https://www.mediapart.fr/journal/france/201221/des-soutiens-de-zemmour-menacent-dans-une-video-des-membres-de-lfi-macron-et-les-bougnoules
C’est une vidéo d’environ une minute et trente secondes révélée sur
les réseaux sociaux par le groupe antifasciste Jeune Garde. On y voit un
homme, fusil de précision à la main, sur un stand de tir. Face caméra,
il explique qu’il va « s’entraîner à chasser du Garrido sauvage », en référence à Raquel Garrido, ex-porte-parole de La France Insoumise (LFI).
La comparant à une « truie »,
l’homme montre fièrement le calibre des cartouches qu’il s’apprête à
utiliser avant de mettre en joue son arme et de faire feu. Il tire une
seconde fois en mentionnant Alexis Corbière, compagnon de Raquel Garrido
et député LFI. « Deux balles, trois morts, ça a ricoché sur un antifa derrière », ajoute-t-il.
Dans une seconde séquence, le même homme indique tirer sur des « antifas et des gauchistes », et développe sur ses cibles imaginaires : « Il y a des drapeaux algériens et marocains, donc on va s’empresser de tirer. »
D’après les informations de Mediapart, l’homme sur ces images qui
utilise le pseudonyme « Miles Christi » sur les réseaux sociaux,
« Chevalier du Christ » en latin, est un militaire ou ex-militaire. Sur
une photo publiée il y a quelques mois sur Instagram, il apparaît en
treillis, visiblement à l’exercice, en train de manipuler un mortier. De
dos, il est néanmoins reconnaissable au tatouage caractéristique qu’il
porte à l’arrière du crâne, également visible sur les images au stand de
tir.
D’autres vidéos obtenues par Mediapart montrent un second homme au même stand de tir.
Casquette sur la tête marquée du gimmick d’Éric Zemmour « ben voyons », devenu un véritable slogan de campagne, il s’adresse également à la caméra. « Ben voyons, les amis, on va éclater qui là ? Du jeune gaucho, du jeune communiste, du jeune bougnoule mental ? », interroge-t-il avant de mettre son arme en joue. Sur une autre séquence, il feint la surprise et s’exclame : « Ah, Emmanuel Macron ! », avant de faire feu.
Sur ses réseaux sociaux, ce jeune homme affiche ouvertement son soutien à Éric Zemmour.
En
bannière sur son profil Twitter apparaît par exemple une photo du
candidat à la présidentielle au salon de l’armement Milipol, fusil en
joue, qui n’est pas sans rappeler son geste à l’égard des journalistes ce jour-là. Sur Internet, le jeune homme documente également sa présence au meeting du 5 décembre dernier à Villepinte : « Rassemblement patriotique pour le Z !!! » ou « Enfin le vrai homme providentiel que tous français [sic] », écrit-il en partageant des images de l’événement.
Entré
en contact avec Mediapart après la publication de cet article, il
assure à propos des images filmées au stand de tir qu’il ne s’agit pas
d’une « vidéo sérieuse » et explique qu’il faut « arrêter de dramatiser cette affaire : on s’est un peu lâchés avec humour et sinon y a rien de méchant ». Interrogé sur sa présence au meeting d’Éric Zemmour, il affirme ne pas soutenir le candidat mais « aimer beaucoup ses idées ».
En novembre dernier, StreetPress
révélait d’autres images de militants d’extrême droite s’entraînant au
tir sur des caricatures racistes de juifs, de musulmans et de Noirs. Les
mêmes collaient également des affiches pour celui qui n’était alors pas
encore candidat : Éric Zemmour.
Sébastien Bourdon
Boîte noire
Cette enquête a été
actualisée mardi 21 décembre à midi, après que l’un des protagonistes de
la vidéo a finalement répondu à nos questions. Ses réponses figurent
dans l’article.