Qu’est-ce que vous
voulez que je vous dise ? Vous me présentez un Robert Sapolsky qui abonde dans
le sens qui vous arrange, en disant les choses qui l’arrangent, lui, en allant
dans le sens de sa vision du monde. Mais vous n’êtes pas lui, et je ne
peux donc pas vous opposer les objections que ses propos m’inspirent.
Vous ne pourriez rien
produire d’autre, à l’appui de ses thèses, que le fait qu’il soit professeur de
biologie et de neurologie. Or, depuis que j’ai lu, « Dans le château de
Barbe-Bleue », de George Steiner, que le prix Nobel 1965 « Jacques
Monod a formulé publiquement la question que tant d’autres posaient en
privé : faut-il persévérer si la génétique doit divulguer, sur la
différenciation des races, des secrets dont la portée morale, politique et
psychologique nous déborde ? », j’ai tendance à me méfier des savants qui
enferment leur science dans des préjugés idéologiques.
Et ceux qui s’expriment,
dans « votre » film, à commencer par Peter Joseph, appartiennent à
cette catégorie d’allumés qui croient encore à cette « aptitude de chaque homme
à devenir un être fraternel pour les autres » que le psychosociologue
Eugène Enriquez enterre – l’aptitude, donc – dès la deuxième phrase de son
essai le plus connu, « De la horde à l’Etat »
Alors venons-en plutôt
à ce que nous connaissons par nous-mêmes. Vous reprenez la vieille antienne du
rejet de l’allogène pour cause de crise économique. En réalité, les difficultés
conjoncturelles ne font qu’exacerber l’incongruité de la présence de ceux qui
ne devraient pas être là, avec leurs « têtes d’ailleurs ».
Il y a une trentaine
d’années, à peu près tout le monde admettait l’existence d’un seuil
sociologique estimé à 10-12 %. Le politiquement correct a eu raison de ce
concept, mais dans l’intervalle, ce seuil a été explosé dans de nombreux
quartiers, villes et régions. Il fallait être ensuqué à l’universalisme
républicain pour croire que cette amorce de Grand Remplacement serait sans
conséquences.
Par ailleurs, le
rejet est loin de se manifester seulement là où la crise frappe le plus
durement, puisqu’il apparaît dans la plupart des pays d’Europe, y compris les
plus favorisés, comme le Danemark, l’Allemagne, où Pegida a fait une première
percée électorale, la Suède, les Pays-Bas, pour ne rien dire de la Suisse qui,
grâce à la démocratie directe, fait figure de pionnière depuis un demi-siècle
dans la lutte contre la surpopulation étrangère
Alors voilà. Vous
allez continuer à croire que la nature humaine, observable sur des milliers d’années,
n’existe pas, et à le propager. Moi, je vais continuer à y recourir pour interpréter
des réalités qui n’ont pas d’autres explications que le clanisme, la
territorialité et le rejet instinctif des *EUX* par les *NOUS* et pour penser
un modèle de société non chimérique qui offre quelques chances à notre
civilisation de survivre en tant que civilisation, plutôt que de connaître le
destin de Rome, tel que le décrivait le sociologue Francesco Alberoni, dans le
quotidien « Il Giornale » du 5 avril :
« Avec la chute de
l’Empire romain, sont arrivés les peuples barbares, hordes de prédateurs,
capables seulement de saccager les cités, ne sachant ni cultiver ni construire.
Leur domination s’est prolongée pendant plusieurs siècles sous le signe de
guerres continues, de la misère et de violences. »
Et le temps presse :
ils poireautent à Vintimille, ceux qui ne savent ni cultiver ni construire.