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Le vol-au-vent tragique

Les mystères d'Éole

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Le cœur a ses raisons …

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Je vais vous conter les déboires et les « aubours » d'un galant homme qui, pour plaire à sa belle, la conduisit un soir de Saint Valentin à l'aventure, au hasard du destin. La chose n'avait rien d'exceptionnel : nombreux sont ceux qui cèdent aux sirènes de la fête ou de l'amour. Le joli cœur était de ceux-là, plus sans doute pour satisfaire sa dame que par goût pour cette journée qu'on nous vend comme particulière …

Si le cœur a ses raisons, c'est bien souvent l'estomac qui en cette circonstance, exige son dû. Il n'est pas facile d'échapper à la soirée en tête-à -tête et le gredin céda lui aussi à cette nouvelle tradition. L'homme pourtant n'était pas un habitué des mondanités, vivant habituellement en survêtement, tant par commodité que par négligence et désintérêt pour les choses de la mode.

Son premier souci fut donc de trouver une tenue adéquate en dehors de sa garde robe sportive. Il faut admettre la complexité de l'aventure, il n'est pas simple de trouver chaussure à son pied et encore plus pantalon à son tour de taille. Les cintres de nos armoires ont une fâcheuse tendance à resserrer la ceinture des tenues délaissées.

Après bien des efforts, des contorsions et la mise sous tension de ce qui pouvait lui rester de ceinture abdominale, il parvint à se glisser tant bien que mal dans un pantalon qui en faisait presque un homme du monde. Si l'habit ne fait pas le moine un soir de Saint Valentin, il transforme aisément larron en foire en respectable luron !

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La tenue n'est pas tout ; il faut se trouver un but pour justifier cet effort vestimentaire. Notre joyeux drille n'avait rien organisé, espérant jusqu'à la dernière minute, un renoncement soudain de sa compagne, un imprévu, quelque impondérable. Tout eût été bon pour éviter ce tête-à-tête douloureux avec une assiette et des bonnes manières.

Ne pouvant échapper à sa promesse, il se vit contraint, devant l'évidence inéluctable, de prendre son automobile à défaut de carrosse, pour conduire sa dame dans une taverne. L'imprévoyant ayant en toute logique, omis de réserver, il se trouva fort marri de constater que les tables de notre bonne ville avaient été prises d'assaut par tous ces hommes qui avaient quelque chose à se faire pardonner …

L'opération devenait périlleuse, la réussite hypothétique. Il fallait toujours aller plus loin pour trouver table libre. La dame s'impatientait et mesurait par ce manque de préparation, le peu de cas que son partenaire avait fait de cette soirée aux chandelles. Le pire était à craindre, un restaurant minable ou pis encore, une cafétéria infâme. Elle s'impatientait mais ne pouvait imaginer que son compagnon avait plus affreux tour dans son sac encore …

La suite, je n'ose vous la dire tellement c'est indigne d'un gentleman ! Après des kilomètres et des nez cassés, le couple finit par trouver une auberge présentable en un lieu charmant. Installé en bord du Loiret, l'endroit semblait ne pas être complet. Ils se garèrent, ravis à l'idée de pouvoir enfin fêter dignement la Saint Valentin.

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C'était hélas sans compter sur une conjoncture plus que défavorable, un malencontreux concours de circonstances. La météo avait décidé de s'offrir une belle tempête, un vent à vous décorner les bœufs et pire encore. La longue quête de la table libre et convenable n'avait que trop duré, le pauvre homme, incapable de prendre sa vessie pour une citerne, voulut se soulager prestement avant que d'aller manger.

Sur la résurgence de notre Loire, des cygnes allaient majestueusement. L'homme, tout pris qu'il fût par le besoin de satisfaire à une miction urgente, n'en demeurait pas moins un esthète, amoureux de la nature. Et c'est tout en admirant le spectacle de la rivière qu'il voulut faire son affaire. La Saint Valentin allait sombrer alors dans la Saint Barthélémy du Manneken-pis.

Trop affairé et si peu habitué à trouver une braguette sur sa route, notre malheureux héros oublia de s'enquérir de la direction du vent qui, rappelons-le, en cette soirée festive, était particulièrement violent. Son envie l'étant tout autant, le retour de bâton fut terrible et le beau pantalon était dans un tel état, que nulle échappatoire n'était possible. Le couple rentra bien vite à la maison. La Saint Valentin avait tourné court. Je vous prie de ne pas me demander de vous livrer le nom du malheureux ; il m'en voudrait pour le restant de ses jours. Retenez cependant la leçon et souciez-vous du vent avant d'appareiller ! Ce sage conseil de la marine vaut en bien d'autres occasions et vous évitera de rentrer contrit et la queue entre les jambes comme un chien mouillé.

Mictionnement sien.

 

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8 réactions à cet article    


  • auguste auguste 20 février 2014 17:07

    @ C’est Nabum

    J’habite un département très venté et j’ai longtemps fréquenté des chauffeurs routiers.

    Bien qu’habitués à vider leurs vessies, vent dans le dos, c’était sans compter sans les tourbillons qui en ont surpris plus d’un, peu fiers d’exhiber une devanture copieusement arrosée.

    Mais il y a pire :
    Depuis une douzaine d’années, il existe des dispositifs très pratiques qui permettent aux femmes d’uriner debout, ce qui leur évite de se faire caresser les fesses par des orties en s’écartant des chemins creux.

    En contrepartie, elles aussi doivent se soumettre aux fantaisies d’Éole,
    sous peine de subir des remarques grivoises...

    Tiens, tu as encore oublié de baisser ton short avant de pisser !

    Élégant, non ? 


    • C'est Nabum C’est Nabum 20 février 2014 17:17

      auguste


      Je viens de lire ce message au héros (si j’ose dire) de la fable.

      Il a éclaté de rire et naturellement cela provoqué une nouvelle fuite. Ne lui en tenons pas rigueur.

    • Prudence Gayant Prudence Gayant 20 février 2014 18:35

      J’ai toujours un peu de mal à comprendre mais surtout à admettre que les hommes ne se donnant absolument aucune peine pour plaire à leur compagne, trouve toujours une moitié très compréhensive. 

       

      • C'est Nabum C’est Nabum 20 février 2014 18:50

        Prudence


        Permettez moi de jouer mon joker 

      • Prudence Gayant Prudence Gayant 20 février 2014 22:18

        Je m’en souviendrai


      • C'est Nabum C’est Nabum 21 février 2014 07:00

        Prudence


        Je crains davantage les retours de bâton que les coups de vent

      • Jean Keim Jean Keim 21 février 2014 09:11

        Peut-être que pour vous l’écriture est ce que la méditation est pour le contemplatif.

        Peut-être que vous pourriez en faire un levier pour (é)mouvoir vos ados difficiles.

        • C'est Nabum C’est Nabum 21 février 2014 09:19

          Jean Keim


          C’est ce qui est en train de se passer

          Ils écrivent désormais et ils liront leurs travaux en public

          Je ne désespère jamais et l’écriture demeure un moyen puissant 

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