Phénomène compensatoire de la fracture numérique
La situation actuelle sur Internet devient difficilement tolérable. Incitations à la haine, violence, sexe... un seul clic suffit aujourd’hui pour entrevoir les plus viles turpitudes. Le ministre chargé de la famille, Philippe Bas, estime même que « s’il ne convient pas de laisser les enfants dans la rue le soir, il ne faut pas non plus les laisser seuls sur Internet »...
Au terme d’un accord réactif, paraphé récemment par les fournisseurs d’accès et les pouvoirs publics, un contrôle parental sera systématiquement proposé aux nouveaux abonnés à Internet au cours du premier trimestre 2006. Ce filtre salvateur, sensé protéger enfants et adolescents de l’impie, serait même frappé du sceau de la gratuité... à plus d’un titre d’ailleurs, car on ne voit pas comment ces braves parents, internautes néophytes et malhabiles, même bardés de logiciels préventifs, pourraient parvenir à déjouer les pièges tissés sur la Toile par des âmes damnées. Mettre un père ou une mère derrière chaque tête blonde présente par ailleurs un sérieux handicap : la disponibilité. Le surf flirte souvent avec les rivages de l’addiction, et on voit mal les jeunes attendre passivement ces improbables duos « parent-enfant » devant leur écran. Ce côté obscur d’Internet n’est sans doute qu’un péché de jeunesse. Le temps se chargera de filtrer les provocations en tout genre, avec beaucoup plus d’efficacité que tous les contre-feux informatiques. En attendant, le problème semble difficilement soluble. C’est, en quelque sorte, le phénomène compensatoire de la désormais célèbre « fracture numérique ». Côté pile, des enfants candides puisent exclusivement le gai savoir dans les livres ; côté face, de jeunes branchés brûlent leurs tendres ailes à ce miroir qui leur projette l’affreuse image du monde tel qu’il est.
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