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Commentaire de Michel CARRIERE

sur Faut-il abolir le salariat ?


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Michel CARRIERE Michel CARRIERE 18 janvier 2007 01:36

Je remercie l’ensemble des lecteurs qui ont pris le temps de partager leur point de vue.

Peut-être peut-on y voir un exemple de ce que peut être la coopération.

Je rajouterai quelques commentaires :

 smiley utopiste, anachiste, avec ou sans majuscule sont des termes que j’accepte volontier, même si je me situe plus dans la tradition des socialistes utopistes et certainement dans ce que l’on peut appeler la sociale démocratie (dans son sens le plus noble).

En effet, « je rêve toujours à des lendemains qui chantent et je reste persuadé que l’on ne les construit pas avec des aujourd’hui qui pleurent » !

J’ai eu l’occasion de travailler dans des postes très peu qualifiés, et aussi de faire de l’encadrement de « premier niveau ». Je m’inscris en faux quand je lis qu’il n’est pas possible, dans ce cas de figure, d’établir de relation de coopération, car il faut un responsable, un chef, qui organise, commande et dirige. J’ai eu, au début de ma vie professionnelle, l’occasion de travailler avec ce que l’on qualifie de « managers démocratiques » (et aussi, pour être honnête, charismatiques) qui savaient mobiliser leur équipes sans jamais faire jouer la relation d’autorité, et qui savaient aussi valoriser chacun des membres de l’équipe qu’il manageait.

L’économie de la compétence, la société du savoir, qui sera celle de demain, peut permettre à chacun d’exceller dans ses propres domaines de compétences sans entrer dans des luttes de pouvoirs ou des « compétitions d’Ego ». Quand, dans un groupe, qu’il soit de travail, de reflexion etc chacun se sent reconnu à sa juste valeur, et voit son activité valorisée, les compétitions d’Ego, qui souvent ne sont que l’expression d’une simple volonté d’exister, cessent de se manifester.

La référence à l’Ego, bien sûr, existe et existera ! A une nuance prêt, cependant ! C’est que, dans une société et une économie de la connaissance, l’affirmation de l’Ego passera par la capacité à partager, recvoir et trransmetre. Partager, cela veut dire donner et recevoir, chacun étant potentiellement, alternativement ou non, dans les deux rôles. Cela construit les liens d’interdépendance, qui permettent de créer une relation égalitaire.

Cette société de la connaissance est le contraire d’un jeu à somme nulle où il doit y avoir un perdant et un gagnant. Ce serait plutôt une société de profit mutuel dans laquelle ce que gagne l’un, non seulement ne dépossède pas l’autre, mais encore l’enrichit.

Je lis les objections concernant la construction du droit du travail et des acquis sociaux. Elles doivent être prises en compte et il n’est pas question de faire table rase de siècles de relations de travail. Pourtant, aujourd’hui il est nécessaire, en tenant compte de cette histoire, de repenser autrement les rapports humains, dans dans la société et dans l’entreprise.

En revanche, je persiste sur le caractère profondément inégalitaire du contrat de travail tel qu’il existe aujord’hui, malgrè les protections, les aménagements apportées au cours de l’histoire, et particuliérement de celle des deux derniers siècles. Il ne peut pas y avoir d’égalité entre celui qui embauche et licencie et celui qui est embauchable ou licenciable. Il n’y a pas d’égalité entre deux personnes si l’une detient un pouvoir hiérarchique sur l’autre ! Il peut y en avoir si l’une et l’autre coopère et reconnaissent mutuellement leurs compétences pour atteindre un but commun. Dès lors, peut se construire un nouveau contrat, un nouveau rapport de droit.

Enfin s’il est vrai que « l’état de nature » fait que parmi les glands tombant d’un chêne certains donneront des arbres puissants, d’autres des arbres faibles et que d’autres enfin seront dévorés par les oiseaux, les sanglier ou les cochons « l’état de droit » est là pour corriger cette inégalité. Lacordaire disait « entre le riche et le pauvre c’est la loi qui protège et le libeté qui opprime ».

La suppression du salariat, la construction d’une « société d’égaux » (l’égalité n’exclut pas la différence de compétences, de qualités, de talents, elle permet simplement à chacun de les exprimer) ne pourra provenir que d’une volonté de changement profond et d’affirmation du respect de chacun d’entre nous !


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