Recherche : deux continents, deux systèmes
J’ai pris l’habitude d’aller régulièrement voir les sites parlant de recherche océanographique, et je suis frappé de voir la différence entre le vieux et le nouveau continent. D’abord, les sites anglo-saxons sont plus riches que les européens, avec une grande culture du "libre de droit" pour les images scientifiques "grand public" (je suppose qu’ils conservent les droits des images "top niveau"). En Europe, peu de documents sont libres sur le site web (hormis sur le site Aviso, pour l’océanographie spatiale, notamment). En Europe, et tout particulièrement en France, on a essentiellement affaire à des organismes d’Etat (Ifremer et IRD, par exemple, pour la France). A de très rares exceptions près (Institut universitaire européen de la mer, par exemple), c’est de là, et seulement de là, que viennent les informations. Aux Etats-Unis et au Canada, trois origines différentes : l’Etat (NOAA aux Etats-Unis), les Universités (Scripps pour l’Université de Californie-San Diego, Stanford, Yale, Université de Floride...) et les organismes privés (Woodshole, Harbor Branch, Mbari...). Et ces derniers peuvent souvent être aussi puissants, ou en tout cas importants dans le monde de la recherche, que les institutions publiques ou para-publiques. En France, les privés sont quasi-inexistants, ou alors d’une taille plus que modeste (Institut Paul Ricard).
Pourquoi ? Le système fiscal américain, qui encourage les dons défiscalisés, y est un peu pour quelque chose. La richesse du pays aussi. Mais est-ce tout ? N’a-t-on pas aussi une profonde différence de culture, qui fait qu’on délègue tout cela à l’Etat ?
Les Français à qui j’en ai parlé ont deux réactions : soit ils vantent les mérites d’un système aussi riche, qui donne autant de moyens aux chercheurs, soit ils lèvent le bémol de la difficulté d’un système anglo-saxon où règne le diktat de la publication scientifique (soit tu publies des résultats de recherche dans les grands journaux scientifiques, soit tu perdras à terme ton poste de chercheur...). Alors ? Je ne tranche pas. Peut-être faut-il trouver un système intermédiaire entre la violence du système anglo-saxon et l’étatisation de la recherche européenne. Mais je suis curieux de connaître l’avis des chercheurs eux-mêmes. Pourquoi n’y a-t-il pas d’organismes privés européens puissants ? Et un système plus compétitif, plus ouvert aux jeunes chercheurs, est-il possible en France ? La question est à 1000 euros (mais ce n’est pas Nautilus qui les donnera !)
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