En devenant Erectus, l’homme a dû obligatoirement modifier son comportement sexuel
C’est une constatation, nous sommes tous des bipèdes, en dehors de la période de la prime enfance où nous marchons à quatre pattes. Tous bipèdes donc, sauf les culs-de-jatte, ça va de soi, nous aurait si bien rétorqué Georges Brassens ! En revanche, l’immense majorité des mammifères est quadrupède, à l’exception des grands anthropoïdes ou pongidés qui se déplacent en position intermédiaire. Nous ferons l’impasse sur les mammifères sauteurs comme le kangourou ou la gerboise, non par paresse ou esprit simplificateur, mais le lecteur véritablement passionné par la sexualité de ces animaux peut se reporter aisément à des traités de zoologie. Un article sur la pulsion érotique du wallaby serait à la fois trop élitiste et trop confidentiel.
Les premiers hominiens vivaient probablement en forêt comme les gorilles et les orangs-outans et n’avaient aucune raison pratique de se redresser totalement. Si l’on en croit Yves Coppens et d’autres chercheurs, c’est le fait d’aller en savane qui à poussé nos lointains ancêtres à se tenir à la verticale pour voir venir le gibier ou les prédateurs carnassiers au dessus des hautes herbes. Cela a pris des millénaires, mais la bipédie s’est finalement imposée. Après, on connait la suite de l’évolution qui passe par le feu, la roue, l’écriture, l’imprimerie, les allumettes, la fusée Ariane, les fours micro-ondes et les pizzas livrées à domicile !
Jusqu’à une époque préhistorique, les hommes avaient gardé de leur animalité des sens encore très développés et en particulier l’odorat. Cette animalité sera contestée par les croyants de toutes les religions, mais il suffit de lire les ouvrages de Desmond Morris, « Le singe nu » (1968) puis le « couple nu » (1972) pour s’interroger avec lui et se demander si l’homme au lieu de « descendre du singe », n’en serait pas tout bonnement un lui même, la 183ème espèce, selon Desmond Morris.
Or, à quoi sert l’odorat ? A beaucoup de chose : entre autres à sentir venir le feu, à reconnaitre l’odeur des carnassiers et autres animaux dangereux, à anticiper la présence d’un ennemi potentiel ayant une odeur différente des membres de sa horde, à humer les aliments et à reconnaitre ceux qui sont comestibles par expérimentation et transmission de celle-ci. Mais comme chez tous les mammifères, l’odorat permet aussi de reconnaitre un partenaire sexuel, au mâle d’identifier les périodes de rut des femelles du fait des différences d’odeurs induites par l’imprégnation hormonale. Cela est aussi fort utile pour un mâle isolé, ours, chien ou loup, d’identifier le passage d’un autre animal de son espèce, d’en reconnaitre le sexe et dans certains cas la distance ou il se trouve et quand il est passé et aussi à l’intimider. C’est ce qui s’appelle marquer son territoire, soit par l’urine, soit par la défécation, soit encore par des sécrétions péri anales pour certaines espèces.
Tout cela est facilité par un long museau, des flairs et la position horizontale du quadrupède. Et quand on se retrouve entre animaux, il est plus facile de renifler les partes génitales d’une éventuelle partenaire que lorsque l’on est debout. En se redressant, l’homo erectus est peut-être devenu chaud lapin, si l’on en croit Serge Reggiani, mais il a progressivement perdu en capacités olfactives.
Imaginons maintenant que du fait de l’évolution, du hasard, ou de la volonté divine, si l’on est croyant, que l’homme ait pu développer une civilisation avec langage, écriture et progrès, mais soit resté quadrupède. Hypothèse purement académique, car l’étude des coupes anatomiques de cerveau décrivant la répartition de la sensibilité et de la motricité montrent une hypertrophie des zones concernant la main et plus particulièrement le pouce. C’est la main qui a développé le cerveau chez les hominiens jusqu’à ce qu’il atteigne sa taille actuelle avec l’arrivée de l’homo sapiens. Donc si l’on veut rester totalement scientifique et rationnel, on doit admettre que la position bipède est à l’origine du progrès. Mais rêvons un peu et laissons nous aller à une éventualité de civilisation quadrupède. Dans le domaine de la littérature, Jonathan Swift y avait déjà pensé en imaginant un lieu où les être censés et doués de raison seraient des chevaux, les Houynmns, et les être inférieurs et frustres des humains, les Yahoos. Mais l’auteur irlandais des voyages de Gulliver avait aussi de l’imagination dans le domaine sexuel. La fille du roi des Géants utilisant le héros du roman comme une sorte de godemiché et l’incommodant du fait de la puissance de ses odeurs corporelles.
Restons donc dans l’hypothèse d’un quadrupède doué d’une raison supérieure capable d’inventer une civilisation. Et là, on voit que le bat blesse. Car même avec l’invention des vêtements ne laissant pas le cul à l’air, on peut mal imaginer l’existence du métro et encore moins du RER, avec des passagers entassés ayant le nez au niveau des organes génitaux des autres voyageurs. Certains proposeront la solution islamiste de wagons séparés pour hommes et femmes, comme dans le métro du Caire, mais c’est faire fi de l’homosexualité qui mettrait certains voyageurs dans une situation embarrassante. Car l’homosexualité n’est pas l’apanage du bipède dans la nature.
Par contre la position debout permet une plus grande imagination et multiplie les possibilités de varier les plaisirs dans l’accouplement. Les Bonobos, qui sont plus souvent en position érigée avant d’être en position érectile se permettent quasiment toutes les prouesses des humains. Et n’ayant été évangélisés, ils n’ont ni a priori ni aversion pour celle du missionnaire, mais ils en pratiquent bien d’autres car la bipédie n’empêche en rien le face à face.
Mais continuons sur la lancée de l’hypothèse quadrupède. En admettant que la main ait pu s’adapter pour rester un organe de la marche en même temps que de l’écriture, on peut se demander alors comment réussir à draguer au bureau en étant à quatre pattes. Disons tout de suite que cette position aurait tout de même l’avantage de permettre des fellations, cunnilingus et autres travaux d’approche à l’écart de regards indiscrets, le mobilier de bureau faisant office de hautes herbes, comme au bon vieux temps de la savane. Il serait aussi plus facilement admissible et fréquent de mordre la nuque de sa partenaire pendant l’acte sexuel comme le font les grands félins. Par contre, les tentatives de copulation verticale dans les toilettes d’un train ou d’un avion seraient beaucoup plus hasardeuses.
Curieusement, la position quadrupède limiterait si ce n’est supprimerait la pédophilie, car ayant une sexualité encore très liée à l’odorat, ce qui n’est plus beaucoup le cas à présent, l’individu éprouvant un désir sexuel rejetterait immédiatement l’impubère à l’odeur, faute d’imprégnation hormonale suffisante. Il ne s’accouplerait qu’avec des partenaires sexuellement matures, ce qui éviterait toutes les arguties juridiques actuelles de l’affaire Polanski à celle des footballeurs. Ainsi l’âge légal autorisant les rapports sexuels serait calqué sur la maturité physiologique. Des quadrupèdes pourraient donc se renifler la verge ou la vulve au bureau, dans le bus ou l’ascenseur entre adultes consentants sans avoir recours au Club Méditerranée ou aux clubs échangistes et autres boites à partouze.
On peut bien évidemment imaginer tout une série d’attitudes et de comportements totalement modifiés par la position à quatre pattes, tant au niveau sexuel que social. Mais, là, il faudrait tout un volume pour en venir à bout.
Cela dit, notre statut de bipède ne nous empêche pas de réutiliser notre odorat à des fins sexuelles. Nous en avons encore l’instinct ancré au plus profond de nous. Mais notre mode de civilisation, finalement assez récent, il date tout au plus de 7 à 8000 ans, nous a fait oublier l’utilisation de notre nez. En théorie, rien ne nous interdit de nous en servir à nouveau. Hélas, et il ne s’agit pas uniquement de sexualité, le désir de se comporter comme nos semblables nous incite trop souvent à l’autocensure et à rentrer dans le rang des bien-pensants.
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