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  • sheeldon 16 juin 2010 10:55

    THOMAS FRANK
    Pourquoi les pauvres votent à droite. Comment les conservateurs ont gagné le cœur des Etats-Unis (et celui des autres pays riches), Marseille, Agone (Contre-feux), 2008

    ROMAIN HURET
    La fin de la pauvreté ? Les experts sociaux en guerre contre la pauvreté aux États-Unis (1945-1974), Paris, EHESS (En temps et lieux), 2008, 237 p.

    En cette année 2008, il semble difficile de penser que les États- Unis aient pu abriter des penseurs progressistes, tant les années Reagan et Bush (s) ont identifié dans nos esprits Amérique et régression sociale, ultralibéralisme, ravages planétaires d’un capitalisme financiarisé débridé. Pourtant, ces deux ouvrages nous permettent d’affiner notre perception en nous montrant combien les États- Unis furent le lieu d’une féroce bataille idéologique depuis la Seconde Guerre mondiale, opposant libéraux et conservateurs aux conceptions de la société divergentes. Le courant progressiste et libéral culmine dans l’effort rooseveltien du New Deal pour construire une société plus juste et plus équilibrée, et se prolonge dans l’idéal (ou le slogan) johnsonien de « Grande Société », alors que le courant conservateur, subjugué par le New Deal, ressurgit dès la fin des années 1940 pour se muer progressivement en ce phénomène néoconservateur que nous subissons : celui-ci regagne les esprits à partir de la fin des années 1960 et s’impose à travers Ronald Reagan. Ces deux ouvrages se complètent donc pour comprendre la défaite du courant libéral étatsunien, face aux néoconservateurs, qui ont su déplacer la bataille sur le terrain des valeurs, esquivant ainsi la réflexion sur le modèle de société et le partage des richesses. Relisons Gramsci : pour remporter la guerre politique, il faut imposer ses idées, sa « culture  » (valeurs, conception de la société, choix collectifs…), et entraîner l’adversaire sur un terrain qui ne lui est pas familier, le contraindre à des postures défensives, voire à se renier. On pourra commencer par la lecture de l’ouvrage de Romain Huret, issu de son travail de thèse, qui analyse la réapparition du thème de la pauvreté dans les États-Unis des Trente Glorieuses, suite aux efforts d’experts libéraux, et les aléas de son traitement politique. L’étude porte, non sur une catégorie prédéfinie et rigide, mais sur une nébuleuse, l’ensemble des experts qui abordent cette question de la pauvreté, et dont les parcours professionnels et idéologiques sont variés : fonctionnaires fédéraux, chercheurs rétribués par des fondations ou des think thanks, universitaires, travailleurs sociaux. Le poids de ces experts, à l’interface des mondes intellectuel et politique, va grandissant dans les années 1950, durant lesquelles l’État fédéral croît et se professionnalise. Ce choix d’un objet d’étude souple permet de croiser les trajectoires, et donc de montrer l’importance des convictions personnelles et des positionnements scientifiques dans la construction du savoir. De plus, chaque chapitre propose le portrait fouillé d’un expert, afin de saisir la variété et la richesse des parcours. Tout d’abord, R. Huret décrit le patient effort des experts pour faire réapparaître parmi les préoccupations collectives une pauvreté qui semblait avoir disparu dans un pays devenu société d’abondance et de consommation. Peut-être étaitce un moyen pour certains rooseveltiens de réintroduire la question sociale. Enquêtes et rapports entreprennent d’alerter l’opinion sur la persistance de la pauvreté, rurale notamment. Mais, très vite, les experts se divisent sur le calcul d’un seuil de pauvreté, nécessaire pour quantifier le phénomène et prescrire des politiques ; les débats entre statisticiens peuvent paraître arides, mais intéresseront tous ceux qui sont sensibles à la production de ces statistiques et catégories grâce auxquelles on peut forger des opinions et imposer des décisions. Cette question de la mesure (Combien de pauvres ? En fonction de quels paramètres ?, etc.) suscite de vastes débats, qui s’articulent aux polémiques sur les causes. Une partie des experts tente d’imposer une réflexion sur le partage des fruits de la croissance et préconise de ce fait d’agir sur la distribution des revenus, mais sans s’accorder sur les moyens d’action (un impôt négatif ? des allocations familiales sur le modèle européen ?), une minorité portant même le projet d’un revenu minimum garanti. Ces propositions s’affrontent aux conceptions behavioristes en vogue, qui interprètent l’état de pauvreté comme l’enfermement dans une « culture  » : cela conduit à développer des « programmes d’action communautaire » ciblés, visant à agir sur des comportements décrits comme inadéquats et irrationnels, voire dangereux et criminels. Cette vision « culturaliste  » renvoie l’individu à sa responsabilité et dédouane la société de toute réflexion collective. De même, pauvreté et délinquance sont associées dans une déploration stigmatisant la crise du modèle américain traditionnel du fait de l’urbanisation et des transformations économiques. Puis R. Huret nous montre à quel point tous ces experts vivent une cruelle désillusion au contact des politiciens, qui instrumentalisent leurs travaux tout en n’en retenant qu’une partie des conclusions. Les Républicains orchestrent la polémique sur les défauts du Welfare State pour discréditer les idéaux libéraux. Certes, les administrations démocrates (John Kennedy, Lyndon Johnson) s’emparent de la question de la pauvreté : le projet johnsonien de « grande société » et de « lutte contre la pauvreté » semble fournir aux progressistes une occasion historique de faire triompher leurs idéaux. Mais le poids des représentations, le contexte de guerre froide, les craintes électoralistes inhibent les politiciens, qui perpétuent la logique catégorielle réservant l’aide aux pauvres « méritants », et se refusent à remettre en cause le modèle américain de société. Dès le début des années 1970, malgré les ultimes efforts de l’administration Nixon, les experts doivent reconnaître leur défaite : la voie est libre pour la pensée néoconservatrice, qui pourra mettre à mal le filet social si difficilement tissé. On le voit, cet ouvrage riche et dense démontre combien une catégorie aussi « évidente » que celle de la « pauvreté » fait l’objet de constructions théoriques et de manipulations idéologiques : dure et stimulante leçon que nous pouvons méditer en notre France de 2008. On poursuivra la réflexion par la lecture de l’ouvrage de Thomas Frank au titre programmatique : il s’agit de comprendre pourquoi une partie importante des catégories populaires étatsuniennes ont basculé depuis les années 1980 vers un vote conservateur qui pourrait sembler contraire à leurs intérêts, en élisant des Congrès et des présidents (Reagan, Bush père et fils) dont les politiques néolibérales (au sens français) favorisent les grandes fortunes et les entreprises multinationales, au détriment souvent des simples salariés. Th. Frank nous montre comment la bataille des idées a été menée pour reconquérir cette portion stratégique de l’électorat : les questions sociétales ont été instrumentalisées afin de détacher les ouvriers et les employés des courants libéraux, décrits comme opposés aux valeurs profondes et salvatrices de l’Amérique ; la reconquête est passée par les valeurs, notamment familiales (Th. Frank décrit avec force le rôle crucial de la guerre déclenchée contre l’avortement et l’homosexualité, qui permet d’unifier l’électorat convoité autour de positions réactionnaires), et l’affirmation de libertés prétendues menacées (le port d’armes notamment). D’autre part, la dénonciation des prétendues dérives du Welfare permet de diviser les travailleurs entre eux, notamment en réactivant les préjugés raciaux, en opposant les «  bons », ceux qui se lèvent tôt pour travailler, aux « mauvais », les assistés, plus fréquemment de couleur. De plus, les affres de la mondialisation poussent les plus fragiles à rechercher une sécurité morale dans le retour aux valeurs traditionnelles, dont les républicains s’arrogent le monopole. Le processus conduit à une droitisation des catégories populaires. Si l’argumentaire est fondé sur des exemples pris dans l’histoire du Kansas, dont l’auteur est natif, ce qui donne parfois un tour répétitif au propos, le sujet est universel : comme le souligne Serge Halimi dans sa préface, le cas du Kansas (et des États-Unis en général) n’est pas sans évoquer celui de la France, qui s’est donné un président féru de civilisation étatsunienne et habile manipulateur de valeurs.



  • sheeldon 15 juin 2010 08:33

    libé mais PTDR vous dites n’importe quoi !

    http://www.youtube.com/watch?v=CzNuF6nXskc

    voila ce qu’il en pense de libé !

    les faits n’ont aucune importance face a un fanatique !





  • sheeldon 11 juin 2010 13:34

    http://tvbruits.org/spip.php?article981

    a maté la partie 4 an priorité ;o)



  • sheeldon 11 juin 2010 13:14

    bonjour

    très bon article

    cordialement

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