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Accueil du site > Actualités > Environnement > Quelle surface de notre planète faudrait-il préserver pour un maintien (...)

Quelle surface de notre planète faudrait-il préserver pour un maintien satisfaisant de la biodiversité ?

Nous avons déjà parlé de ce sujet et signalé les préconisations de la convention sur la diversité biologique d’Aichi au Japon (2010) qui estimait qu’il fallait que l’on réserve 17% de la surface de la planète (soit 25 millions de km2, surface de la terre 147 millions de km2) si l’on voulait maintenir cette biodiversité. Un article de la revue Science* revient sur ce sujet et donne des informations nouvelles plus précises.

Le choix d’une aire à conserver nécessite de définir des critères qui aideront à rendre ce choix le plus pertinent possible. Plusieurs approches ont été proposées : retenir les aires en pondérant les espèces et écosystème qu’elles contiennent selon leur endémicité et leur risque d’extinction ; retenir des aires sur la persistance globale de biodiversité (aires clés), dans ce cas on s’attachera à la présence d’espèces ou d’écosystèmes menacés, ou de systèmes écologiques intacts rares ; retenir les aires encore intactes avant qu’elles ne soient dégradées. Selon les auteurs de l’étude ces critères utilisés séparément présentent des lacunes qui ne permettront pas un choix optimal des aires à conserver, leur projet est de les combiner dans un nouveau cadre global. Par ailleurs leur objectif n’est pas de désigner des « aires à conserver » car il existe, pour chaque aire, différentes stratégie de conservation des espèces et écosystèmes ; ils utilisent plutôt l’expression aires nécessitant une « attention à conserver ».

Les auteurs considèrent que 64,7millions de km2 (44% de la surface de la terre) nécessitent une attention à conserver ; c’est bien au-delà des 17% de la convention d’Aichi. Cette surface englobe 35,1 millions de km2 d’aires écologiquement intactes, 20,5 millions de km2 d’aires protégées déjà existantes, 11,6 millions de km2 d’aires clés de biodiversité et 12,4 millions de km2 d’aires additionnelles nécessaires pour garantir la persistance d’espèces sur leur diversité minimale (notons que la somme de ces surfaces : 79,6 millions de km2, dépasse le chiffre proposé : 64,7 millions de km2, cela tient au fait que les aires qui ont été classées dans chaque catégorie se chevauchent partiellement).

Si 70,1% des zones qui nécessitant une attention à conserver sont actuellement intactes, les 29,9 % restantes ont des besoins de restauration, par ailleurs 2,2 millions de km2 situés dans les zones intactes sont susceptibles d’être converties d’ici 2050 en zones d’habitation ou d’intense activité humaine. Ces conversions sont variables d’un continent à l’autre et d’un pays à l’autre. Le continent africain serait le plus affecté (1,4 millions de km2). Les risques de conversion sont moindres en Océanie et en Amérique du Nord.

Un autre problème tient à la présence de populations humaines vivant déjà sur les zones intactes. Un quart des êtres humains (1,87 milliards d’individus) sont concernés, essentiellement en Afrique, Asie et Amérique centrale. La plupart de ces populations ont une économie émergente ce qui implique que les stratégies de conservation n’entravent pas leur développement économique. On ne peut plus protéger ces terres en déplaçant les populations indigènes, ce serait injuste et même impossible. Il faut reconnaître que ces populations ont montré, dans leurs pratiques coutumières, une autorité indiscutable pour la protection de la biodiversité, et qu’elles doivent pouvoir se maintenir sur leur terre et en garder la possession.

Sur les zones qui méritent "attention de protection", les créations de routes, le développement de l’agriculture, de l’activité forestière, ou de l’extraction de minerais doivent se faire précautionneusement en tenant compte des espèces qui y vivent et de la menace qui pèsent sur leur disparition. La pression humaine va s’accroître avec l’augmentation de la population et de la consommation, il faudra donc apprendre localement l’importance de la sauvegarde de la diversité biologique.

Une évaluation à haute résolution, à l’échelle spatiale fine à partir de cartes de végétations et d’écosystèmes devrait être l’étape logique suivante pour délimiter ces zones.

Que penser de tout cela ? Ce qui surprend d’abord c’est l’importance de la surface en « attention à conserver » : 44% de la surface de la planète (64,7 millions de km2) ! Certes une grande partie de ces terres sont situées dans des zones encore intactes (35,1 millions de km2) mais il faut caser les 29,6 millions de km2 restants. En ce qui nous concerne, si l’on s’en tient aux propositions de cette publication, nous sommes encore bien au-dessous des surfaces qu’il faudra protéger. Comment affecter de nouvelles terres à la sauvegarde de la biodiversité sans réduire l’activité économique, ceci ne peut se faire qu’au détriment de la population humaine qui est toujours en croissance ? Il faudra consommer moins (pas uniquement pour se nourrir), et il y aura moins de travail. Ce sera donc un appauvrissement général. On peut atténuer ces perspectives négatives par une éducation à la protection du milieu naturel, par des projets d’artificialisation plus raisonnables qui tiennent compte du monde vivant qui nous entoure.

* Science, 6 juin 2022, N°6597, pp.1094-1100. 


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16 réactions à cet article    


  • Montdragon Montdragon 12 novembre 2022 13:43

    Quelle surface ?

    Quelle population aussi, on en parle ?


    • Lynwec 12 novembre 2022 14:16

      @Montdragon

      Passez donc devant si vous y tenez tant, les moyens d’en finir ne manquent pas . Demandez, par exemple, une dose supplémentaire (cherchez les numéros de lots « efficaces ») et merci pour votre participation écologique .

      Sinon, vous pouvez aussi essayer d’identifier la fraction (minime) de la population qui est aux manettes depuis toujours et qui, par ses décisions (auxquelles nous ne pouvons rien même si on nous fait miroiter l’inverse) nous a menés là où nous en sommes, à votre grand désespoir . Eux « partis » (du pouvoir, rien de « physique » entendons-nous bien), la situation ne pourrait que s’améliorer .


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 13 novembre 2022 17:31

      @Montdragon
      « Quelle population aussi, on en parle ? »

      cela semble une bonne question pour une espèce (les humains) dont le nombre d’exemplaires vient d’être multiplié par 8 en 250 ans.
      N’est ce pas une anomalie dans le maintien de la biodiversité ?

      Même WWF et son stupide jour de dépassement écrit

      "Jusqu’en 1970, la Terre pouvait fournir plus de ressources et de services tirés de la nature chaque année que ce que l’humanité lui demandait"

      tout allait bien !!!

      ce qui montre que nos problèmes ne sont pas réellement liés au comportement humain, mais au nombre d’humains.
      En France, 41M en 1900, 50M en 1969 et presque 68M actuellement.
      Relative stabilité si l’on enlève l’immigration (surtout celle des 50 dernières années),
      alors arrêtons de culpabiliser les français et cherchons ailleurs les responsables (pour ne pas dire les coupables)


    • Montdragon Montdragon 14 novembre 2022 20:25

      @Lynwec
      "identifier la fraction (minime) de la population qui est aux manettes depuis toujours

      "

      oui, au fait Reynouard a été chopé.


    • Montdragon Montdragon 14 novembre 2022 20:25

      @lecoindubonsens
      Je suis d’accord, en tant que démographe de formation, je sais que la France a de moins en moins d’impact planétaire.


    • Clark Kent Clark Kent 12 novembre 2022 14:20

      Et on appellera ce parc « naturel » « Eden ». ?

      Il serait bienvenu de conseiller aux populations humaines concernées de redevenir sauvages pour en accroitre l’intérêt touristique.

      Sérieusement : c’est quand même paradoxal de fixer des quotas à la nature pour qu’elle daigne rester nature. En France, l’ONF a au contraire constaté que le meilleur « reboisement » d’une forêt est de laisser les choses se faire spontanément, sinon on a des jardins et de l’arboriculture, pas la nature.


      • sylvain sylvain 12 novembre 2022 14:51

        @Clark Kent
        eden park c’est pas mal effectivement .
        Tout y sera bien géré, des caméras et des puces GPS partout pour pouvoir mieux protégér les animaux (en passant, si vous croyez que vous pouvez chier tranquille en vous baladant en montagne détrompez vous, vous êtes déja filmé.) . Il y aura la dedans quelques écolodge écoresponsable a un prix évidemment un peu élevé, mais tout un chacun pourra suivre ses animaux préférés sur netflix moyennant un écoabonnement 

        A la base, le parc naturel est une institution coloniale qui a servi a plannifier et controler les « espaces naturels »( comprendre, les espaces qui ne sont pas sous controle) . Il a ensuite été importé au coeur de l’empire, on suppose que le test a été convaincant vu que toute la france se transforme peu a peu en parc


      • Clark Kent Clark Kent 12 novembre 2022 16:37

        @sylvain

        Dans « la soupe aux choux », avant que le Glaude et le Bombé émigrent vers la planète Oxo avec la denrée, le maire du village avait annoncé la construction d’un parc d’attractions et d’un lotissement aux Gourdiflots. Il avait rendu visite au Bombé et au Glaude pour leur exposer sa théorie sur « l’expansion économique » : parking, chaises longues, « rocher aux singes » et pour leur demander de céder la place. La visite s’est mal terminée et les deux vieux copains ont viré le maire de chez eux. Alors, l’élu a fait installer des grillages autour des deux maisons, transformant les deux papis en attraction locale, à leurs corps défendant. Et les hordes de touristes venaient les observer, comme des bêtes curieuses.


      • sylvain sylvain 12 novembre 2022 17:03

        @Clark Kent
        Ca me rappelle un tag que j’ai vu en me baladant dans les cévènnes :
        « prière de ne pas jeter de nourriture aux habitants
        signé le parc »


      • Aristide Aristide 13 novembre 2022 11:23

        @Clark Kent

        En France, l’ONF a au contraire constaté que le meilleur « reboisement » d’une forêt est de laisser les choses se faire spontanément, sinon on a des jardins et de l’arboriculture, pas la nature.

        Vous n’avez peur de rien !!! Allez un peu de lecture de l’ONF : La grande Histoire des forêts (#Episode 1) : le reboisement des massifs montagneux, salvateur et protecteur


      • the clone the clone 13 novembre 2022 08:57

        Il faudrait plutôt que la quantité d’habitants diminue, on est en surcharge pondérale en ce moment .... 


        • PascalDemoriane 13 novembre 2022 09:51

          Bonne intro à un aspect du paradoxe systémique monde.
          « Que penser de tout cela ? » demandez vous. Je vous propose la conclusion suivante.
          Vouloir protéger artificiellement des zones contre l’artificialisation techno-sociale, c’est déjà les artificialiser. C’est comme vouloir protéger des populations « archaïques » (humaines comme animales) du monde développé, c’est les ghettoïser artificiellement. Çà marche pas !

          Et dans le monde du capital tel qu’il est et va, protéger c’est valoriser et in fine valoriser c’est marchandiser, et marchandiser c’est détruire. Voilà le paradoxe irrépréssible.
          La « protection » fait déjà l’objet de produits financiers et d’un marché financier.

          Il n’y a donc pas de solution techno-économico-sociale au système monde techno-économico-social du capital. C’est foutu ! Trop tard ! Tout sera détruit parce que le monde humain n’a plus « d’ailleurs » planétaire.

          C’est çà la vraie définition du fait totalitaire, du système totalitaire (mondialisme de la marchandise).


          • charclot charclot 14 novembre 2022 09:26

            c’est comme si un toubib posait la question

            « Du coup combien de membres voulez vous garder... ? J’ampute et je vous les mets dans une petite boite pour que vous puissiez rentrer à la maison avec ! »

            100% de notre environnement doit être préservé. Pour refaire un exemple t’es dans ton appart et tu fais le ménage dans 17% de la surface toujours les mêmes et le reste tu laisses les voisins venir chier jeter leurs déchets faire du feu etc etc...Mais ça tu le feras jamais parce que t’as peur du proprio et de perdre la caution... 

            Ce genre de calcul est vraiment indigne d’une pensée structurée qui prend en compte l’ensemble de la problématique dont le premier des éléments est que nous n’avons pas d’autre planète et qu’après qu’on aura bien moisi celle là et ben faudra vivre dessus mais c’est pas grave parce que la plus part des connards qui défendent la consommation à outrance et le saint bénéfice absolu seront crevés depuis longtemps...

            Putain de cretinisme quand tu nous tiens !


            • LeMerou 24 novembre 2022 08:08

              @charclot
              Bonjour, 

              J’abonde, je n’ai rien lu de plus stupide et dangereux émanant de « scientifiques » en plus.
              Je résume, quelle est la taille du zoo en fait ?

              Le problème actuel est qu’une espèce détruit tout et désormais sciemment en plus !
              Au lieu de se poser la question qu’une fois que l’ont aura tout détruit que se passera t-il ?
              Ben non ! Ont pense à préserver une ou des zones. Qui à n’en pas douter se verront réduire pour permettre à la dite espèce de durer un peu plus longtemps.
              C’est un raisonnement excessivement dangereux, mais qui dénote bien de la dangerosité de pensée de l’espèce en question.
              Un acte commis à un endroit précis à des répercussions sur d’autres lieux, mais ça ? 
              Les initiateurs de ce dernier devrait se retrouver derrière les barreaux.



              • MONET René 16 novembre 2022 14:35

                @MONET René

                Les réactions à mes billets sont fréquemment des cris du cœur opposés à ce que j’ai dit. Or, bien souvent ils n’ont pas n’a pas été lus avec soin. Je les écris surtout pour enrichir la connaissance.

                Cet article est un article de recherche et non un dictat. Les auteurs après analyse de tout ce qui existe déjà proposent les aires nécessitant une « attention à conserver ». Une attention à conserver cela peut être une simple éducation du public. Je prends un exemple, supposez que vous marchiez sur un sentier de montagne et que sur ce même sentier traverse une limace ; vous pouvez, parce que les limaces ne vous plaisent pas, l’écraser ; c’est  une action volontaire négative. Vous pouvez l’écraser parce que vous ne l’avez pas vue, c’est une action involontaire mais aussi négative. Vous pouvez ne pas l’écraser parce que vous n’avez pas vu la limace mais votre pas s’est posé par bonheur à côté d’elle, cette action est involontaire positive. Enfin, en marchant, vous avez vu au dernier moment la limace que vous alliez écraser mais vous avez retenu votre pied pour l’éviter, c’est une action volontaire positive, c’est aussi une attention à conserver la limace.

                Les aires à conserver seront ce que l’on en fera ; si des décisions administratives trop contraignantes en font des territoires réservés, cela ne marchera pas. S’il s’agit de lieux où l’on a pris conscience simplement par l’éducation de respecter le nature cela pourra marcher.   

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