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Commentaire de Voltaire

sur Université : diagnostic et thérapie(s)


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Voltaire Voltaire 15 novembre 2007 16:43

Article qui analyse assez bien le problème, même s’il comporte quelques inexactitudes.

Il est en effet trompeur de citer un pourcentage de jeunes de moins de 24 an au chômage, car celui-ci représente en fait le pourcentage de jeunes sans emploi,les chômeurs représentent seulement 8-9 % des effectifs d’ensemble de ce groupe d’âges, dont une grande partie n’est pas économiquement « active » parce que scolarisée...

De la même façon, même si le taux de chômage est élevé dans l’année qui suit la sortie de l’université, celui-ci décroit assez rapidement, et les chômeurs diplômés de l’enseignement supérieur sont rares (mêmes si en effet certaines filières posent problème). C’est l’une des raisons qui pousse les autorités à accroitre le nombre d’étudiants dans le supérieur.

A cet égard d’ailleurs, le chiffre de 40% d’une classe d’âge atteint en France est assez médiocre par apport à nos compétiteurs ; ceci est à relié avec le financement par étudiant pour la France très inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE. Comme l’indique l’auteur, nous finançons trop l’enseignement secondaire par rapport au supérieur, trop certaines filières du supérieur par rapport aux autres, et globalement pas assez le supérieur. A cela s’ajoute le très faible niveau de financement des étudiants eux-mêmes de leurs études, j’y reviendrai.

Il est aussi utile de mentioner de nouveau que la loi votée cet été n’a en réalité que peu d’influence sur la situation des étudiants. Celle-ci a pour principal objet de permettre une meilleure guvernance de l’université. En accroissant l’autonomie de fonctionnement des universités, elle limite un peu les lourdeurs administratives qui paralysent depuis longtemps les initiatives des chercheurs et enseignants, mais n’influe pas sur les moyens réels ou l’enseignement aux éudiants. Le principal article contesté par les grévistes, concernant la possibilité de fondations d’universités et l’éventuelle « privatisation » de celles-ci est une vaste plaisanterie. IL n’y a aucune tradition de financement privé en France, et ce n’est pas un texte qui va changé les mentalités. Au mieux, ces fondations récolterons quelques millions d’euros pour leurs bâtiments et équipements, mais cela n’aura aucune influence sur les contenus des enseignement.

Cette loi, dont certains articles mériteraient d’être revus d’ailleurs, ne résoud donc pas les problèmes principaux des étudiants, ni pour leurs conditions de vie, ni pour les débouchés professionnels des filières, ni sur la question de l’échec en premier cycle.

Sans rentrer ici dans le détail, on pourrait néanmoins envisager plusieurs mesures d’urgences en attendant la poursuite de réformes de structures et l’accroissement des moyens.

Sur le logement étudiant tout d’abord, il est évident que les moyens sont dramatiquement insuffisants, mais la solution s’inscrit dans le problème plus général du logement en France ; Néanmoins, on pourrait envisager dans l’immédiat l’attribution, sous conditions de ressources, d’une prime à l’aide au logement en fonction du coût des loyers (en région parisienne par exemple), comme c’est le cas pour Londres.

Le problème de l’échec en premier cycle est fortement lié à la nécessité, pour de nombreux étudiants de milieux défavorisés, de travailler en dehors des cours ; Ceci diminue considérablement les chances de réussites. l’établissement de prêts à taux zero, garantis par l’Etat, permettrait de contrebalancer la frilosité des banques qui réservent leurs meilleurs taux aux étudiants de quelques filières ou aux jeunes qui ont une caution parentale... Cette solution doit être rapprochée au fait que l’enseignement supérieur doit être considéré, par l’étudiant, comme un investissement. Il n’y aurait rien de scandaleux de proposer, à terme, des augmentations de droits d’inscription, si la qualité de l’enseignement, les conditions d’enseignement et les débouchés étaient de bon niveau. Mais il ne faut pas inverser le problème : ces augmentations sont envisageables uniquement après que l’Etat ait fourni l’effort financier suffisant pour remettre à niveau l’enseignement universitaire ; ce n’est qu’à cette condition que les étudiants pourront ensuite être sollicité financièrement. On ne peut êre d’accord pour investir de façon personnelle que si cet investissement est rentable... De la même façon, il est temps que le ministère des finances considère le financement de l’enseignemet supérieur et de la recherche comme un investissement, puisque tous les éléments démontrent leur rentabilité pour l’économie d’un pays...

En ce qui concerne le manque de débouchés de certaines filières, il semblerait indispensable d’imposer, en dernière année de chaque cycle, des éléments liés à la professionalisation de la formation. Cela peut être aussi bien des stages, formations en gestion de projet ou communication (« soft skills ») ou autres alternatives, mais l’essentiel est de donner à l’étudiant, quelque soit son objectif professionnel, des armes qui lui permette d’être plus facilement opérationnel dans le domaine qu’il a choisi.


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