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Commentaire de pvdg

sur La France vote NON au journalisme citoyen


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pvdg pvdg 12 mars 2007 23:36

Si le « journalisme citoyen » consiste à faire n’importe quoi, il est mal barré. Or cet article est un exemple acompli de n’importe quoi. De j’menfoutisme. Dès les premiers mots, pratiquement tout est bidon. Ce qui explique d’ailleurs que 80% des commentaires qui suivent sont à côté de la plaque.

Prenons la première phrase du chapeau : « Le Conseil constitutionnel l’a décidé. »

Il n’a pas été saisi du problème. Le Conseil Constitutionnel n’est pas supposé s’auto-saisir pour examiner un article sur lequel on ne lui a rien demandé. Et personne n’a songé à le saisir sur ce point. Le conseil Constitutionnel a donc examiné d’autres trucs sur quoi il était consulté, a refusé un truc sans rapport avec notre affaire.

Ensuite : « La vidéo citoyenne est dorénavant interdite sur les blogs francais. Récit d’une initiative sarkozienne... »

Voila qui donne l’impression qu’un loi sur le blog vient de passer. Sur le blog en général. On ne précise même pas « violent », le mot viendra plus tard.

Début du texte : « On se souvient tous des images de ce jeune Américain noir, Rodney Kind, passé à tabac par des »policemen" la nuit du 03 Mars 1991, à Los Angeles. La scène, filmée par la caméra amateur de George Holliday qui était présent sur les lieux la nuit de la rixe, avait mis l’Amérique en état de choc (vidéo en bas de page)."

Quel rapport avec le Schmilblick ? La vidéo de George Holliday a-t-elle été publiée sur un blog ? Sur YouTube ? Justement non : elle est passée sur les TV américaines. Sur les « médias traditionnels ». Ce sont des « journalistes professionnels » qui l’ont passée ! Quel rapport avec le « journalisme citoyen » ?

Ah, c’est George Holliday, le journaliste citoyen ? Il a filmé pour faire le journaliste ? On lui a posé la question ? Et s’il avait filmé simplement pour venir en aide à ce pauvre Rodney King. Si George Holliday s’était simplement comporté comme un CITOYEN ? S’il s’était dit : avec ça, on va les coincer, ces salopards.

Or précisément, la loi sur laquelle Erwin s’excite comme une puce sans faire le moindre effort pour chercher à comprendre quoi que ce soit, mentionne explicitement ce cas de figure : il est (évidemment) licite de filmer une agression si c’est pour apporter une preuve en justice.

Ensuite, le texte d’Erwin donne enfin une source, qiu semble bien être LA soucre :

« Sur la version anglaise d’AgoraVox, un article consacré à une décision toute récente du Conseil constitutionnel français fait lentement ricaner journalistes et bloggers citoyens anglais et américains, qui font de cette décision, leurs choux gras. »

L’article anglophone mentionné, signé Andy Carvin, est lui-même un monument de journalisme-en-chambre-sans-lever-le-petit-doigt. Il reprend un article anglophone paru dans MacWorld, un canard hi-tech vachement spécialiste du sujet. Pas plus que Erwin, Andy n’a lu le texte de loi concerné. Le texte de MacWorld démontre également à l’évidence que son auteur n’a pas lu non plus ce texte. Mais parle déjà, sans rien y comprendre, de Conseil Constitutionnel...

Quand à la source de la source de la source, à savoir Pascal Cohet de Odebi, enfin quelqu’un qui vit en France, elle s’est perdue en route.

Ensuite, nous avons : « En effet, Anglais et Américains s’amusent d’une étonnante décision prise par les politiques du pays des droits de l’homme et de la liberté d’expression. »

On suppose que Erwin a consulté le New York Times, Le Washington Post, Le Boston Globe, le Los Angeles Times et quelques autres médias avant d’écrire une telle phrase... Ou, je ne sais pas, moi, la presse radicale états-unienne... Il ne cite que Macworld...

La suite : « Et il y a franchement de quoi, car il y a quelques jours, le Conseil constitutionnel est parvenu à interdire les vidéos d’information dites »violentes« . Adieu donc toute tentative de diffusion d’actes »violents« , même si la démarche a pour vocation de révéler publiquement des dérives que nous serions - ne le souhaitons pas - amenés à filmer. »

Remarquer que ce sont toutes les « vidéos d’information dites »violentes«  » qui seraient désormais interdites en France. Alors que le texte réel ne parle que d’agressions, de viols, d’actes de barbarie...

La suite : « Fini donc les vidéos de bavures, fini les images prises sur le vif de jeunes gens qui brûlent et détruisent des automobiles, fini encore la diffusion d’images de manifestions contre le G8. Fini. Terminé. Basta. Ce qu’on ne montrera pas n’existera pas. »

Encore plus fort, maintenant même les violences sur voiture sont interdites. Et les manifestations.

Le reste :

"La loi, à l’initiative du ministre en campagne, Nicolas Sarkozy, semble, en tout état de cause, étonner nos voisins étrangers, peu habitués - à part la Chine - à de telles interdictions. Les confrères américains ne manquent pas d’ironiser. En effet, il est bon de savoir que si George Holliday filmait et diffusait, aujourd’hui, en France, la vidéo qu’il a réalisée à Los Angeles en 1991, il serait succeptible d’être condamné à de la prison ferme. La nouvelle consigne pour diffuser une vidéo de ce type sera de parvenir à obtenir l’aval d’une autorité professionelle des médias. Il semble, effectivement, que ce type de témoignages vidéographiques soit soumis à l’acceptation d’une autorité « reconnue ». L’Etat propose, dans un futur proche, de fournir une sorte de licence aux quotidiens reconnus. Seuls les journalistes professionnels seraient désormais habilités à passer de telles images. Info pratique : toute diffusion non autorisée d’une vidéo à caractère violent est passible d’une condamnation de 75.000 euros d’amende et d’un emprisonnement de cinq ans. Ironie de l’actualité. On fêtait, le jour de la décision du cCnseil constitutionnel, le seizième anniversaire du passage à tabac de Rodney Kind. Est-ce le début de la fin pour les blogs médias francophones ? Affaire à suivre."

On retrouve la-dedans des éléments du texte anglophone pompé. Que l’on ne retrouve nullement dans le texte de loi définitif, qui entretemps a été publié au journal officiel.

A aucun moment Erwin ne parle de « Happy Slapping ». Nulle part il ne cite la phrase essentielle du texte de loi :

« Le présent article n’est pas applicable lorsque l’enregistrement ou la diffusion résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour objet d’informer le public ou est réalisé AFIN DE SERVIR DE PREUVE EN JUSTICE. »

L’article d’Erwin est donc un exemple remarquable de ce qu’il faut faire pour décrédibiliser la notion de « journalisme citoyen ». Est-ce que « journalisme citoyen » veut dire « copier-coller sans réfléchir, sans vérifier, sans se poser la moindre question » ?

Sans compter qu’après avoir respecté le B. A. BA de l’enquête en remontant aux sources et en se procurant le texte incriminé, le tavail sérieux ne ferait que commencer. Comme l’a fait remarquer quelqu’un ici, il ne serait pas idiot d’envisager tout d’abord une conversation avec un juriste...


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