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Accueil du site > Actualités > International > La France, mère partie ?

La France, mère partie ?

En juillet 1534, Jacques Cartier a découvert ce que nous appelons aujourd’hui le Québec. Depuis sa découverte, tant bien que mal cette colonie se transforme lentement en pays. La France a été notre mère patrie jusqu’en 1760. Depuis plus de 250 ans, cet îlot francophone en terre d’Amérique lutte pour conserver sa langue et sa culture. Pour survivre quoi.

De l’intendant Jean Talon dans les années 1660 à la Première ministre Pauline Marois, aujourd’hui, la Nouvelle–France, le Bas-Canada, “The Province of Quebec“, l’État du Québec pour les uns et la province de Québec, pour les autres a su résister aux tentatives d’assimilation découlant de son statut de vaincu. Ce petit groupe de 65 000 habitants à l’époque dépasse maintenant les 8 millions d’habitants. De ce nombre, 80% sont francophones entourés par plus de 300 millions d’anglophones.

Tous les gouvernements du Québec depuis la Révolution Tranquille ont tenté, en théorie pour quelques-uns et en pratique pour d’autres, de protéger cette langue et cette culture. Nous ne pouvons crier victoire, les luttes pour survivre sont quotidiennes. La plupart des orientations privilégiées par les gouvernements du Québec pour protéger notre langue provoquent une levée de boucliers du ROC (Rest of Canada) et des anglophones du Québec. Il faut savoir que le Québec francophone représente une des plus grande communauté française de la planète derrière de ce qui fut jadis notre mère patrie, la France.

Par snobisme ou par un sentiment de supériorité historique, nos cousins de France naviguent aveuglement vers l’anglomanie : les termes et les expressions anglaises foisonnent dans tous leurs médias. Ils ont fait une crise d’apoplexie, il y a quelques années, lorsque l’Université de New-York à Albany a voulu éliminer le français de leur programme des langues étrangères. Le Siècle des Lumières se retrouve seulement dans les livres d’histoire. Maintenant, c’est l’enlisement continu. Les députés français s’apprêtent à adopter une loi qui permettra de dispenser des cours en anglais dans les universités de France : c’est la colonisation inversée. Notre ancienne mère patrie déraille : “c’est la fin des haricots“. 

Lors du Forum de la Francophonie, tenu à Québec en juin 2012, Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, déclarait que la France est loin de faire tout ce qui est en son pouvoir pour la promotion de la langue française. Pour la France c’est maintenant “Business as usual“ ; pour nos cousins l’avenir de la langue française, c’était hier. Les universitaires et les intellectuels s’en moquent, il faut dorénavant y ajouter les députés. C’est une nouvelle trahison de la mère patrie pourrions-nous conclure.

La France ne peut plus se vanter d’être le vaisseau-amiral de la langue française. La sauvegarde de la langue française passe par les luttes que devront mener les Québécois, les Wallons et les Suisses Romands. Ces groupes minoritaires semblent plus sensibles et “allumés“ pour sauvegarder leur héritage linguistique que notre ancienne mère patrie. Nos amis Wallons, Romands, tout comme les Québécois ont peut-être des accents, ils n’ont peut-être pas “le parler pointu des parisiens“, ils ne sont pas les dépositaires d’une illustre Académie, mais ils tentent mieux que mal de protéger leur héritage. Quoique…. Il se peut que cette nouvelle réalité choque nos cousins français qui se voient ainsi relégué à un rôle secondaire : leur prétention séculaire est mise à mal, ils boudent dans un coin ; eux qui ont l’habitude de donner des leçons.

Depuis la disparition du Grand Charles, la France a perdu de son influence et de son lustre sur la scène mondiale. Elle est en panne d’inspiration tant dans sa cour intérieure qu’à l’échelle de la planète.

Pour les francophones du Québec, la France demeure leur mère patrie, on ne peut renier ses ancêtres. Nous allons la visiter comme nous allons visiter un musée ; nous voulons retrouver nos racines et une partie de notre histoire Ils souhaitent tout simplement ne pas être dans l’obligation de “pratiquer“ leur anglais lors d’une prochaine visite. Notre anglais nous le mettons en pratique en visitant le Canada et nos voisins du Sud. 

Après avoir perdu sa colonie en 1760, la France, mère patrie est devenue une mère partie et de plus en plus absente. Son passé glorieux, nous le retrouvons dans nos livres d’histoire.

 


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13 réactions à cet article    


  • Mmarvinbear Mmarvinbear 27 mai 2013 14:54

    Le Québec adore s’ériger en parangon de vertu linguistique, en imposant une francisation à l’absurde.


    Quel mal à exploiter « Toy story » sous ce nom, pourquoi imposer « Histoire de jouet », qui confine au ridicule ? A ce niveau, il faut voir comment serait-il possible de faire tourner un logiciel « Miniprogramme » sur un ordinateur « Pomme » en double-démarrage avec Fenêtres 8.

    Que penser des élites québécoises qui se gargarisent de parler plus Français encore que les Français dans leurs salons alors que dans la rue on « fixe les breaks du tanks » dans tous les garages pour ne pas se planter au prochain virage ?

    Pourquoi reprocher aussi à la France de ne pas pousser la Francophonie plus avant ?

    Soit on fait rien et on se fait engueuler à laisser l’anglais et le chinois progresser, soit on intervient et on se fait engueuler et traiter de néo-colonisateur !

    Faudrait savoir ce que vous voulez !




    • Aldous Aldous 27 mai 2013 15:43

      C’est plus un bear, cet énervé de Beauport, c’est un chien d’poche !


    • Aldous Aldous 27 mai 2013 15:46

      Bernard, d’ici 2015 il va nous arriver la même chose qu’à vous...


      On pourra lire le passé glorieux de la France dans des livres d’Histoire et on vivra en Transatlantie.

      • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 27 mai 2013 17:12

        Pour qu’une langue ne meurre pas, il lui faut des locuteurs et donc il faut faire des gosses ce que les Québecquois ne sont plus disposés à faire vu les problèmes de dépopulation du Québec.



        • Jean-paul 27 mai 2013 17:43

          @ l’auteur

          En tant que retraite quebecquois je suppose que vous passez votre hiver en Floride et que vous faites votre shopping a New York . :)


          • L'enfoiré L’enfoiré 27 mai 2013 19:07

            Bonjour,

             Le Québec, la plus grande patrie française ?
             Mais c’est en Afrique, que cela va se maintenir à niveau.
             Dommage, que vous ne puissiez pas y mettre l’accent dans la synthèse vocale de votre texte. smiley
             Puisqu’on utilise le « tu » bien plus franchement au Québec qu’en France, je vais donc l’utiliser.
             Tu sais notre belgitude, on aime l’avoir comme toi quand tu dis 
             Il faudra qu’on raccroche ses patins ensemble, dis.
             Sais-tu que je me suis entraîné à la planche à parler comme toi ?
             J’ai été  mal ammanché quand j’ai parlé de notre petit pays et notre bruxellois parce qu’il n’arrêtaient pas de chigner quand ils parlaient de la culture française ?
             Non, on tataouine, chez nous aussi.
             Si tu as de la misère avec l’anglais, nous c’est avec le flamand.
              Mais vois-tu eux ils ont plus de foin.
              Le Wallon reste avec sa seule couenne dure.
              Tu vois comme on se ressemble, dis ?
              Si tu veux je peux répéter cela dans la langue de chez nous. smiley
             
             

            • L'enfoiré L’enfoiré 27 mai 2013 19:10

              J’ai oublié de dire salut à toi, Comme c’est l« heure du souper, je vais partager une expression »j’ai l’estomac dans les talons." 

              et j’en ai les yeux dans la graisse de binnes
               smiley 

            • L'enfoiré L’enfoiré 27 mai 2013 19:29

              La différence, c’est que pour toi, la France est cousine, pour nous, elle est voisine.


            • ffi ffi 28 mai 2013 01:21

              En Afrique, le Français est une langue vernaculaire, les populations ont généralement leur patois local et le Français sert à faire le lien entre les locuteurs de ces divers patois.
               
              L’Afrique peut très bien glisser progressivement vers l’anglais (comme le Rwanda et le Vietnam l’on fait). En revanche, en France, en Romandie, en Walonnie, au Québec, à Haïti voire même en Louisiane, le Français est langue maternelle.
               
              Il y a beaucoup de pages au sujet des Franco-Américain sur Wikipédia, et j’y ai découvert un monde insoupçonné. Il y a des communauté en Acadie, dans le Maine, le New Hampshire, le Vermont, au Manitoba.
               
              Mais c’est vrai que l’Etat Français ne semble plus avoir le désir de soutenir la langue française, y compris en France. Ce n’est pas que les gens en France ne désireraient pas qu’il en soit autrement. Mais l’État Français est actuellement particulièrement bien soumis à la domination impériale Anglo-Saxone, enchaîné qu’il est par l’UE, les élites étant formées a être de bon petits collabos bien obéissants.


            • ffi ffi 28 mai 2013 01:22

              Il fallait lire : En Afrique, le français est une langue véhiculaire.


            • L'enfoiré L’enfoiré 28 mai 2013 08:52

              Merci pour cette analyse.

              Pas ma recherche des expressions québécoises (que j’ai trouvée très amusantes), je voulais prouver, que même si la langue maternelle peut être fort entamée par une foule version disons « plus exotiques ». 
              L’auteur de cet article pourrait le confirmer.
              Le wallon, je ne le comprends que difficilement, par bribes et encore, cela dépend de l’endroit où il est parlé.
              Le bruxellois, j’ai été élevé dans cet environnement m’est plus familier et il est altéré par le flamand et l’anglais qui cohabitent sans 
              En France, la volonté de purisme que je ressens parfois, avec les frustrations devant un « tu » considéré une familiarité mal placée, une orthographe défaillante considéré comme une attaque contre la langue, ne tiennent pas dans la longueur du temps et de l’espace. 
              Si une langue n’évolue pas régulièrement, elle meurt de sa belle mort.
              Les langues subissent comme le reste, les affres ou les bienveillances de la mondialisation bien plus que par le passé. 


            • L'enfoiré L’enfoiré 28 mai 2013 09:13

              «  cohabitent sans mal »

              Le mot « mal » manquait.

            • L'enfoiré L’enfoiré 3 juin 2013 15:03

              Bizarre, à ce jour aucune réaction de l’auteur qui se disait Québécois.

              Bon, faudra faire avec comme on dit chez nous.
              Entre temps, j’ai repris la référence dans le mien.
              Je rends l’antenne à Cognacq-Jay.
               smiley
               

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