triade infernale qui a fort bien servi les intérêts économiques et financiers des pays riches, surtout ceux des États-Unis.

Mais est-ce bien dans leur intérêt de maintenir tant de pays dans un tel état de dépendance et tant d’êres humains dans un tel état de dénuement ?

«  Peu de gens aujourd’hui défendent cette grande hypocrisie : on prétend aider les pays en développement alors qu’on les force à ouvrir leurs marchés aux produits des pays industriels avancés, qui eux-mêmes continuent à protéger leurs propres marchés. Ces politiques sont de nature à rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres - et plus furieux. »

Le Nouvean courrier de l’UNESCO. Joseph Stiglitz, Réformons les institutions économiques internationales.

À lire Stiglitz nous vient cette explication du comportement aberrant des institutions internationales : dis-moi qui tu fréquentes, et je te dirai qui tu es.

Ainsi les décisions du FMI sont prises entre ministres des finances, tandis que les décisions de l’OMC sont prises entre ministres du commerce.

Quant à la Banque mondiale, elle cherche à plaire à tout le monde et à son père à la fois.

Tout cela n’est pas anodin. Le ministre des finances n’est-il pas le plus économiste des ministres, même dans les pays ayant des gouvernements plus à gauche  ? De même, le ministre du commerce ne va-t-il pas d’abord rechercher la meilleure ouverture des marchés extérieurs pour les biens et services produits dans son pays, indépendemment de l’impact social ou culturel ?

Quant à la Banque mondiale...

Revenons aux choses sérieuses. Côté FMI, le verdict est sans appel : ce bras financier international des États-Unis est allé d’échecs en échecs dans la foulée du « consensus de Washington ».

Côté OMC, l’échec de Seattle avait paradoxalement soulevé des espoirs. Les négociations du Cycle de Développement de Doha (DDA) allaient changer le cours de l’Histoire.

Comme on le dit si bien, chassez le naturel...

The concept of a Development Round implies a fundamental departure from the system of mercantilism towards a collectively agreed global social welfare function. (...) The lack of a commonly agreed objective function has deprived the WTO’s members of any means to collectively choose optimal policies from among competing proposals.

Joseph E. Stiglitz and Andrew H. Charlton. Common Values for the Development Round.

On aura beau mettre en scène de beaux grands dialogues, jusqu’à preuve du contraire le commerce mondial profite surtout aux pays développés. Ceux-ci auraient recueilli plus de 70% des effets bénéfiques de l’Uruguay Round.

Même Supachai Panitchpakdi reconnait la nécessité de globaliser le fonctionnement de l’OMC.

La solution ? New Rules for Global Finance.