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Commentaire de nico

sur Nucléaire : logique énergétique ou économique ?


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nico (---.---.233.217) 1er mars 2006 01:17

Une confusion est souvent faite lorsqu’il s’agit d’évaluer la performance économique des centrales nucléaires, et cette confusion vient de la mainmise de l’Etat en France sur la production d’énergie : en gros l’Etat aurait développé les centrales nucléaires parce qu’il en était de son intérêt géostratégique ou idéologique, et non parce que ce choix était pérenne économiquement.

Je pense que c’est une fausse idée reçue. Dans les pays démocratiques hors de France , les centrales nucléaires appartiennent à des opérateurs privés (notamment aux Etats Unis qui possèdent le plus grand parc nucléaire installé). Ces opérateurs font des profits, et ont vu avant tout un intérêt économique à investir dans le nucléaire (et se moquaient des débouchés militaires).

Par contre la technologie nucléaire civile est particulièrement dangereuse, ce qui a toujours imposé un contrôle de l’Etat en matière de sûreté des installations : c’est surtout là que s’exerce le centralisme étatique, plus que sur des aspects géostratégiques. Par exemple, s’il y a eu gel des constructions de réacteurs au USA, c’est parce que l’état fédéral a bloqué les autorisations de constructions de centrales suite à l’accident de Three Miles Island en 1979. L’Etat est donc intervenu non pour favoriser la construction de réacteurs, mais pour la freiner. En conséquence, plus d’une dizaines de projets de construction, dont certains déjà entammés, ont été abandonnés.

Historiquement en France, l’énergie produite par les premières piles (réacteurs expérimentaux) du CEA n’était pas exploitée : ces réacteurs n’avaient qu’un intérêt militaire (production de Plutonium). C’est EDF qui est allé voir le CEA pour demander à tirer partie de cette énergie thermique bêtement gaspillée.

Le développement de la filière nucléaire en France correspond donc bien plus à un opportunisme technique et économique : la technologie avait été développée par les militaires, elle produisait une énergie abondante et pas chère à partir d’un combustible (à l’époque) disponible sur le sol français, et qui de toute manière pèse peu sur le prix final du KWh (de l’ordre de 5 à 15%) contrairement aux centrales fonctionnant énergies fossiles.

Lors du choix du tout nucléaire en France, la question du coût des déchets (ou d’un accident éventuel)n’a pas été évaluée, pas plus que le coût du démantèlement des centrales. Cette situation n’est cependant pas cantonnée au nucléaire : c’est le cas pour toutes les activités économiques dans nos sociétés. D’une manière générale dans nos sociétés de consommation, nous enterrons nos déchets ou nous les brûlons, peu importe les dégâts sur l’environnement, la santé humaine. Pourquoi en serait il autrement pour le nucléaire ? Il n’est pas plus acceptable d’enterrer le combustible usé 1000 m en dessous du sol que de stocker des tonnes de cyanure, mercure, et autres horreurs tout aussi toxiques que le Pu à long terme... Cela ne le justifie cependant pas.

Alors oui, le nucléaire est très rentable, quant aux arguments écologiques en sa faveur, il faut les relativiser, ils ne sont apparus que très récemment dans la dialectique des patrons du nucléaire. Et si le nucléaire jouit d’un regain d’intérêt aujourd’hui auprès de chefs d’état, soyons lucides, c’est avant tout pour des raisons économiques.


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