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Commentaire de Michael Texier

sur Université : diagnostic et thérapie(s)


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Michael Texier 17 novembre 2007 09:38

@ Armand,

Je suppose que personne n’a « relevé le gant » (au passage, l’expression est complètement ridicule dans le contexte ; nous ne sommes plus au 18ème siècle et le débat citoyen ne s’apparente pas pour moi à un duel) car vos posts témoignent d’une telle sottise que nul n’a dû estimer nécessaire d’y répondre.

Je vais néanmoins faire cet effort car certains de vos propos sont tout simplement indécents et pour cette seule raison, ne peuvent rester lettre morte.

En premier lieu, je suppose que vous êtes particulièrement fier de votre prose et de tournures telles que « sa vestale Pécresse » ou le « führenprinzip obsessionnel qui caractérise le nouveau gouvernement » mais sachez qu’elles sont pour moi le signe d’un profond mépris et d ‘un manque de retenue non seulement incompatibles avec un dialogue apaisé et constructif mais aussi les indices d’une intolérance qui n’a d’égale que votre manifeste sentiment de supériorité.

J’en prends pour preuve vos propos déclarant que votre ancienneté à l’université serait le motif pour lequel vous seriez mieux placé que d’autres (que moi en particulier) pour vous exprimer sur le sujet. Sachez cher monsieur, que l’ancienneté ne garantit en rien la clairvoyance et l’honnêteté et qu’elle ne pousse pas le plus souvent à rompre avec les habitudes. De plus, que je sache, l’appartenance à une commission de spécialistes (sur ce point vous ne faites pas figure d’exception, reconnaissez-le) ou la participation à l’organisation de colloques (il vaut aussi bien selon moi y prendre part en tant qu’intervenant, c’est le signe d’une activité de recherche reconnue) ne vous donne pas une position extraordinaire au sein du système universitaire. Et même si cela est le cas (vous voyez, ignorant votre nom et votre position, je prends un risque mais j’assume néanmoins mes convictions car je suppose que vous n’appartenez pas aux « sous-marins du politburo »), je trouve abominable cette censure qui n’accorde pas aux jeunes et d’une façon générale à chacun la possibilité d’exprimer un jugement sans le balayer aussitôt sous l’accusation d’une supposée méconnaissance du système. Je regrette, cher Armand, mais le système, je vis dedans chaque jour depuis déjà plusieurs années.

Revenons-en à vos arguments prétendument défendus par « nombre de vos collègues ». Je note au passage que vos collègues sont assez silencieux, car leur contestation n’est pas encore parvenue aux oreilles d’ignorants comme moi. Je ne me rappelle pas avoir entendu une voix unie sur le thème de la contestation de la loi LRU de la part des enseignants-chercheurs lors des dernières semaines, exception faite du comité SLR qui comme toujours, ne brille pas par son impartialité et par son indépendance d’esprit politique.

Vous dites « Ce n’est pas une raison pour ponctionner les étudiants et donner aux nouveaux satrapes que seraient les présidents d’université le droit de disposer de leur patrimoine immobilier qui est, il faut le dire, propriété d’Etat. ».

Faux. Pour quelle raison et sous quelle forme les étudiants devraient-ils être ponctionnés ? Par les droits d’inscription ? Sur ce point, rien ne change et je constate qu’au lieu d’instruire le débat, vous participez à la désinformation. Deuxièmement, la loi prévoit le transfert du patrimoine immobilier aux universités. Les locaux deviennent donc la propriété des universités et non de l’état. Il me semble logique que dans ce contexte, le président (et le CA) aient la possibilité de le gérer librement (et non d’en disposer car il ne s’agit pas de leur maison secondaire). On peut débattre si vous le souhaitez des avantages considérables (mais aussi des difficultés) que les universités pourront tirer de cette nouvelle situation.

Vous dites « Sous prétexte de laisser à un ’porteur de projet’ (autrement dit un ’chef’ sur le modèle de notre dictateur plébiscitaire) toute latitude on lui attribue des pouvoirs quasi absolus en le faisant émaner d’un CA croupion. ».

Jolie contradiction : selon vous, le président émane (c’est à dire est nommé) du CA. Pourtant vous attribuez au CA le qualificatif de « croupion ». Non, le président et le CA sont de facto en accord puisque l’un représente l’autre qui l’a désigné. Bon, je ne vois pas l’objet de votre irritation. D’autant plus que le CA désigne déjà le président... Je suppose que c’est le fait de limiter le CA à 30 membres qui vous gène. Cela permettra d’éviter l’immobilisme qui caractérise les CA actuels à 60 membres (mais peut-être n’y aurez-vous plus votre place ?...).

Pour la nomination des enseignants, elle sera désormais confiée à une commission indépendante, constituée de spécialistes du domaine de recherche du candidat et en partie extérieurs à l’université, nommés par le CA sur propositions du conseil scientifique. Actuellement, les commissions de spécialistes ne garantissent pas des nominations impartiales et ne favorisent pas le recrutement externe. Vous ne pouvez pas le nier. Là encore, je ne vois pas le problème de la nouvelle méthode proposée, au contraire.

Concernant, le paragraphe sur les entreprises, je ne vous suis plus du tout. Je m’étonne que vous compariez le patronat américain et le notre car, comme vous le rappelez, les dirigeants des entreprises américaines, au contraire de ce qui se passe en France, sont la plupart du temps diplômés de l’université. Comme en Allemagne d’ailleurs et dans la plupart des pays industrialisés. Je crois, comme vous peut-être, que le poids des grandes écoles est excessif en France, mais cela signifie aussi que l’université n’est pas adaptée au monde de l’entreprise. Vous seriez bien inspiré de comparer le modèle universitaire français et celui de nos voisins et d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

Salutations.


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