Victoire écologiste. Les terres de Gonesse resteront agricoles !
Gonesse et le projet Europacity
Pour comprendre la situation, un petit retour en arrière s'impose.
Le triangle de Gonesse, ce sont 750 hectares de terres agricoles, situées entre l'aéroport du Bourget et celui de Roissy, à 15 km du centre de la capitale. Mais entre Grand Paris et densification, ces terres céréalières sont de plus en plus menacées de disparition.
Le principal ennemi : le projet Europacity. Porté par Immocham (devenue récemment Ceetrus), filiale immobilière du groupe Auchan, et Wanda Group, conglomérat chinois, le projet Europacity se propose de créer un complexe de loisirs et de commerces sur 80 des 750 hectares du triangle. Doivent se greffer sur ce projet la construction d'un quartier d'affaires de 200 hectares.
Pour les défenseurs du projet, ces aménagements constitueront "un véritable moteur économique métropolitain avec plus de 50 000 emplois créés, confortant ainsi le dynamisme du territoire et l’attractivité de la région Île-de-France, face à la concurrence internationale."
Chantage à l'emploi, folie des grandeurs et rêve de rayonnement à l'international, des arguments classiques d'un vieux monde mourant, complètement anachronique de la crise environnementale et climatique en cours.
C'est dans ce contexte que, le 25 septembre 2017, le conseil municipal de Gonesse avait voté la révision du PLU de la ville, faisant du triangle une zone constructible. A cette époque, l'avis défavorable du rapport d'enquête publique, qui avait alors jugé le projet "peu compatible avec la notion de développement durable", n'avait pas paru déranger les politiques locaux...
Une forte résistance écologiste et des alternatives possibles
Depuis 2010 et le lancement du projet, un large mouvement de résistance s'est mis en place.
http://nonaeuropacity.com/wp-content/uploads/2018/05/Gonesse_27.05.18.mp4
Le Collectif pour le Triangle de Gonesse organise réunions d'informations, manifestations, meetings (le dernier en date, le 22 février dernier, avait réuni plus de 1 300 personnes), actions de désobéissance civile, grandes fêtes (voir vidéo ci-dessus), recours en justice... Toutes les armes sont utilisées pour lutter contre l'artificialisation des terres.
Le projet CARMA (Coopération pour une Ambition agricole, Rurale et Métropolitaine d’Avenir), projet alternatif et écologiste, a quant a lui vu le jour fin 2016, à l’occasion de l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris ». Visant à trouver l'harmonie entre espace bâti et terres agricoles, à relancer l'autonomie alimentaire et à relocaliser l'économie, ce projet fait aujourd'hui l'unanimité chez les défenseurs des terres de Gonesse.
Des victoires, mais une guerre loin d'être terminée
Depuis le début de la mobilisation, les défenseurs du triangle de Gonesse semble de plus en plus gagner sur le terrain de l'opinion publique. La prise de conscience écologiste d'une part toujours plus grande de la population va d'ailleurs dans leur sens.
Mais les bétonneurs ne renoncent pas pour autant. En avril dernier, Vianney Mulliez, président d'Immochan, déclarait au Parisien sa détermination à mener le projet Europacity à son terme, malgré les revers successifs.
La décision du tribunal administratif d'annuler la modification du PLU semble néanmoins être un sacré coup derrière la casquette des promoteurs du projet.
"Cette urbanisation concerne des terres particulièrement fertiles, alors que les bénéfices escomptés, notamment en termes de créations d’emplois, invoqués par la commune de Gonesse, ne sont pas établis", relève le juge, qui semble avoir perçu l'arnaque.
Le PLU étant annulé, les terres doivent retrouver de facto l’usage strictement agricole prévu par l’ancien plan d’urbanisme. La ville de Gonesse a annoncé faire appel de la décision. La bataille n'est pas encore complètement gagnée.
Mais au delà d'Europacity, la nouvelle menace pour le triangle de Gonesse vient du Grand Paris, et de son projet de construction d'une gare en plein milieu des champs. En effet, un arrêt "Triangle de Gonesse" est prévue sur le trajet du futur Grand Paris Express. On peut se demander l'intérêt d'installer une station à cet endroit, maintenant que le projet de complexe de commerce et de loisir est fortement compromis...
Pour autant, les militants écologistes doivent rester vigilants : Le permis de construire de la gare ayant été accordé par le préfet du Val d'Oise et l'annulation de PLU ne le remet pas en cause. La bataille juridique et sur le terrain continue. Affaire à suivre...
Crédit photo : Yann Guillotin
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