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Commentaire de ernst

sur Hérode et le pseudo-massacre des Innocents


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ernst 30 mai 2007 21:54

Cher ami, vous vous interrogez sur la provenance de la richesse d’Hérode. Ce que je fis moi-même pendant de nombreuses années. Tout d’abord, commençons par son séjour à Rome où il montre un train de vie très opulent. N’oublions pas qu’il est fils de son père. Lequel fut en froid la dernière année de sa vie avec Hyrcan, pour la raison de son enrichissement personnel. Deuxièmement, petit-fils d’Arétas, le plus puissant roi de tout le Moyen-Orient. N’oublions pas que Pétra, carrefour obligé des grandes caravanes, était à l’époque le centre principal de commerce entre l’Angleterre et la Chine (route de l’étain et de la soie ). Troisièmement, arrivé au pouvoir, Hérode institua des droits de douane sur les exportations et surtout les importations venant de la Mare Nostrum. Les très nombreux sygilles des amphores retrouvées en font foi. Quatrièmement, son intérêt avisé sur la bourse des matières premières et en particulier sur les inondations du Nil, ses spéculations sur le nombre de récoltes sur les berges prospères. À cette époque-là, tout comme aujourd’hui, la qualité et la rapidité de l’information étaient capitales. Son système de relais par pigeon voyageurs - vous avez sûrement noté son don au Temple :« une paire de pigeons d’une race nouvelle » -ses excellents rapports avec Cléopâtre, puis après sa mort en -31, avec les gouverneurs sous les ordres de son meilleur ami Agrippa, empereur de Rome, général en chef de l’armée, amiral de la Flotte et vainqueur d’Actium. Ces deux-là eurent, à dix ans d’intervalle, le même professeur de mathématiques et se connurent et se lièrent d’une sincère et profonde amitié à Rome lorsqu’Agrippa n’avait que dix-sept ans. Jusqu’à la mort d’Agrippa en -12, Octave n’était que le nain du triumvirat.

Quant aux colonies de la diaspora, et c’est là que votre thèse me parait un peu faible, Hérode eut la diplomatie de laisser leurs dons entièrement au Temple. Ma thèse tient compte du fait qu’Hérode ne fit jamais frapper monnaie, laissant ainsi aux Prêtres le soin d’établir le change indispensable aux dons - ces dons devaient obligatoirement se faire en monnaie locale, fort rare, donc fort chère - ce qui laissait au Temple la main sur une fortune. La diaspora était taxée à dix pour cent de ses gains de l’année à chaque Pâque.C’est à ce prix qu’Hérode obtint la paix sociale qui est notée par F. Josephe.

Vous me dites que les Romains espéraient que l’esprit saint incarnerait le culte de l’Empereur. Je mettrais un bémol en insistant sur le fait que le culte de l’Empereur était culte d’État. Point d’esprit saint là-dedans du tout.

Vous me dites qu’en Palestine, les juifs espéraient la venue du Messie. Ils l’espèrent toujours.C’est ce qui fait la différence entre un chrétien et un juif.

Vous me dites qu’Hérode prit le nom d’Hérode en hommage à Horus. Je ne le pense pas. Hérode fut ainsi nommé par son père à sa naissance, comme tout juif à sa circoncicion. Et cela vient du grec, heroides, l’héroïque.

Maintenant nous passons à la période post-Hérodienne. Le Christ apparait pour la première fois sur la scène politique au printemps de l’an 6. Il vient de faire sa Bar-Mitzvah, dans un hébreu parfait qu’il parle couramment, alors que c’est une langue morte, quasi plus employée, même par les Prêtres depuis quatre cents ans.Vous imaginez bien que cette apparition d’un fils de David, comme prédit par les prophètes, n’a pas dû passer totalement inaperçue.Les Prêtres sont même si interessés qu’ils vont interroger l’enfant pendant trois jours.

Et c’est là que les choses vont se gâter. Ce que dit le jeune homme ne va pas du tout dans le sens d’un roi qui s’apprêterait à bouter l’ennemi hors du territoire. L’enfant propose une relecture spiritualiste de la Torah. Sacrilège. Il dira plus tard, la veille de son procès, de rendre à César ce qui appartient à César. Autant dire qu’il préconise de payer l’impôt à l’ennemi. D’où sa condamnation.

Mais là, nous entrons de plein pied dans une autre discussion, qui est davantage encore de mon domaine.

Dont je vous remercie d’avoir entamé le dialogue.


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