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Commentaire de Christian Labrune

sur Tant qu'on n'a pas été enseignant, on ne sait pas ce que c'est !


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Christian Labrune Christian Labrune 8 mars 2012 15:25

@Alain Colignon
Je trouve stupides la plupart des réactions qui nient, ici, la quantité de travail à laquelle les professeurs doivent faire face aussi bien que la difficulté de ces tâches : c’est parler de ce qu’on ne connaît pas. Mais ce que vous écrivez, vous, n’est pas faux. J’ai vu très souvent des élèves des sections C (les meilleurs dans toutes les discipline - ou plutôt, désormais, les moins mauvais) incapables de penser une règle de trois et obligés de passer mécaniquement par l’écriture de la quatrième proportionnelle ! Ne parlons pas de la maîtrise du français et de la capacité à faire preuve d’esprit critique.
Vous avez raison aussi d’incriminer le discours ordinaire, lequel porte sur les « moyens ». Les moyens sont nécessaires, mais point du tout déterminants, et quand les élèves du second cycle sont perdus parce qu’ils ne maîtrisent pas ce qui devrait être acquis dès la cinquième, on peut bien les encombrer de toutes les béquilles des « soutiens personnalisés » qu’on voudra, cela ne servira plus à rien.
Il ne faut pas confondre le quantitatif et le qualitatif ; c’est pourtant ce qui se passe depuis plus de trente ans dans l’éducation nationale. Or, sur le plan du qualitatif, qui est tout à fait essentiel, la vérole « pédagogique » a complètement détruit les enseignements. Quiconque a enseigné sait qu’avec des élèves qui disposent d’un niveau suffisant et lorsqu’on a un peu l’habitude des classes, toutes les méthodes se valent et permettent de réussir sans qu’il soit besoin de les théoriser. Quand on commence à parler de pédagogie, c’est que, déjà, rien ne passe plus, et les emplâtres magiques des pseudo-sciences de l’éducation ne font en général qu’aggraver la situation.
Comment en est-t-on arrivé là ? Les socialistes, lorsqu’ils étaient au pouvoir ont entrepris de détruire l’école républicaine. Cela s’est fait en une vingtaine d’années. Et on ne peut pas dire, hélas, que les enseignants, quoique majoritairement « de gauche » aient correctement pris la mesure des menaces qui pesaient sur le système. Ainsi, on ne leur a jamais mis le couteau sous la gorge pour leur demander d’appliquer des méthodes destructives, et pourtant ils l’ont fait, encouragés précisément par des syndicats, le SNES en particulier, qui se bornaient à réclamer des gommes et des crayons quand il aurait fallu refuser fermement des orientations désastreuses et destructives.
Maintenant, le mal est fait. Les enseignants, qui n’ont toujours rien compris, voteront massivement pour un Hollande qui continue à pousser la même chanson sirupeuse des « moyens ». Cela ne signifie évidemment pas que je leur recommanderais de voter pour Sarkozy : la droite s’accommode et même se réjouit de cette destruction du système d’enseignement public : pour ceux qui en ont les moyens, il y aura de plus en plus de bonnes écoles privées. Mais l’ascenseur social que constituait l’école républicaine est désormais en panne, et je ne vois personne qui se propose de le réparer. Mélanchon moins que quiconque : en tant que ministre de l’EN, il s’est très bien entendu à dynamiter, et avec la même application que ses prédécesseurs.
 


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