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Commentaire de Avatar

sur AgoraVox devient la Fondation AgoraVox : nouveau modèle médiatique ?


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Avatar 29 janvier 2008 11:58

 

A Tall,

 

Y’a pas qu’en Belgique qu’on parle de ce projet de fondation.

Au Canada, aussi !!! 

Voici l’analyse de Demian West, qu’il m’a suggéré de copier-coller car il n’en avait pas le courage...

(en me précisant l’effaçage rapide du message et mon banissement à cause de cela...)

On va bien voir...

Voici son texte :

"Fondation d’esclaves.

A ce stade des débats et des mouvements internétiques, permettez-moi de vous exposer ce qu’il est en train de se passer dans la blogosphère, et selon mon point de vue. La pointe des entreprises de sondages, qui est en cherche de scrutation la plus fine de la population sur le net, a constitué un journal dit "citoyen" intitulé Agoravox. Les primes intérêts en amont sont probablement de pouvoir mieux observer la population en lui donnant le droit à la parole, donc au dévoilement de soi-même.

Ce projet est naturellement légal, et c’est uniquement dans ses applications que l’on pourrait craindre des dérives contraignantes. Tout d’abord, il faut rappeler que cette entreprise est dirigée par des individus manifestement mus par des ambitions dévoratrices, puisqu’il s’agit d’une entreprise commerciale et en pointe de son domaine. Il suffit de constater la nébuleuse qu’elle tente de mettre en place. Et, par des groupes de sites cumulés, qui viseraient, on peut le supposer, à brouiller la localisation de la tête soit du bureau directeur.

Par ailleurs, la notation des commentaires sur Agoravox a été mise en oeuvre en prenant pour prétexte des activités d’individus frondeurs,lesquels étaient pourtant encouragés par la direction et la ligne même de communication du site. Puisque l’audience y est recherchée, par toutes voies, comme sur les chaînes les plus provocantes de la télévision privée. Il suffit de se référer aux communications de Carlo Revelli, qui insiste régulièrement sur des chiffres si exagérés, qu’ils sont forcément un argument publicitaire en soi.

Donc, ce système de commentaires notés sert probablement à une entreprise de sondage permanent des intentions et des comportements du lectorat actif, et selon des informations exploitables légalement. Car, il est toujours une faille dans le système des formules de lois qui restreignent ces actions obscures. Et donc ces restrictions pourraient être contournées. D’autant plus qu’il ne fait aucun doute que l’ambition d’Agoravox est de dominer la sphère internétique, tout comme Google l’a fait aux USA puis mondialement.

Seulement, ce dispositif a naturellement rencontré un obstacle incontournable. Bien qu’étant prévue et même attendue dans le livre inaugural du projet, la manifestation artistique individuelle a été encouragée mais jusqu’à un certain point ou jusqu’au seuil de tolérance. C’est pourquoi, quand le système Agoravox a installé les notations de commentaires pour effectuer son contrôle entier du système, l’opposition vive s’est faite entre la machine cybionique et un bouc émissaire qu’il fallait exclure. Pour signifier aux autres rédacteurs l’exemple et le contre-exemple de ce qu’il fallait faire et les risques encourus par les déviants et les candidats à la déviance.

Vrai, que l’art est souvent imprévisible et toujours libre et donc que les maîtres ne le maîtrisent jamais entièrement, même par tous sondages ou renseignements. Puisqu’ils veulent le posséder sans l’avoir reçu en eux-mêmes et par la vocation de naissance, c’est le mystère ultime qui échappe aux maîtres des esclaves. Donc ils l’excluent et perdent tout. Car c’est leur limite qui apparaît, c’est-à-dire la limite de leur pouvoir manifeste et occulte, dans la fameuse dialectique hégélienne "du maître et de l’esclave".

Et cet acte de la pièce, qui s’est produit il y a un an, manifesta enfin la limite du projet cybionique. En tant qu’il évoqua publiquement une évocation troublante de la structure du "Village du Prisonnier" , du fameux feuilleton fantastique anglais. Et que la sphère, qui sait toujours ramener le prisonnier dans le village, est, d’une certaine façon, la notation même des commentaires dans Agoravox. Puisque c’est un dispositif subtil et puissant qui sait accrocher le participant par des revanches sans fin, et par le biais de sa propre volonté complice.

On voit toute la connaissance psychologique appliquée à bâtir les murs de cette prison immatérielle. Puisque tout le système est bâti sur ces actions/réactions de type vexatoires, ou bien d’adorations réciproques qui entretiennent réellement les liens entre maîtres et esclaves, et surtout entre les esclaves. Et ce système s’achève en une pyramide finalement cimentée par un culte de la personnalité du fondateur, entouré de lieutenants zélés à son culte et qu’ils anticipent même ses désirs. C’est pourquoi le terme de "Fondation" qui sort aujourd’hui renvoie à ce culte même du fondateur.

De toutes les façons, une entreprise de veille et donc de renseignement ne peut agir autrement que vers la domination de ceux qui ne savent pas et qui ne voient pas le bureau. Et quand bien même les propos du projet seraient bienveillants et de type humaniste, il ne saurait y avoir assez de barrages ou de verrous pour empêcher cette dérive vers le pire pouvoir du renseignement d’un contre tous, puis de tous contre tous. Comme dans le "Village du Prisonnier" tout est rencontre de civilités, mais jusqu’à l’irruption d’une déviance et c’est l’enfermement et le jugement devant le tribunal des numéro 1 et numéro 2, qui sont les maîtres du village.

Enfin, les connaissances en biologie de Joël de Rosnay trouvent là un terrain de recherche unique. Agoravox ressemble à s’y tromper à un assemblage de cages montées pour observer les rats de laboratoires, mais qu’ils y seraient pris habilement par leur propre appétit. Ce qui peut être utile pour mener vers des découvertes scientifiques ou sociologiques sur la psychologie animale ou humaine et les structures du pouvoir. Mais selon l’époque et la nature des péripéties qui nous attendent dans les temps disputeux et tempétueux qui viennent, on peut y voir aussi une sorte de forme expérimentale qui pourrait préfigurer de neuves et insoupçonnées formes de fascismes qui exploiteront les individus les plus fragiles, si poussés par la misère dans la crise économique.

Poussés, dis-je, à se jeter dans les prisons et labos des maîtres, pour toutes expériences vaguement rémunérées en dons d’un sandwiche pour éviter de crever dans l’heure qui suit. Un peu comme dans l’édifiant film de Bergman, l’"Oeuf du Serpent", qui montre comment et dans l’Allemagneallemagne d’après la crise de 29, les plus pauvres se sont jetés dans les expériences qui annonçaient la folie allemande des années 39-45. Tout a commencé par des promesses d’un monde nouveau et utopique qui a vite tourné dans le cauchemar du contrôle de chaque citoyen par le pouvoir contraignant qui a enrôlé tous les citoyens à ce qu’ils se contrôlent entre-eux, vers la paranoïa collective et destructrice au dernier degré. Il faut donc voir le serpent quand il serait encore dans son oeuf, ce qui est raison du titre du film de Bergman.

On ne doutera pas que les maîtres du projet Agoravox mis en avant scène espèrent quelque place dans l’histoire des grands hommes, ce qui vaut certes la peine d’oeuvrer. Mais il reste les ambitions plus solides comme la jouissance du pouvoir et les intérêts et capital, qui savent ajouter du fun à la vie et au prix de risques qui incluent l’entourage. Et ça vaut bien quelques sacrifices de bons principes et de l’idéal qui n’est pas de ce monde, nous dira-t-on à la fin, pour justifier ce cynisme de dealers des espérances qui tournent au désenchantement. Car cynisme il y a pour reprendre les terminologies du prolétariat qui a quand même fait des millions de morts en prétendant installer le paradis sur terre, ce que prétend Agoravox aujourd’hui pour demain. Et cette utopie s’achèvera comme les autres, comme l’a démontré la leçon des pouvoirs contraignants du XXè siècle.

Carlo Revelli a menti quand il annonçait que les rédacteurs seraient rémunérés dans le cours du processus de développement. Et quand il manoeuvre par toutes voies de suggestion en favorisant les seuls rédacteurs qui vont dans son sens, afin que ces rédacteurs disent et demandent, contre leurs propres intérêts et sans que Carlo Revelli ait à le dire lui-même, qu’il est mieux et plus citoyen de ne pas payer les travailleurs. Voilà la manoeuvre cynique qui signe l’exploitation capitaliste qui s’achève dans la transformation du travailleur intellectuel en rouage objectal de la machine à profit. Et participer à cette entreprise est une aliénation en soi de celui qui y participe et de l’ensemble de la communauté des travailleurs et des créateurs, qui sont tous déshumanisés par ce fait et cette idéologie ultra libérale et inhumaine.

Aussi, ne pas rémunérer les rédacteurs, c’est favoriser d’emblée les plus nantis qui n’ont pas besoin de rémunération. C’est pourquoi on assiste à ces débats de retraités qui ont et du temps et leurs rentes qui leur permettent de débattre jour et nuit, loin des alcôves désormais inutiles aux plaisirs oubliés. Et l’injustice serait donc et déjà au coeur du dispositif Agoravox. Et avant même qu’il ruine les attentes des plus défavorisés qui s’y pressent tout de même. Puisque l’aliénation qu’ils vivent dans la société qui les refuse pourrait trouver-là une fenêtre où s’exprimer. Mais non pas pour rebondir ce qui serait humaniste et humanitaire ... Non ! juste pour distraire de leurs plaintes et cris amusants les plus nantis qui sont là comme au spectacle de la misère ultime, qui dévoile ses indignités dans l’urgence des espoirs vains, comme on mourait dans l’arène à Rome.

Qui n’a pas vu que les plus accrochés rédacteurs au site Agoravox sont des personnes en attente d’une activité que la société leur refuse ou qu’ils sont simplement inadaptés ? Et donc l’expérience du "Village" se précise-t-elle sur des personnes vulnérables, et forcément, pour mieux saisir comment ces personnes pourraient être plus exploitése encore dans la sphère globale de la pure idéologie ultra libérale mondiale. On n’imagine pas un Dugué frappé de volonté d’évergétisme, c’est-à-dire en rôle du nanti offrant ses dons à la communauté, puisqu’il serait affranchi de tous besoins. Quand en réalité, il emploie ses textes comme des envois ou des courriers jetés au vent contraire, pour toucher quelque employeur futur et sans jamais l’avoir trouvé en deux ans de cet exercice obsessionnel de rédacteur bénévole, en forme de suicide moral.

C’est pourquoi, la non rémunération des rédacteurs est la signature indicielle d’une entreprise cynique qui fait de l’homme-rédacteur une marchandise déshumanisée, c’est-à-dire non rémunérée comme l’était l’esclave ou le doulos qui était considéré comme un rouage sans ego de la méga machine romaine antique.

Tout homme qui se voudrait libre saura résister à ces dispositifs de ce type contrôleur, qui annoncent, d’ores et déjà, des pouvoirs contraignants qui alièneront nos libertés fondamentales. En conséquence, il faut s’éveiller quand il serait assez tôt, pour éviter qu’advienne une société contraignante qui serait bâtie par notre propre inertie devant la constitution de tels monopoles inadmissibles. Finalement, ces monopoles ne visent-ils pas explicitement à remplacer les institutions et livres qui garantissent nos libertés. C’est-à-dire qu’à toujours prétendre à démasquer des complots institutionnels, Agoravox prétendrait presque à remplacer la République, ce qui est trop. Et que cette neuve entreprise prompte et habile en promesse de neuves libertés, nous assure plutôt une aventure présomptueuse, dont on sait comment elle commence et jamais comment elle finira.

Et je ne doute pas que mes réserves exprimées inciteront les plus fanatiques à s’accrocher plus encore à un projet douteux, pourvu que l’ancien monde des institutions tombe, pour la satisfaction des frustrations et des pulsions de mort de quelques-uns. Il reste les plus prudents, qui trouveront-là les mots qu’ils sauront voir comme les leurs, mais dits par un autre. Et que nous nous reconnaîtrons dans cette fraternité universelle par-delà les contingences et les pressions des maîtres ès feintises qui sont finalement des maîtres ès aventures filantes.

Quoi qu’il en soit et hors de toutes ces considérations, la dimension même du projet de nature hégémonique de la Fondation Agoravox signe la volonté de puissance, qui ne saurait jamais garantir la liberté de l’information et de la Presse. Tout à l’inverse, le projet revellien ou agoravocien se contredit dans son hypertrophie qui est sa propre négation et son déni définitif. Puisque la vérité ne saurait être imposée à tous comme étant le monopole d’un seul groupe ou d’un seul homme, et de sa vision du monde qu’il voudrait imposer à tous.

C’est tout simplement un projet d’une agora romaine hypertrophiée et impériale donc contraignante qui voit le jour, et jamais la prime agora grecque à échelle humaine. Et encore moins l’agora d’aujourd’hui qui se doit d’être affranchie de toute velléité d’esclave.

Demian West

Cet article n’a pas été soumis à aucune rédaction. Il a pour seule vocation de figurer en commentaire underground diffusable librement. Que ceux qui ont des yeux pour lire comprennent ce qui est écrit du livre dans le livre, th’book in th’book."

 

27 janvier 2008 |

http://www.centpapiers.com/La-malle-des-Indes-de-Carla-et,2889#forum9282


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