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Commentaire de Garibaldi2

sur Le vrai visage des parasites fiscaux


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Garibaldi2 16 février 2018 16:21

Suite

Micro-Etat

Les Etats-Unis, qui sont partis en croisade contre l’évasion fiscale, ont ainsi bien du mal à faire le ménage chez eux. « C’est tout le paradoxe des Etats-Unis : c’est à eux que l’on doit tous les progrès réalisés depuis 2010 dans la lutte contre les paradis fiscaux. Mais ils refusent que l’on regarde ce qui se passe chez eux ", explique Gabriel Zuckman, professeur à Berkeley. L’Amérique oblige ainsi les autres pays à transmettre les données financières de leurs clients américains, mais exclut de rendre la pareille. C’est le seul pays à rejeter les standards de l’OCDE sur le partage multilatéral d’informations financières, préférant se cantonner à son propre système (Fatca). Conséquence : c’est l’un des seuls endroits au monde où la transparence financière a reculé ces dernières années, selon un rapport publié par « Tax Justice Network ». « C’est le pays qui nous inquiète le plus aujourd’hui  », résume l’organisme.

Bousculée par les « Panama papers », la Maison-Blanche promet du changement. Une ordonnance doit être présentée prochainement pour forcer les banques à identifier le réel bénéficiaire d’une société avant de lui accorder un compte. Mais la résistance est forte, et rien ne dit que cette ordonnance sera appliquée in fine. «  La pression politique pour maintenir le statu quo est énorme. Barack Obama n’est pas sûr de pouvoir procéder par ordonnance : cette décision va être contestée en justice », explique Brad Lindsey. Cette résistance traverse tout l’échiquier politique : on retrouve évidemment les républicains, qui s’opposent à toute mesure susceptible d’augmenter l’impôt des entreprises. Les démocrates du Delaware sont également prêts à tout pour défendre leur fonds de commerce. « Le Delaware a toujours été démocrate. Mais il n’est pas prêt à suivre Barack Obama sur ce terrain-là », pense Brad Lindsey. Les proches de Barack Obama sont d’ailleurs loin d’être exemplaires : le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, qui a été sénateur du Delaware pendant trente-six ans, n’a jamais soulevé la question au Congrès. « Personne ne me soutient. Je suis le seul à me battre. Les autres démocrates du Delaware ont peur de ne pas être réélus », confirme John Kowalko.

Il faut dire que le Delaware ne serait pas grand-chose sans le million d’entreprises qu’il héberge. Comme le Liechtenstein en Europe, il s’agit d’un micro-Etat dont l’économie repose quasi-intégralement sur les services aux non-résidents. Les droits d’enregistrement lui apportent 1,3 milliard de dollars par an, soit le tiers de son budget.

A défaut de volonté locale, le changement peut-il venir de Washington ? Malgré quelques déclarations lors de ses campagnes électorales, Barack Obama n’a jamais vraiment voulu porter ce combat. Et compte tenu de leur situation personnelle, il y a fort à parier que Donald Trump et Hillary Clinton enterreront eux aussi le dossier s’ils parviennent à la Maison-Blanche. « Il n’y a que le socialiste Bernie Sanders pour oser s’y attaquer. Mais il ne sera pas élu », regrette John Kowalko. Le vieil homme conserve toutefois une petite pointe d’optimisme. « Plus nous serons dans la presse, moins nous pourrons continuer de nous voiler la face. Dans l’idéal, il faudrait que l’on découvre un réseau terroriste qui se finance à partir du Delaware ", lance-t-il en mordant avec ­confiance dans son bagel au cream cheese. Une nouvelle choc... la seule à même de faire exploser le statu quo, estime-t-il.


En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/01/05/2016/lesechos.fr/021891005093_le-delaware—paradis-fiscal---made-in-usa—.htm#fL7syMHJSHiVqUpb.99


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