En même temps, il y a encore là dedans beaucoup d’artistes de culture « vinyle ». Les temps changent, mais demander l’avis des artistes « Sacem » sur les droits d’auteur, c’est un peu comme faire un sondage sur l’automobile chez les cochers de nos fiacres d’antan... Qu’on soit de droite ou de gauche, on consent rarement à la disparition de son propre métier.

Ceci dit, les plus gauchistes d’entre eux ne me semblent à même que de défendre une sociale-démocatie molle et caritative (au sens, d’ailleurs, le plus « chrétien » du terme). Ceux qui s’offusquent d’une droite « autoritaire », lui opposent à peine ce qui s’apparenterait à un « centrisme généreux ». En cela, il se font dépasser sur leur gauche par d’authentiques libéraux progressistes. C’est dire !

Quant à tenir les restos du cœur pour un signe d’appartenance à la gauche, je trouve ça terrible ! Coluche entendait faire réagir les pouvoirs publics et attirer leur attention sur leur inefficacité en termes de résorption de la pauvreté. La cause, pas seulement les symptômes. Ses intentions étaient aux antipodes d’une privatisation de l’action sociale. Ses successeurs en ont fait un business dont le seul résultat aura été de faire passer l’aumône d’un stade artisanal à une phase industrielle et institutionnalisée, sans rien résoudre des inégalités et des injustices sous-jacentes. Coluche vômissait la charité humiliante des dames patronnesses et des petites bourgeoises d’antan, qui utilisaient la messe et l’aumône comme des marqueurs sociaux écrasants. On retrouve beaucoup d’entre elles dans les centres de collecte. Elles se sont juste réapproprié les idées de Coluche tout en les vidant de leur sens. Il n’y a plus grand chose de gauche dans la démarche, si ponctuellement utile qu’elle puisse être.

Bien à vous,
L’Ankou