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Accueil du site > Culture & Loisirs > Étonnant > Kafka, un inconnu célèbre

Kafka, un inconnu célèbre

Frans Kafka est un écrivain austro-hongrois de langue allemande, né le 3 juillet 1883 à Prague et mort le 3 juin 1924 à Kierling.

Il est considéré comme l'un des écrivains majeurs du xxe siècle surtout connu pour ses romans Le ProcèsL'Amérique et Le Château, ainsi que pour les nouvelles, La Métamorphose et La Colonie pénitentiaire.

Il n'était pas destiné à être lu. Sur deux chiffons de papier, hâtivement griffonnés, qu'on dénomme ses testaments, il avait ordonné la destruction de son œuvre dont les textes ne sont pas datés. Son ami, Max Brod ne respecte pas les vœux de Kafka.

Le 3 juin dernier, il y a donc cent ans depuis sa mort mais il reste toujours une énigme, caractérisée par une atmosphère cauchemardesque, sinistre, où la bureaucratie et la société impersonnelle ont de plus en plus de prise sur l'individu, décrite comme une « objectivité extrêmement étrange ».

Le problème du langage à nommer justement les choses, est vu comme symbole de l'homme déraciné des temps modernes ou une tentative, dans un combat apparent avec les « forces supérieures » et de rendre l'initiative à l'individu, qui fait ses choix lui-même en responsable. Un lien avec les élections et les citoyens maitres et responsables de leur destin, n'est pas fortuit.

L'adjectif "kafkaïen" est bien connu et resté dans le langage courant en rappelant une atmosphère absurde et oppressante.

La vie de Kafka

Né en juillet 1883, c’est au cœur de la vieille ville de Prague, qui fait partie de l'Empire austro-hongrois, dans le quartier juif, non loin d’un château que Franz Kafka grandit dans une famille de commerçants aisés, juifs, germanophones peu portés sur la religion qui tient une mercerie prospère. La langue maternelle de Kafka est l'allemand comme pour près de 10 % de la population de Prague de l'époque. Le lien entre le tchèque et l'allemand, même ténu, parvient à se maintenir grâce aux Juifs. Franz Kafka fait ses études au lycée allemand puis à l'université dans la Faculté du droit où il rencontre Max Brod. Alors qu’il rêve depuis l’enfance de liberté, le jeune homme ne se plie pas de gaité de cœur au désir de son père qui le destine à lui succéder à la direction du magasin. Son enfance relativement solitaire et ses relations difficiles avec son père dominant et prétentieux, l'a rendu très perturbé. Il préfère fréquenter les cafés où se retrouve la jeunesse intellectuelle pragoise qu’il amuse en partageant ses propos et ses écritures avec un côté burlesque. Pendant son temps libre, Kafka écrit, dessine, fréquente ses amis et les bordels et entretient des relations compliquées avec plusieurs femmes comme Felice Bauer, avec laquelle il rompt par deux fois ses fiançailles, avec Julie Wohryzek qu’il délaisse brutalement pour Milena Jesenská, une jeune journaliste mariée avec laquelle il vit une brève mais intense histoire d’amour.

Jamais marié, pas d'enfants, on lui prête alternativement un penchant ou une aversion pour les femmes qu'il considère ambigües, dans une relation étrange voire névrosée. Ses amis ont été Rudolf IllowyHugo BergmannEwald Felix PribramMax Brod, ou encore Oskar Pollak. Gustave Flaubert est son modèle d'écrivain de cœur. Il se fout des perfections formelles et préfère la rapidité du mouvement et d'un premier jet selon son inspiration mêlée d'infirmité dans une relation parfois malsaine que lui apporte la littérature. Sa tautologie met à l'épreuve sa faiblesse de raisonnement en s'éloignant des vérités et des responsabilités qu'elles obligent, avec la peur de l'échec. Son expérience utilise le mensonge et le doute radical dans une alternative binaire sans nuances entre élévation d'une autonomie et celle de déception.
Le programme journalier de Kafka est particulier. Le matin, il travaille au bureau, à midi, il dort quelques heures, ensuite il se promène, mange avec des amis ou sa famille. Le soir, après le travail, Kafka rie de cette situation dantesque avec ses amis ou plutôt, peut-être fait semblant de rire sans s'en décourager et sans sembler s'en désespérer outre mesure. Après, il se met à écrire jusque dans la nuit. Stable, entier, avec une force d'âme sidérante dans une expérience épouvantable, il traverse ainsi la vie, en reprenant le collier, chaque jour dès le lendemain. Curieux de tout, Kafka est bien dans son époque. Ni prude ni ascète.
« A l’époque, Kafka n’avait rien d’un homme introverti - contrairement à l’impression qu’on pourrait avoir à la lecture de ses œuvres. En société, il pouvait se montrer - et il l’était vraiment la plupart du temps - drôle et spirituel, toujours prêt à faire un jeu de mots que ce fût en tchèque ou en allemand », écrit de lui Léopold B. Kreitner.
A 24 ans, il entre comme auxiliaire dans une compagnie d’assurances. Il y gravit les échelons, y tient d’importantes responsabilités en apportant des solutions pour éviter les accidents de travail. Cela ne le passionne pas, mais lui laisse du temps pour l'écriture.
Vers la fin de sa vie, il confie son journal et ses livres à Milena Jesenska. Le contenu de ses textes sont presque tous identiques comme une litanie que l'on peut considérer comme une complainte alors que le dérivatif de l'écriture est sa planche de salut dans lequel il intègre un humour caustique qui explique l'éloignement de son projet et de son goût. Il ne désire pas être lu, ni pendant sa vie ni après elle. Devaient seulement rester intacts d'après Kafka après sa mort, ses livres "Le Verdict", "Le Soutier", la "Métamorphose" et "La Colonie pénitentiaire" et "Un artiste de la faim" qu'il considérait comme valable. Les autres écritures devraient être brûlée. Rien de casuistique dans Kafka, mais il se nage entre deux eaux, entre une impiété ou une pitié comprise et acceptée. Une bipolarité chez Kafka ? Cette affection n'existe pas encore en psychologie à son époque. Le terme « psychose maniaco-dépressive », sera seulement contesté à partir de 1957, pour distinguer les troubles bipolaires des troubles unipolaires. Il justifie ses projets dans "une fin du commencement" réussie ou perdue dans un esclavage volontaire de l'écriture pour contribuer à ravager toutes les autres formes de vie dont l'orientation naturelle serait plus productive. Il n'aime pas les plaisirs sexuels qu'il considère comme une saleté, la nourriture, la boisson et la musique qui n'apporterait aucune écriture suffisamment douce-amère et merveilleuse comme compensation et récompense. Son écriture est désolante, artificielle voire "lamentable" pour éviter sa folie.
Aujourd'hui, la confrontation de l'individu "Kafka", vécue comme un labyrinthe bureaucratique, donne une impression de cauchemar et d'une inquiétante étrangeté qui peut faire basculer à partir d'un mode de vie familier dans un rapport au délire bureaucratique actuel. Elle entre dans une existence sociale par la porte des attestations divisées en rubriques compliquées sans plus pouvoir en sortir. 

Son livre "Le Procès" a été converti en un film qui pourrait être considéré aujourd'hui comme ennuyeux à regarder pour correspondre à l'idée du livre.

Dans son livre "Le Château", il s'attache en fil rouge dans l’élaboration de son roman inachevé qui déconstruit les idées reçues sur sa personnalité devenue une icône de la littérature du XXe siècle. Le héros K. de son livre cherche tout au long du récit à entrer désespérément en contact avec Klamm, un des hauts fonctionnaires, engourdi lui-même, dans ce château, en fil rouge, afin d'officialiser son statut et de demander de faire le bilan de son existence. Il le traque d'un lieu à l'autre, se cache, attend et le guette dans l'espoir de l'obliger à converser avec lui sans y arriver. Il conclue par : "Il n'y avait rien de plus de dépourvu de sens, rien de plus désespéré que cette liberté, cette attente, cette invulnérabilité" d'un arpenteur. Les noms propres qu'il utilise, ont souvent un sens caché dans la langue tchèque pour les non germaniques. 
Son portrait d'arpenteur déconstruit certaines idées reçues attachées à la personnalité de l’auteur du "Procès" et de "La métamorphose", souvent confondue avec celle de ses personnages. 
L'émancipation a indéniablement un rapport au comique mais il faut regarder cela de l'extérieur et en prenant de l'altitude. 
Un téléfilm autrichien a été réalisé par Michael Haneke en 1997.

Le 3 juin 1924, il succombe à une tuberculose appelée phtisie, à l'âge de 40 ans. Les antibiotiques n'existaient pas encore.

Un an avant de mourir, en traversant le parc de Berlin, il rencontre une jeune fille qui pleurait parce qu'elle avait perdu sa poupée préférée. Ils la cherchent ensemble sans succès. Il lui dit de revenir le lendemain pour chercher sa poupée. Le lendemain, la poupée reste introuvable. Il donne à la jeune fille, une lettre écrite qu'il dit écrite par la poupée « s'il te plaît ne pleure pas. J'ai fait un voyage pour voir le monde. Je t'écrirai sur mes aventures .".

Cette histoire dure jusqu'à la fin de la vie de Kafka. Au cours de cette rencontre, il écrit les lettres de la poupée avec des aventures et des conversations que la fille a trouvé adorables. Finalement, il achète une autre poupée sensée revenue à Berlin.

Ça ne ressemble pas du tout à ma poupée  », dit la fillette.

Il tend une autre lettre écrite par la poupée qui dit « mes voyages m'ont changé  ».

La petite fille heureuse serre néanmoins la nouvelle poupée dans ses bras et la ramène chez elle.

De nombreuses années après sa mort, la jeune fille devenue adulte trouve une lettre signée par Kafka à l'intérieur de la poupée qui dit : "Tout ce que vous aimez sera probablement perdu, mais à la fin, l'amour reviendra d'une autre manière. Accepter le changement est inévitable pour la croissance. Ensemble, nous pouvons transformer la douleur en émerveillement et en amour, mais c'est à nous de créer cette connexion consciemment et intentionnellement".

Kafka est souvent présenté comme un génie mystérieux, un jeune homme maladif, un solitaire introverti et sombre, vivant coupé du monde. Mais la réalité est un peu plus complexe. Elle est éclairée par les dernières recherches de spécialistes de la littérature, parmi lesquels Reiner Stach, considéré comme un expert mondial de l’écrivain tchèque de langue allemande. 
L'amitié qu'il a eu pour Max Brod a été une occasion à être la risée pour dissimuler son œuvre. Il avait une admiration réciproque avec lui jusqu'à célébrer la louange des récits plutôt fades de son ami. Max Brod n'a pas obéi à Franz Kafka et n'a pas fait brûler ses œuvres après sa mort.

  • L'introduction au sujet Kafka de l'historien Xavier Mauduit

 podcast

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  • Le documentaire qui suit, mêle extraits de films adaptés de ses œuvres, scènes animées ou jouées par des comédiens et archives rares, notamment une brève interview inédite de son ami le poète Max Brod qui, contrevenant aux dernières volontés de Kafka, refusa de détruire ses créations non publiées. Un regard renouvelé sur l’une des grandes figures de la littérature du XXe siècle, dont les romans, pour avoir dépeint de manière quasi visionnaire une société brutale à la bureaucratie kafkaïenne, furent censurés dans les pays du bloc de l’Est jusqu’à la chute du mur de Berlin.

    Kafka, un inconnu célèbre

    Célèbre par son adjectif et souvent inconnu par sa vie et son destin kafkaïen.

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Kafka, l'insaisissable

Le Hors Série de Le Monde publie aussi sa version de l'histoire du personnage "Kafka dans sa chronologie.

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 Quelques phrases et informations d'analystes spécialistes s'ajoutent à sa description.

  • "Kafka voit autre choses et plus que les autres entre angoisse et humour".
  • "Ses livres mordent et piquent dans une prose aiguë comme poignard".
  • "A Brescia, Max Brod force son ami à écrire par un concours lors d'un meeting aérien : "Les Aéroplanes à Brescia".
  • "Taciturne, renfermé, chagrin et égoïste"
  • "L'Arpenteur est l'héritier de Don Quichotte"
  • "Kafka a fait entrer la littérature sans invention dont les événements sont transformés en fables"
  • "Kafka est à lire quand on est dans un état satisfaisant de santé physique et mentale".

L'adjectif "Kafkaïen"

L'adjectif "cornélien" a d'abord pour référence, le dilemme déchirant auquel fait face Don Diègue dans Le Cid de Corneille, contraint de choisir entre la femme qu'il aime et la défense de l'honneur de son père. Il se réfugie dans un univers sans secours, sans solution pour penser la complexité dans des choix tragiques. 
Cet adjectif fonctionne aussi en offrant les clés de décryptage aux situations scabreuses par le rire.

En "Aburdistan", l'ubuesque est relatif de la pièce de théâtre Ubu Roi d'Alfred Jarry. Il est quelque chose de complètement délirant dans une aventure caractérisée par une absurdité bête et méchante dans laquelle la bêtise crasse prend le pouvoir, 

La chanson "Etre une femme" de Sardou fait partie d'une des formes ubuesques.

La transformation est aujourd'hui possible mais l'opération pour la transormation de sexe reste kafkaïenne. 
Cet adjectif "kafkaïen" est lié à un axe important de l'œuvre de Kafka, d'un personnage puni, victime d'un châtiment, cherchant la faute qu'il a commise. Cet adjectif renvoie aussi à un pouvoir bureaucratique omniprésent, gangrénant tous les modes d'existence sociale. 
Pas étonnant qu'aujourd'hui, on qualifie notre quotidien de kafkaïen par la peur de la mort par le suivi des religions. 
Pendant la pandémie, par exemple, cet adjectif a été employé à tout-va par des complotistes, pour qualifier notre mode de vie lors de l'apparition du Covid et des vaccins qui ont suivi pour y répondre. 
Mais pourquoi se réfère-t-on à l'univers de Kafka devenu si prégnant dans le langage courant ? 
Le terme "kafkaïen" désigne ce que ni les sciences politiques, ni la sociologie, ni la psychologie pour caractériser une situation avec leurs propres termes. 
Dans Le Figaro Littéraire de 1965, un article disait "il n'est plus de situation qui ne soit devenue kafkaïenne puisque si une mayonnaise rate, c'est la faute de Kafka". 
Marie Sorbier et Frédérique Leichter-Flack sont tous deux professeurs des universités en littérature à Sciences Po. Ils tentent de répondre sur la signification de cet adjectif.

Le nom "Kafka" a traversé le temps

Franz Kafka n’est pas seulement le nom d’un écrivain mondialement connu surtout par l'adjectif qui lui a été accolé. C’est aussi celui d’une famille de grands sportifs. Juif allemand né dans les Sudètes. Erich Kafka, son petit-neveu appréciait le football. Dans l’entre-deux-guerres, Il a été un excellent footballeur professionnel notamment à Prague. Quant au petit-fils d’Erich, Martin Kafka, malgré un esprit que lui-même qualifie de « kafkaïen », a réalisé son rêve d’enfant en menant une carrière de joueur professionnel de rugby de l’Espagne au Japon en passant par la France, parti à la conquête du monde de l’ovalie dans un parcours semé de doutes hérités de son illustre ancêtre, Franz. Ce nom "Kafka" lui a permis de continuer à avancer comme il le disait lors d'un l'entretien du lundi 3 juin.

"Sur les traces de Kafka" transmis par Radio Prague international en 7 tableaux.

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  • La Prague de Franz Kafka : enfance et adolescence

Réflexions du Miroir

"La Métamorphose"

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J'avoue que je n'ai jamais approché ni lu Franz Kafka avant de lire "La Métamorphose". Celle-ci n'est pas une anthologie. 
Métamorphose a été écrit en octobre 1912 suite à une dispute entre Franz et sa sœur Ottla qui probablement le forçait à aller travailler. 
Le livre de Claude David est divisé en trois parties.

  1. La première de 80 pages, construite en chapitres courts de réflexions, faits de conversations, de regards de Kafka souvent avec lui-même concrétisant son éducation austère et renfrognée sur lui-même. Il tente de se comparer aux autres qu'il pense être toujours mieux ou meilleurs que lui comme le serait un imbécile heureux plein de préjugés.
  2. La deuxième partie est longue de 16 pages titré "Le Verdict" qui tire une sorte de bilan. Préambule au suivant.
  3. La troisième correspond vraiment à "La Métamorphose" dans laquelle Gregor Samsa pourrait lui apporter plus d''assurance par effet miroir et de confiance qui lui manque. 
    Drillé dans son adolescence, l'amitié et l'amour se conquièrent, comme le reste dans la difficulté d'un monde de relatives brutes et d'abrutis dans lequel, il lui faut trouver sa place dans une sorte d'exclusivité personnelle. Il cède la parole à Grégor Samsa.
    "Un matin, Gregor Samsa, jeune voyageur de commerce, tente de se lever pour aller au travail, mais il se rend compte que, durant la nuit, il s'est métamorphosé en « un monstrueux insecte ». Terriblement en retard (il est 6 heures 45, alors qu’il se lève normalement à 4 heures pour prendre son train à 5 heures), il tente cependant de commencer les activités d'une journée normale, mais, couché sur le dos, ne parvient pas à sortir de son lit. Sa famille (sa mère, son père et sa jeune sœur Grete) vient s’enquérir de son état. Gregor qui a verrouillé les trois portes d’accès de sa chambre tente de les rassurer. Aucun ne remarque la singularité de sa voix. Le fondé de pouvoir de son employeur arrive alors pour s'enquérir de la raison du retard insolite de Gregor. Après de longs et pénibles efforts, Gregor, dont la voix indistincte « de bête », commence à le trahir, réussit à ouvrir sa porte et à passer la tête dans l'entrebâillement. Le fondé de pouvoir, qui s'impatientait de ne pas recevoir d'explications et qui avait commencé à l’accabler de reproches quant à son manque de rendement, s'enfuit, saisi d'horreur. La famille de Gregor reste interdite, la mère s’évanouit. Nul ne comprend que Gregor, malgré son apparence, comprend et pense encore comme un humain. Fou de rage, le père s’empare de la canne oubliée par le fondé de pouvoir et chasse violemment Gregor dans sa chambre. Sa famille l'enferme, de peur qu'on ne sache qu'ils hébergent un tel monstre dans leur logis. Son père le prend en haine. Sa mère voudrait encore en avoir pitié mais s'évanouit lorsqu'elle l'aperçoit. Surmontant son dégoût, sa sœur Grete vient le nourrir chaque jour et nettoyer sa chambre. Gregor se cache alors pour qu'elle ne puisse le voir, pour ne pas la faire souffrir. Mais il aurait souhaité au contraire se montrer pour recevoir un peu d'amour. Un soir, Gregor sort de sa chambre, son père fou de rage essaye de le tuer mais n'y arrive pas et le blesse seulement. Personne ne vient le soigner, sa blessure s'infecte. Comme Gregor ne peut plus travailler pour subvenir aux besoins de la famille, tous les membres de la famille travaillent, le père en tant que banquier, sa sœur en tant que vendeuse et sa mère de couturière. Une partie de l'appartement est également louée à trois locataires. En dépit de son invalidité, sa famille a fini par le tolérer. Un soir cependant, Gregor sort de sa chambre, attiré par la musique que sa sœur joue au violon. Malheureusement, les locataires le voient et décident de s'en aller aussitôt et sans payer. Face à cette situation sans avenir, la sœur en larmes propose de se débarrasser de l'insecte. Tous sont d'accord, car ils pensent avoir fait tout ce qu'ils pouvaient. Mais Gregor, désespéré, qui ne se nourrit plus depuis quelques jours, est retrouvé mort desséché le lendemain matin par la femme de ménage. À peine attristée, surtout soulagée, la famille se réjouit de pouvoir prendre un nouveau départ, et sort enfin de l'appartement pour une promenade en banlieue. Les parents remarquent que Grete s'est épanouie et qu’il est temps de la marier.

Extraits :

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La troisième, "Le Soutier" où il se retrouve entre le désir d'enracinement et l'errance, victime de lui-même. 

Disparaitre sans laisser d'adresse

Kafka a tenté de trouver le paradis pendant ses voyages mais il est toujours revenu à sa source.
Si son ami Max Brod n'avait pas désobéi, l'œuvre de Kafka aurait été perdue et brûlée à jamais. 
Kafka considérait que son journal était personnel et devait disparaître après sa mort.

L'écriture de Kafka lui a été un exutoire. Presqu'un esclavage.

Il y a trouver son plaisir même sans avoir eu de lecteurs de ses œuvres. Si la nature, la musique, le rire avec l'humour ne l'ont pas aidé pour atteindre son objectif de liberté et de bien-être.

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Cette volonté est quasiment absente aujourd'hui. 
Presque tous les auteurs, écrivains, dessinateurs, blogueurs désirent que leurs œuvres restent immortelles, laissent des traces de leur passage sur cette terre, que l'on parle d'eux même quand la mort les aura appelé. Facebook a été construit dans ce but. Cela permet a ce forum de démontrer son importance d'après le nombre d'utilisateurs vivants ou morts. Il faut des followers pour exister et perdurer. 
Aujourd'hui, Kafka aurait écrit son journal et l'aurait tenu caché de tous en dehors de ses proches. Son journal comme un jardin secret lui a permis d'ouvrir toutes les portes du savoir en violant tous les secrets au hasard de ses rencontres réelles et non virtuelles sur Internet.

Dans les réseaux sociaux, il aurait pu être chahuté et harcelé par certains et admirer par d'autres pour son humilité et parfois, rater son respect de la vie quand il devrait se changer de manière arbitraire.Il aurait pu être chahuté et harcelé par certains et admirer par d'autres pour son humilité, son respect à ne pas être arbitraire.
Son manque de liberté dans sa vie l'a obsédé et a été une entrave. Il a pu ainsi déversé ses rancunes avec lesquels, par l'imagination, il a pu rire de lui et faire rire ou sourire les autres. Il connaissait très bien ses lacunes et ses limites.
Le paradis de Grégoire dans "Métamorphose", est toujours recherché aujourd'hui.
Le film "Itinéraire d'un enfant gâté" est un bel exemple de métamorphose.

Dans le chapeau de ce billet, j'écrivais : "Un lien avec les élections et les citoyens maitres et responsables de leur destin, n'est pas fortuit".

Les élections ont placé la droite au pouvoir et le travail dans ses objectifs de rentabilité.

Ceux-ci auraient été opposés à ceux Kafka avide de liberté.

Les rapports avec l'autorité, tout d'abord, de celle de son père et celle de la société d'assurance ensuite, ont entravé sa liberté. Il y a apporté des solutions techniques pour améliorer la sécurité dans l'emploi d'assureur qu'il exerçait mais il n'avait pas l'esprit d'un entrepreneur et ne voulait pas prendre les risques que cela comporte toujours. 

En tant que "fils de" Kafka, il s'est senti forcé d'obéir à son père comme l'idée sportive d'un "Epaulé et jeté".

La soumission à l'autorité, son face à face avec elle, a été analysée seulement après la seconde guerre mondiale avec l'expérience de Milgram.

Aujourd'hui, la bureaucratie est toujours une gageure, une perte d'efficacité et de rentabilité. Une fois achevée, elle est déjà obsolète. 

Créatif, Kafka l'était mais il a tourné le dos à la renommée pour obtenir la liberté. Il a pu ainsi oser dire des vérités avec franchise que d'autres disent tout bas au sujet de l'autorité supérieure. 

C'est peut-être ça la différence entre la connaissance et l'intelligence. 

La connaissance, on l'apprend à l'école et par l'expérience. Tout dépend de ce qu'on fait avec idées neuves pour faire avancer le schmilblick.

L'intelligence ne s'apprend pas. Elle peut exister sans aucune connaissance en autodidacte à chercher ce qui est le plus efficace au moindre effort et donc au moindre coût.

L'intelligence prodigieuse des modes d'existence sociale et politique peut servir à critiquer anticipativement le capitalisme et un moyen d'y voir clair dans la terreur totalitaire pour s'en émanciper dans une prédiction de qui arriva à la fin des années 30, continuées pendant la guerre 40-45 dans le nazisme d'abord et derrière le rideau de fer ensuite, où il a été interdit pendant longtemps de parution de ses œuvres.

C'est un peu ce qu'en tant qu'informaticien vintage, j'ai découvert quand je me suis formé à l'informatique dans les années 70. Tout était à développer dans le Traitement de l'Information mais en 'stand alone' sans Communication. Le "C" de Communication des TICs, est advenu au moins 20 ans après. Celaa permis d'être plus efficace en gaspillant moins d'effort de mouvements, de ce déplacer à un moindre coût, d'éliminer l'usage du papier pour économiser les arbres et d'accélérer le travail manuel par des robots.

"Apache Kafka" est une plateforme de streaming d’événements distribuée open source utilisée par des milliers d’entreprises pour des pipelines de données haute performance, des analyses en continu, l’intégration des données et les applications critiques.

Les différences entre religion et philosophie se creusent ainsi sur des voies différentes

  1. Fondements : La religion est basée sur la foi et la révélation divine, tandis que la philosophie repose sur la raison et la réflexion critique.
  2. Objectifs : La religion vise souvent à établir un lien avec le divin et à guider la vie morale des croyants, tandis que la philosophie cherche à comprendre les vérités fondamentales de manière rationnelle et systématique.
  3. Autorité : La religion dépend de l'autorité des textes sacrés et des figures religieuses, alors que la philosophie valorise l'autonomie intellectuelle et l'argumentation rationnelle.
  4. Communauté : La religion crée des communautés de croyants partageant des pratiques et des croyances communes, tandis que la philosophie est plus individualiste, favorisant le débat et la diversité d'opinions. 

Critiquer Kafka ?

“La critique est la puissance des impuissants.”, écrit Alphonse de Lamartine.

Elle est surtout aisée.

Nathan Devers se pose quelques questions existentielles dans sone livre "Penser contre soi-même".

"Pourquoi la philosophie ? Qu'apporte-t-elle à l'existence ? Que change-t-elle à nos vies ? Pourquoi, avoir choisi de devenir rabbin au terme d'une adolescence très croyante, a-t-il perdu la foi ? Comment a-t-il pu abandonner une vocation profonde au profit d'un univers sans dogme ?
La conclusion de l'auteur fut "Une quête universelle et pourtant difficile avec le désir d'échapper à ses préjugés, de bouleverser ses certitudes, d'aller au-delà de l'identité déterminée par sa naissance".

L'invasion de l'administration avec des normes exagérées bien établies créant de plus en plus de paperasses, sans pouvoir y ajouter un iota, m'a toujours semblé superflu et en manque d'efficacité. L'adaptation aux circonstances d'un moment est la seule alternative pour passer outre ce genre de difficultés et pas nécessairement par les invectives des interlocuteurs dictateurs.

Allusion


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13 réactions à cet article    


  • lephénix lephénix 19 juin 15:03

    l’absurde parasitisme bureaucratique de son temps s’est exacerbé en parasitisme techno-administratif, stade terminal de l’espèce métamorphosée - chitinisée...


    • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 19 juin 15:13

      @lephénix
       C’est très vrai.
       En fait, internet a parfaitement diminué l’utilisation du papier (ex à la Poste) mais ce sont les affaires qui ont été complexifiées de concert et on utilise toujours du papier pour tout ce que ne le permet pas.
       Il suffit de regarder les poubelles pendant la période des élections. 
       Chez nous, on est obligé de mettre le papier dans une poubelle jaune et les plastiques dans une poubelle bleue.


    • lephénix lephénix 19 juin 21:18

      @Réflexions du Miroir
      Kafka n’a connu que l’inflation normative traduite en papiers depuis, l’espèce devenue « chair » (?) à tablettes est silicolonisée, techno-zombifiée avant d’être chitinisée, ce qui ne saurait tarder, à l’allure où le train fou du « progrès » qu’on n’arrête pas est lancé dans le mur de l’impensable, avec la mortifère hypercomplexification infligée par la machinerie imposée pour nous couper du réel.....
      ainsi, la boucle est bouclée pour le centenaire de sa mort et la porte reste ouverte à toutes les interrogations, tous les vertiges avec le « poison sémantique » de l’adjectif « kafkaïen »... à chacun d’y voir sa réalité sans déni....


    • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 19 juin 22:49

      @lephénix
       L’adjectif « kafkaïen » est utilisé à tort et à travers quand quelque chose n’est pas compris que ce soit le progrès ou dans le cas de son absence dans le dilemme déchirant auquel fait face Don Diègue dans Le Cid de Corneille dans un univers sans secours, sans solution pour penser la complexité de choix tragiques que l’on ne peut résoudre qu’en éclatant de rire de dépits d’être aussi peu clairvoyant. 


    • lephénix lephénix 20 juin 09:24

      @Réflexions du Miroir
      l’adjectif « ubuesque » s’est invité aussi au « débat électoral »...
      le mois dernier, il y a eu un colloque très nourricier sur kafka « en bilocation » à paris et strasbourg...


    • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 20 juin 12:28

      @lephénix,
       Merci pour l’info.
       C’est notre époque qui devient de plus kafkaïenne et ubuesque.
       On ne sait plus où on va, mais on y va. smiley


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 19 juin 18:59

      Qui trop embrasse mal étreint, dit-on.

       Je n’ai pas trouvé compris l’idée. Alors je ne vais pas commenter, mais ajouter un lien vers un texte qui cite Kafka, et qui avait retenu mon attention. Si ça peut intéresser une seule personne ça sera déjà ça.

       

      « Nous ne faisons aucune différence entre le temps, le temps tout court, et le temps de travail. Ces distinctions nous sont étrangères. »
      Franz Kafka, Le Château

      Cité dans l’article La précarisation et le morcellement du temps - Enquête collective

       

       

       


      • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 19 juin 19:30

        @Francis, agnotologue
         Que fallait-il comprendre ? Quelle idée à commenter ?
         Rien.
         Des liens supplémentaires, j’aurais pu en ajouter bien plus.
         Tout m’intéresse. Tout me sert pour écrire mon journal qui n’a plus rien à voir avec un blog..
          J’ai tenté de cerner la personnalité de Kafka.
          Si vous avez lu « La Métamorphose » qu’en avez-vous retenu ?
          Cela m’intéresse aussi smiley
         


      • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 19 juin 20:47

        @Réflexions du Miroir
         
         ’La Métamorphose’ selon moi est complémentaire de ’Le Verdict’.
         
        Comme Amélie Nothomb, j’y ai vu une métaphore des difficultés de l’adolescence quand le jeune garçon (Grégor Samsa) n’est pas aimé par sa famille.


      • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 19 juin 22:40

        @Francis, agnotologue
         Je ne vois pas ce que vient faire Amélie Nothomb comme métaphore.
         Mais Grégor subit difficilement l’ambiance de sa famille jusqu’à en mourir.


      • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 20 juin 10:16

        @Réflexions du Miroir
         
         ’’ Je ne vois pas ce que vient faire Amélie Nothomb comme métaphore.’’
          >
        Et moi je ne comprends pas cette phrase.


      • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 20 juin 12:32

        @Francis, agnotologue
         Le style d’écriture de Nothomb est métaphorique, mais c’est bien sûr... Ok
         Son adjectif dérivé est d’ailleurs nothombien


      • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 21 juin 09:06

        Bonjour,

          Voici la version complète et définitive de ce billet.

          Bon weekend à tous....

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