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Commentaire de Agafia

sur Robert Menard, de la crêche à l'Algérie française


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Agafia Agafia 1er janvier 2015 22:58

Bonjour et selon la formule consacrée Bonne Année à toutes et à tous.


Remplacer « les accords d’Evian » par le nom d’un officier putschiste ... Chacun jugera cet acte selon ses convictions... Personnellement ça ne me choque pas d’autant que R. Ménard aurait pu choisir pire... 
Car peut-on objectivement crier à l’outrage en voyant baptiser une rue au nom du Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc ? 

Hélie de Saint-Marc était de ces hommes rares alliant le courage, le sens du devoir et l’humanisme et qui incarnait admirablement l’Honneur et la Fidélité, piliers de la Légion Etrangère.

Résistant au sortir de l’adolescence, déporté et quasi mourant à la libération de Buchenwald,, il intègra Saint-Cyr dès que sa santé très ébranlée par les conditions de survie du camp, fut rétablie.
L’Indochine et son abandon au VietMinh par la France l’avait douloureusement marqué. Sa déclaration devant le haut tribunal militaire en juin 61 en fait foi et fut certainement, dans l’esprit de cet homme pour qui l’honneur et les promesses n’étaient pas de vains mots, la motivation première de son ralliement au putsch.

« (...) Nous nous souvenions de quinze années de sacrifices 
inutiles, de quinze années d’abus de confiance et de reniement. 
Nous nous souvenions de l’évacuation de la Haute-Région, 
des villageois accrochés à nos camions, qui, à bout de forces, 
tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Nous nous 
souvenions de Diên Biên Phû, de l’entrée du Vietminh à 
Hanoï. Nous nous souvenions de la stupeur et du mépris de 
nos camarades de combat vietnamiens en apprenant notre 
départ du Tonkin. Nous nous souvenions des villages 
abandonnés par nous et dont les habitants avaient été 
massacrés. Nous nous souvenions des milliers de Tonkinois se 
jetant à la mer pour rejoindre les bateaux français. (...) »

La blessure Indochinoise n’était pas cicatrisée et revivre en Algérie ce drame des populations livrés à l’ennemi lui paraissait assez insupportable pour le décider de rallier les putschistes. Car une fois de plus, les politiques dans leurs bureaux parisiens avaient menti, et une fois de plus, c’était officiers et soldats, sur le terrain, qui devaient assumer les décisions des premiers de trahir les populations ayant cru en la France.
C’était un Homme avec un grand H comme Honneur et assister à ce remake d’un scénario lui ayant laissé un goût amer l’avait convaincu d’agir. Il avait du abandonner les vietnamiens au Vietminh , il se refusait à abandonner les algériens au FLN. 
Ce combat lui avait paru une juste cause.
Mais le putsch a échoué, il s’est constitué prisonnier avant d’être jugé et condamné. 
Jusqu’au bout, il a assumé ses actes en soldat et en homme d’honneur, fidèles à ses principes.

Il est mort en 2013, dans l’indifférence générale, ou presque, mais sa mémoire restera vivante et j’invite ceux qui ne le connaissent pas à découvrir cet homme hors du commun.
Respect...

Et pour ma part, je serais plutôt fière d’habiter rue du Commandant Hélie de Saint-Marcsmiley


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