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Commentaire de Michael Texier

sur Université : diagnostic et thérapie(s)


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Michael Texier 16 novembre 2007 09:20

Cher Léon,

Sur deux aspects plus ou moins directement évoqués dans la loi, vous exprimez certaines inquiétudes et vous déclarez mettre votre main à couper que vos prévisions plutôt pessimistes se vérifieront dans un proche avenir. Permettez-moi de vous dire que les engagements pris par le gouvernement risquent de faire de vous un manchot. smiley

Sur le thème des droits d’inscription et du système de bourses. Je suis personnellement assez sceptique - et je l’ai déjà évoqué par ailleurs - quant au fait qu’une augmentation des droits puisse apporter une contribution significative au problème du financement des universités. Pour moi, ce n’est pas par les droits d’inscription qu’il faut chercher un moyen d’augmenter significativement le budget de l’enseignement supérieur. Néanmoins, je prenais cet exemple pour montrer que même concernant les droits d’inscription, les positions idéologiques ne sont pas souhaitables. Pour ceux qui ont lu le rapport Wauquiez, il apparaît évident que le montant des droits et les critères d’attribution et le montant des bourses sont 2 sujets intimement connectés. Ainsi une augmentation des droits associée à une refonte du système de bourses ne conduit pas nécessairement à un accroissement des inégalités d’accès à l’enseignement supérieur.

Bon, sur ce point vous pariez que les orientations gouvernementales n’iront pas dans le sens d’un accroissement du nombre et du montant des bourses.

Première main perdue : le gouvernement vient de s’engager à délivrer dès cette année 10000 bourses suplémentaires et le montant des différentes bourses sera globalement augmenté.

Vous supposez ensuite que l’autonomie des universités est un moyen pour l’état de se désengager. C’est d’ailleurs l’argument principal des anti-loi Pécresse.

Autre main coupée : Le budget 2008 prévoit une augmentation très significative de la dotation de l’état aux universités qui représente 400€ par étudiant. Ce chiffre concerne uniquement la partie enseignement et l’on doit par ailleurs ajouter les crédits suplémentaires à destination de la recherche. On peut toujours considérer que cela n’est pas assez mais je trouve assez fascinant de constater que c’est lorsque l’on augmente les crédits que la contestation se manifeste. Le sous-financement des universités n’est pas nouveau mais l’on devrait tout de même prendre acte du fait que la loi Pécresse ET le budget correspondant à la dotation de l’état (+50% en 5 ans) correspondent à une volonté de renforcer les moyens à destination des universités. C’est un effort peut-être insuffisant mais en tous cas sans précédent.

Enfin, vous évoquez le fait qu’il serait impossible de prévoir quel sera le marché du travail dans 4 ou 5 ans. Je ne nie pas qu’il est difficile de faire des prévisions hyper fiables dans ce domaine, mais il en revanche très simple de constater la situation actuelle. J’ai pris l’exemple des psychologues car il est dramatiquement significatif. Inutile d’être Nostradamus pour prévoir que les étudiants actuellement dans cette filière auront beaucoup de mal à trouver un emploi en rapport avec leur formation.

Sans faire du diplôme à la demande du marché, il faut prendre en compte ses évolutions et capacités d’absorption. Sans quoi l’Université ne remplit pas sa mission selon moi.

« Il faut être naïf, ou stupide, ou aveuglé par un fanatisme militant pro-sarkozyste pour faire confiance à cette réforme-là de l’Université ».

Je ne pense pas être naîf, j’espère ne pas être stupide et je sais que je ne suis pas aveuglé par un quelconque fanaatisme. J’essaie de considérer la situation sans dogmatisme et de m’en tenir aux faits. Les faits sont là : les engagements du gouvernement et le contenu de la loi vont dans le bon sens. Et c’est déjà ça.


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