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Accueil du site > Actualités > International > Au Ghana les pêcheurs sont équipés d’appareils photos

Au Ghana les pêcheurs sont équipés d’appareils photos

Le Ghana avec ses côtes poissonneuses et ses villages de pêcheurs ne ressemble plus vraiment à cette carte postale. En effet la pêche industrielle pratiquée par les chalutiers usines appauvrit considérablement les eaux ghanéennes. Les chalutiers sans scrupules n’hésitent pas à pénétrer dans les eaux réservées aux locaux ; pour contrer cela, les pouvoirs locaux sans moyens équipent les pêcheurs locaux avec des appareils photos afin de prouver les infractions.

En journée les villages étaient désertés par les hommes. Ceux-ci, en mer laissaient la charge du village aux femmes pendant qu’ils pêchaient de quoi nourrir leur famille et échanger leur pêche contre des céréales. Mais c’est du passé, les poissons ne sont plus aussi nombreux dans les filets. Les derniers hommes à prendre la mer reviennent souvent bredouille après une longue journée au large. Aujourd’hui les hommes trainent au village, désœuvrés et boivent. Les familles meurent de faim et bien sûr, la délinquance augmente. Pas une délinquance comme chez nous mais une multiplication des petits trafics. Quand un enfant pleure de faim, un sou est un sou.

Les poissons ont disparu. Pourtant les villageois n’ont rien changé de leurs pratiques ancestrales. La raison de cette disparition ? Les nombreux chalutiers qui sillonnent en bordure des eaux côtières. Ces chalutiers appartiennent tous à des compagnies internationales, ceux sont ces chalutiers qui livrent nos supermarchés avec les célèbres poissons carrés avec les yeux dans les coins. Ces énormes bateaux ne laissent aucun choix au poisson. Jusqu’à la loi interdisant les grands filets qui labouraient littéralement le fond océanique, ces chalutiers agissaient en groupe et relevait tout ce qui est vivant sur des bandes de plusieurs kilomètres. Malgré ces mesures le nombre de poissons a atteint ses limites de viabilité. Mesures prises trop tard, mais aussi et surtout parce que les chalutiers impunis ne respectent pas les règles. Ils pénètrent régulièrement dans les eaux réservées aux pêcheurs en pirogues et ils utilisent souvent des filets interdits.

Le gouvernement ghanéen, corrompu et étranglé par le FMI est trop pauvre pour agir. Après de nombreuses plaintes des pêcheurs locaux, le ministère de la pêche a tout de même trouvé un moyen. Au Ghana il n’y a pas d’argent mais il y a des idées. Ainsi les pêcheurs se sont vus distribuer des appareils photos pour prouver les infractions. Celles-ci sont nombreuses et les photos pleuvent sur le bureau des pouvoirs locaux. Cette méthode porte ses fruits et des permis de pêches sont ainsi retirés aux contrevenants. Les pêcheurs retrouvent leur fierté, et en agissant pour la communauté certains retournent à la mer nourricière.

Comme quoi avec de bonnes idées et de la volonté le faible étranglé par l’occident peut trouver des parades et des moyens de faire valoir ses droits. Il est à espérer que l’efficacité du procédé ne provoquera pas sa perte suite aux « plaintes » des compagnies de pêche. Les moyens d’agir sont aussi, et peut-être surtout entre nos mains. Les poissons labourés aux hasard sur les fonds marins des côtes africaines finissent dans nos assiettes. Ce sont nous, les consommateurs qui en acceptant des prix bas et de la qualité médiocre encourageons ces pratiques inéquitables. Parce que le poisson carré reconstitué sans peau, sans arrête à 2€ le kilo ne peut provenir que de bateaux usines qui emploient les méthodes les plus efficaces (donc les plus destructrices) ; Nos choix de consommation encouragent ces méthodes illégales et destructrices. Parce que nous avons simplement la flemme d’aller voir un poissonnier, qui nous préparera pourtant des filets avec plaisir ; parce qu’au supermarché tout est là, déjà prêt, souvent déjà cuisiné, parfois même déjà digéré ; parce que nous préférons nous saouler de télévision (à 2€ elle aussi) et de biscuits apéro au lieu de cuisiner… Pour ces raisons des villageois ghanéens meurent de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. 

Sans nous culpabiliser, nous pouvons agir. En choisissant ce que l’on mange d’une manière plus éthique et plus responsable. Nous pouvons ainsi soutenir les populations qui souffrent de notre voracité.

source : LGV

 


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6 réactions à cet article    


  • jltisserand 20 janvier 2010 12:38

    Après on enverra des troupes car ils auront créé des pirates comme sur les cotes somaliennes. Même si j’ai cru comprendre que c’était déjà le cas dans le golfe de Guinée.



    • casp casp 20 janvier 2010 15:01

      @ reveil.
      Je ne pense pas que les écologiste se trompe de cible.
      Cela fait 35 ans que les ecologistes demande des mesure. On commence à en prendre depuis 5 ans.. Conclusion il est trop tard pour les demi mesure... Tous doivent en payé le prix même les petits pêcheur qui ne sont pas réellement les fautifs. Mais au vue de la fragilité de l’écosystême. Les restrictions doivent s’appliquer à tous.

      Même si il est évident que les premiers touché devrait être les gros chalutiers et navire usine.

      Mais comme le dis bien l’article.. Cela commence par notre propre consommation.


      • marcel 20 janvier 2010 16:18

        je confirme les propos de l’auteur sur le drame de la p^che industrielle au large des côtes ghanéeennes :les p^cheurs au large de Pram Pram / Ada Foah / TEma surtout se plaignaient déjà avant 2004 de cela .
        Je suppose que vous parlez de la surpêche du thon yellowfin / dorade tropicale / otolithe ?


        • HELIOS HELIOS 20 janvier 2010 23:15

          ben... et si on plantait au fond comme en mediterranée de grandes poutrelles dans des blocs de beton,, ces ferailles qui vous dechirent les filets qui ne devraient jamais toucher le fond...

          C’est aussi, voire plus efficace que les photos, car au prix des filets, ça ote l’envie à l’armateur d’enfreindre la regle....

          ... et ce n’est pas la peine d’en mettre beaucoup, quelques uns, une petite cinquantaine au debut et une douzaine par an ensuite pour dejouer la localisation par GPS, je vous assure que c’est tres dissuassif.

          Les etats comme le Ghana on donné des autorisations de peche pelagique (peche entre deux eaux de banc de poissons) mais les crabes, soles tropicales, baudroies sont nettement plus rentables que le merlan... alors, les chaluts trainent au fond, detruisant tous les nids de poissons, et ecument toutes les especes.. qui en etant absentes, n’attirent plus les bancs... la boucle est bouclée...

          Alors un bloc de beton agglomere de roche duquel depassent quelques bouts d’IPN, c’est vraiment une arme de defense... et en plus, ça plait aux poissons.


          • tylhdar tylhdar 21 janvier 2010 11:34

            « Le gouvernement ghanéen, corrompu et étranglé par le FMI est trop pauvre pour agir. »
            Voila qui résume tout.


            • Popov Popov 24 janvier 2010 11:19

              La cle c’est donc nos habitudes de consommation.
              Je pense aussi qu’il doit y avoir autre chose que les poissons carres a eviter, demander et verifier l’origine des poissons que vous achetez SVP.

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