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Commentaire de JC. Moreau

sur Notre gouvernement fait planer de nouvelles menaces sur la liberté d'expression et Internet...


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JC. Moreau (---.---.219.142) 21 février 2007 13:23

@ Quitterie Delmas

Félicitations pour cet article rigoureusement documenté, dont le sens de la nuance vaut à mes yeux preuve de sincérité. Ce à quoi j’ajoute une salve d’éloge pour la limpidité du style.

A mon sens, les différents projets évoqués s’inscrivent dans une logique rigoureusement identique à celle de l’interdiction de fumer survenue il y a peu, en ce qu’ils visent à faire peser une responsabilité d’ordre public sur l’individu seul, par le biais de régimes d’autorisation et d’identification.

La logique en est assez sommaire et se place sous les auspices du très honorable principe de précaution, dont on finit par ne plus savoir, tant il est invoqué par tout un chacun,quelle est sa fonction authentique. En l’occurrence, ce principe de précaution tend de toute évidence à criminaliser le média internet dès lors qu’il lui impose ce qui apparaît d’ores et déjà comme un régime d’autorisation. En d’autres termes, sous couvert d’ordre public et d’exigence qualitative de l’information, l’individu serait alors soumis à une police administrative permanente, via la labellisation et les diverses exigences d’identification.

S’agissant donc de ces projets quant à leur prétention à améliorer le contenu médiatique d’Internet, il m’apparaît donc comme étant illégitime dans ses moyens, d’autant plus que la loi de 1881 sur la liberté de la presse a vocation à pleinement s’appliquer au média internet.

Or, tel que le suggèrent les différents projets, la législation relative aux contenus internet seraient plus contraignantes que celle de 1881. Les déclarations du Ministre Donnedieu de Vabres, du moins, laissent présager de cette orientation, lorsqu’il évoque une certaine exigence de professionnalisation de la presse sur internet.

A considérer les propos dudit ministre, on pourrait penser que la seule possession d’une Carte de presse vaut preuve de compétence. Pour avoir un temps durant officier dans un journal régional (La Marseillaise pour ne pas le citer), autant dire qu’elle n’est pas plus gage de compétence que de probité. Mais pour se convaincre de cela, nul besoin d’avoir été dans la fabrique de l’information, être auditeur de France Info suffit. Ce matin même, au sujet de plusieurs suicides d’employés de Renault Guyancourt, les commentateurs donnaient, selon l’humeur, un chiffre de 3 employés suicidés au cours du dernier mois ou de 3 employés dans le courant des QUATRE dernier mois... Ainsi, d’un instant à l’autre, on passait du suicide quasi-collectif à une simple suspicion quant aux conditions de travail dans l’entreprise... un exemple parmi tant d’autres de l’inconséquence et de la légèreté des journalistes dits professionnels

Ainsi, paraphrasant éhontément notre Ministre et bafouant sans vergogne ses droits d’auteurs tel l’odieux délinquant que je suis nécessairement, je serais tenté de dire, moi aussi, que j’aimerais m’attaquer un jour au problème de la presse, car c’est un sujet capital et qu’il n’y aura pas d’informations de qualité dans les médias sans de vraies signatures, de vrais acteurs dont ce serait le métier !

Bref un monde avec un peu moins de Claire Chazal et un peu plus d’Albert Londres.

Ps : Ceci étant dit, il y aurait beaucoup à dire sur les rédacteurs qui, ici où là, ont recours à l’anonymat et nuisent par leur attitude ou le contenu des informations véhiculées à la crédibilité d’Internet en terme de presse. Pour autant, pas plus que cela n’est une condition sine qua non pour être publié dans la presse écrite, rien ne justifie l’exigence d’une qualité professionnelle comme condition préalable à la reconnaissance d’un droit à l’échange des informations et à la participation au débat public.


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