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Accueil du site > Tribune Libre > Le suicide collectif de la secte du Temple du Peuple : une explication (...)

Le suicide collectif de la secte du Temple du Peuple : une explication salutaire de Stanley Milgram

Par temps de laïcité harcelée, ARTE a eu la bonne idée, mardi 29 janvier 2008, de programmer un documentaire de Stanley Nelson, « Jonestown : the life and death of the People’s Temple », sur le suicide et le massacre de 914 fidèles de la secte Le Temple du Peuple, survenus, il y a trente ans, le 18 novembre 1978, à Jonestown, une colonie installée par son gourou Jim Jones en pleine jungle de la Guyana.

Que ce pasteur, fort avisé en affairisme humanitaire, ait pu exercer une telle emprise sur ses fidèles au point de les amener à se suicider collectivement en buvant du poison sur son ordre avant de se suicider lui-même ou d’être abattu, ne laisse pas d’intriguer. Comment est-ce possible ? On est tenté de se satisfaire de l’explication psychiatrique dont le danger est de faire de l’événement un cas pathologique qui n’intéresse nullement les personnes saines et équilibrées.

La lecture de Stanley Milgram

Dans la seconde édition française de son ouvrage Soumission à l’autorité (Ed. Calmann-Lévy, 1979), Stanley Milgram propose une explication non concurrente mais au moins complémentaire que lui inspirent les leçons tirées de ses expériences fameuses sur le consentement d’une majorité de sujets à se soumettre aveuglément aux ordres d’une autorité.

L’ampleur des massacres nazis l’avait amené à vérifier une intuition : la folie de quelques-uns ou leur perversité pouvaient-elles vraiment en rendre compte ? Menées entre 1960 et 1963 à l’université de Yale, ces expériences aident au contraire à comprendre la formidable emprise que l’autorité peut exercer sur ceux qui lui sont soumis et dont elle a besoin pour parvenir à ses fins. Un sujet, jouant le rôle d’un moniteur, est capable d’infliger des décharges électriques de 15 à 450 volts à un élève qui ne lui a rien fait, simplement sur l’ordre d’un expérimentateur malveillant et sous prétexte que l’élève a mal mémorisé les couples de mots qui lui sont enseignés.

Un trait de caractère est du même coup mis en lumière : un individu autoritarien est celui qui ne trouve son équilibre psychologique que dans une adhésion aveugle à l’autorité. Intéressé au premier chef comme Arménien, descendant de victimes d’un génocide, Henri Verneuil a souhaité populariser ces expériences : il a bâti autour de leur reconstitution partielle un scénario inspiré de l’assassinat du président Kennedy en 1963. Tel est le sujet de I comme Icare paru en 1979.

Les trois enseignements des expériences de Milgram

Des 18 variantes de son expérience, Milgram a tiré trois enseignements essentiels.

1- Le premier enseignement est la porportion de sujets soumis dans un groupe donné. Celle-ci diffère, sans doute, selon les 18 variantes de l’expérience destinées à étudier, sur le schéma élémentaire de base, l’influence de facteurs divers. Ainsi a-t-il examiné la proximité du sujet par rapport à sa victime qui accroît le taux de désobéissance, tout comme le soutien de deux camarades. L’illégitimité de l’autorité en la personne d’un allié de même statut que le sujet ne peut, au contraire, obtenir de lui qu’il fasse souffrir plus longtemps l’autorité légitime qui a pris la place de l’élève. Il en est de même encore de l’illégitimité de l’autorité découlant d’une salle ordinaire, non dédiée à la recherche scientifique, comme un laboratoire universitaire.

Il reste qu’a été établie une moyenne de 63 % de sujets soumis de préférence à l’autorité malveillante plutôt qu’aux exigences de leur conscience morale. Certains paraissent même n’éprouver aucune difficulté à infliger, sur ordre, jusqu’à trois fois 450 volts à une personne qui ne leur a rien fait !

Beaucoup, néanmoins, connaissent une tension dramatique, écartelés qu’ils sont entre les deux obligations incompatibles, celle de l’autorité et celle de leur conscience. Afin de diminuer cette tension, les uns plaident la cause de l’élève auprès de l’adjoint du professeur Milgram qui surveille le déroulement de l’expérience, pour lui éviter une décharge ou pour tout simplement arrêter l’expérience ; d’autres encore profitent de l’inattention de l’adjoint pour venir au secours de l’élève par des mimiques soufflant les réponses. Ils n’en continuent pas moins de se soumettre aveuglément à l’autorité malveillante.

2- Le deuxième enseignement éclaire le mécanisme qui fait la puissance de l’argument d’autorité, ou mieux du leurre d’appel autoritarien pour reprendre l’adjectif adopté par Milgram.
Trois phénomènes expliquent cette soumission aveugle.
1- L’un est un phénomène de syntonisation où le sujet, « sur la même longueur d’onde » que l’autorité, est en état de réceptivité maximale vis-à-vis d’elle. Cette syntonisation présente deux aspects. 1- Elle entraîne une acceptation aveugle de la situation définie par l’autorité, au prix d’une abdication par le sujet de son intelligence et de son idéologie personnelle. 2- Elle provoque ensuite une limitation étroite du champ de perception du sujet  : les cris de douleur de la victime restent cantonnés en lisière de perception, voire carrément oubliés.

2- Un deuxième phénomène est celui de l’intégration de l’individu autonome au sein du système hiérarchique que Milgram nomme « l’état agentique ». On en relève deux manifestations : 1- L’une est l’abandon du contrôle personnel par le sujet sur les actes prescrits par l’autorité : si l’éducation apprend à l’individu à maîtriser ses pulsions asociales, jamais ne lui est enseigné un contrôle personnel des actes imposés par l’autorité. 2- Il s’ensuit une réorientation du jugement moral du sujet  : il fait de l’autorité le seul juge du Bien et du Mal, et, par conséquent, de l’obéissance le critère du Bien et de la désobéissance, le critère du Mal.

3- Le troisième phénomène, conséquence des deux premiers, est l’abandon de toute responsabilité. Celui-ci découle de l’enchaînement de trois attitudes complémentaires : 1- L’une conduit le sujet à ne plus percevoir son acte comme émanant de lui-même. 2- L’autre l’amène, en effet, à l’imputer exclusivement à l’autorité qui le lui a prescrit. 3- Au rétrécissement du champ de perception correspond, enfin, le rétrécissement du champ de la responsabilité : a- l’individu se sent comptable (responsable) de l’exécution de l’ordre ; b- mais il ne se sent pas responsable du contenu de cet ordre ; c- les vertus célébrées deviennent « le sens du devoir », « la loyauté » et « la discipline ».

3- Le troisième enseignement explique la raison de cette soumission aveugle.
Elle est le résultat d’une prédominance de l’éducation à la soumission à l’autorité dans l’apprentissage même de la morale du groupe. Les diverses règles que, pour sa survie, le groupe juge nécessaire d’inculquer à ses membres, font sans doute l’objet d’un apprentissage conditionné, selon la méthode alternant récompense et punition. Mais, au-delà du contenu de ces règles, pour l’adoption par l’individu de chacune d’elles, c’est encore la soumission aveugle à l’autorité qui est, simultanément à chaque fois, exigée de lui.

Les expériences complémentaires de Nijole Kudirka

Quel rapport, objectera-t-on, avec des individus, comme les membres de la secte de Jim Jones, qui nuisent sur ordre non pas à autrui mais à eux-mêmes au point de boire un poison ? Milgram cite à ce sujet les expériences que sa collègue Nijole Kudirka a menées après lui, à l’université de Yale, sur le modèle des siennes. Elles étudient la même soumission à l’autorité avec pour différence majeure la nuisance à soi-même et non plus à autrui.

Les sujets fautifs se voient contraints de s’infliger à eux-mêmes une punition, l’ingestion de biscuits répugnants imbibés de quinine qui provoquent divers malaises jusqu’à la nausée. La question est de savoir jusqu’où les sujets accepteront de se soumettre à l’ordre de l’expérimentateur malveillant et de souffrir en se faisant les bourreaux d’eux-mêmes. En la présence de celui-ci, N. Kurdika a observé que « pratiquement tous les sujets (obéissent) ». En son absence, pour mesurer l’effet d’un affaiblissement de l’impact de l’autorité par l’éloignement, il se trouve encore 14 sujets sur 19 pour absorber jusqu’à 36 biscuits !

Et Stanley Milgram de faire observer que, si l’on n’admet pas qu’un gourou puisse exiger une conduite suicidaire de ses fidèles, on admet bien qu’un gouvernement mène une politique qui détruise des milliers d’êtres humains sans pour autant voir dans les exécutants des « cas pathologiques », mais des subordonnés, voire des héros, attachés à faire leur devoir avec conscience professionnelle. « Ce qui différencie nos réactions, conclut-il, c’est moins la nature des actes commis que la légitimité reconnue de ceux qui les ordonnent. »

Ces expériences sont utiles à rappeler quand le président de la République française, oublieux de la laïcité dont il doit être le garant, vante, au Palais du Latran à Rome, « la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance » à propos de religieux de qui sont exigés pauvreté, chasteté et... obéissance.
Un enseignement laïque ne devrait-il pas comporter une réflexion sur la soumission à l’autorité qui ne doit jamais être aveugle ? Le film d’Henri Verneuil I comme Icare (1) est un bon support pédagogique. À la différence d’un sujet, un citoyen est celui qui assume ses responsabilités sans jamais s’en décharger sur une autorité pour tenter de se disculper comme l’a fait M. Papon avant d’être condamné pour complicité de crime contre l’humanité en avril 1998.
Moins tragiquement, et plus quotidiennement, il n’est que de voir dans la publicité l’usage incessant de l’argument d’autorité pour tenter d’arracher l’adhésion à une idée, un homme ou un produit. Même les plus incultes - du footballeur à l’acteur ou au chanteur - sont érigés en prescripteurs, du moment qu’ils suscitent chez leurs fans inconscients un réflexe d’identification. Paul Villach

(1) Voici le lien pour visionner la reconstitution partielle des expériences de S. Milgram par Henri Verneuil dans I comme Icare : ici.

Documents joints à cet article

Le suicide collectif de la secte du Temple du Peuple : une explication salutaire de Stanley Milgram Le suicide collectif de la secte du Temple du Peuple : une explication salutaire de Stanley Milgram

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26 réactions à cet article    


  • JoëlP JoëlP 31 janvier 2008 10:37

    Merci pour cet article bien construit qui met habilement en perspective le fameux suicide collectif du Guyana, les travaux de Stanley Milgram, le film de Verneuil, les manipulations de toutes sortes dont nous sommes victimes par les médias et la pub, pour nous amener à une saine réflexion sur le thème laïcité et citoyenneté .


    • ZEN ZEN 31 janvier 2008 12:21

      @ Florentin

      "Ainsi le respect de la vie et le refus d’infliger gratuitement des sévices sera plus grand si le sujet se soumet à une autorité morale (par exemple l’enseignement du Christ) qui dénonce le recours à la violence au delà de l’autorité légale qui lui intime de torturer son prochain ou de s’infliger à soi-même des sévices. ..."

      Argument nul et non avenu... Combien de "bons chrétiens" on été de parfaits bourreaux sous le III°Reich (le Pasteur Paul Tillich a été une remarquable exception) malgré peut-être parfois un certain déchirement. Combien d’officiers catholiques pratiquants ont été impliqués dans la torture en Algérie ? etc...et je ne remonte pas dans un passé plus lointain...

       


    • Paul Villach Paul Villach 31 janvier 2008 12:24

      Vous avez raison de souligner que la conscience morale de chacun est construite par son éducation où l’apprentissage de la soumission à l’autorité est prédominante. C’est le troisième enseignement des expériences de Milgram. J’y fais référence dans mon article. C’est une réelle difficulté pour une conscience qui entend s’émanciper des mythologies qui ont imprimé en elle des empreintes originelles souvent profondes.

      Je ne partage pas , en revanche, votre avis pour restreindre à une appartenance à des groupes structurés, religieux ou politiques, la possibilité de se référer à une conscience morale personnelle. Cette conscience, nourrie de l’expérience de la personne, se construit, se corrige ou se détruit chaque jour en opposition ou en accord avec d’autres consciences.

      Votre vision de la laïcité est celle d’un espace vide. C’est une représentation tactique. Ce n’est pas la mienne. Je vois plutôt la laïcité comme l’effort quotidien de la personne pour se soustraire aux mythologies et tenter de fonder une dignité humaine sur la plus large autonomie possible dans les interactions qui tissent la vie sociale où elle s’affirme.

      Cet effort est facilité évidemment dès lors qu’un cadre politique tient à distance les mythologies traditionnelles, habituées depuis longtemps à l’envahir, et que la personne n’encourt pas l’accusation de blasphème quand elle ose les critiquer. Voyez ce qui arrive en Afghanistan à ce journaliste condamné à mort pour ... blasphème. Giordano Bruno a connu la même mésaventure en 1600 : sa statue massive sur le Campo des fiori à Rome le rappelle douloureusement ! Le couvent de Santa Maria sopra Minerva, à deux pas du Panthéon, n’est pas loin de là, où Galilée a été humilié en 1633 par le Tribunal de la sainte Inquisition... Comment oublier ? Paul Villach


    • Paul Villach Paul Villach 31 janvier 2008 14:09

      Tout dépend du sens que l’on donne à "mythologie". J’entends par "mythologie" "une représentation du monde qui correspond aux intérêts d’un ordre social donné". Paul Villach


    • Paul Villach Paul Villach 31 janvier 2008 17:45

      Cher Florentin, vous ne vous appelez pas florentin pour rien ! Ce que vous me faites remarquer est bougrement intéressant. J’y reviens quand j’ai un peu plus de temps. Merci de me pousser dans mes retranchements. Paul Villach


    • docdory docdory 2 février 2008 11:01

       @ Florentin Piffard 

      Torquemada se soumettait à l’autorité morale du Christ , Mohammed Atta et ses sinistres coéquipiers du 11/9 se soumettaient à l’autorité morale de Mahomet , nombreux autres exemples disponibles dans l’histoire . Votre argument ne tient pas la route !


    • Paul Villach Paul Villach 31 janvier 2008 11:52

      Juste une petite rectification : vous voulez parler des travaux de Solomon Asch sur la pression exercée par le groupe sur l’individu.

      Sans doute cette pression agit-elle dans ce cas de figure, c’est sûr, mais comme force auxiliaire au service de la soumission aveugle à l’autorité. Paul Villach


    • Sébastien Sébastien 31 janvier 2008 11:54

      Article tres interessant. Dans le monde de l’entreprise, on voit tous les jours des gens qui font des choses sans savoir pourquoi, simplement parce qu’on leur a dit de les faire. Sans aller jusqu’a la desobeissance, je suis toujours etonne que l’on ne cherche pas au moins a comprendre le pourquoi de ce que l’on fait.

      Sinon vous auriez pu faire l’economie de Sarkozy a la fin. On ne peut pas se plaindre de son omni presence et le mettre a toutes les sauces.


      • Christoff_M Christoff_M 31 janvier 2008 13:01

        C’est ce qui a permis l’extension de certains empires "barbares"...

        Ceci explique la montée des nazis a une période de crise et de doutes.... Sans complices ces régimes n’auraient pas été aussi loin !! Ceci explique la délation et les comportements de vengeance après guerre...

        ceci explique encore la soumission de certains soldats actuellement qui s’inventent des ennemis dans des guerres ou on les envoie bombarder des habitations, des civils sous prétexte de dangereux activistes !!

        les hommes ne retiennent pas le passé, ils n’évoluent pas et la technique leur permet d’avoir des outils d’action et de torture de plus en plus sophistiqués.... qu’est ce qui fait reculer, la bombe atomique là , les massacres ici, le napalm ou les armes chimiques la....

        on entend plus jamais ça !! et quelques années après un autre problème recommence ailleurs...

        une société qui produit plus d’armes que de nourriture n’est elle pas une société vouée au suicide... elle devient suicidaire aussi dans sa manière de gérer l’argent pour donner des milliards à quelques individus pour laisser une grande masse de gens dans la misère !!

        Est ce que l’humanité actuelle n’est pas devenue une secte suicidaire obéissant de plus en plus à ses pulsions, faisant de moins en moins intervenir la reflexion, le bon sens. dans une sorte de frénésie de fuite en avant de la réalité !! évidemment on peut se réfugier dans son petit monde, sa petite famille, son cercle d’intime, son travail, sa petite maison et se dire que le reste ne nous concerne pas !! c’est ce que font la plupart des gens, en y rajoutant une bonne dose de calmants et d’anti dépresseurs.... Si bien qu’un Hitler malin pourrait reprendre le pouvoir en cas de crise modiale, tant les gens refusent la réalité et "laissent faire"...


        • geko 31 janvier 2008 13:20

          Je pense aussi que les comportements de soumission que vous décrivez sont induits par un phénomène de groupe.

          Devant l’incapacité à résoudre une incertitude je m’en remet à la décision du groupe. Ce phénomène est observable dans les activités sportives ou il faut évaluer le risque objectif : Je vais me baigner dans une baïne pourtant très dangereuse parceque plusieurs personnes s’y baignent déjà ! Je me sens en sécurité dans un couloir de glace parque plusieurs glaciairistes y évoluent tranquillement, alors que mes gestes ne sont pas "secure" et je mets ma vie en péril ! Pour ces 2 exemples, l’individu ne sais pas évaluer le risque objectif  !

          La propention à sacrifier sa vie pour une croyance n’est elle pas beaucoup plus forte dans des sociétés monothéistes ? 


          • Gazi BORAT 31 janvier 2008 13:34

            Suicides collectifs et situations de siège

            Il existe aussi un autre facteur qui influa sur le suicide collectif et qui relève de la psychologie collective et qui s’ajoute aux processus décrits par Milgram : le fantasme de "citadelle assiégée" que peut vivre un groupe lorsqu’il est entouré d’ennemis - réels ou supposés - et que ce sentiment est savamment entretenu par le chef.

            La secte de Guyana était à ce moment sous le coup d’une enquête, diligentée par des proches de membres de la secte et qui vit arriver un sénateur américain ainsi qu’une équipe de journalistes.

            Jim Jones réussit à "tenir" sa communauté mais quelques membres réussirent à approcher le sénateur et demandèrent à repartir avec le parlementaire et les journalistes.. La plupart furent abattus au moment où ils allaient prendre leur avion.

            Jim Jones adressa alors à la communauté plusieurs discours paranoïaques sur les forces du Mal qui voulaient détruire le paradis terrestre qu’ils avaient créés au milieu de la jungle..

            Ces discours ne furent pas sans conséquences pour la suite des évènements. La communauté n’était pas réellement assiégée, mais la paranoïa du gourou eut son effet de persuasion.

            On possède des exemples historiques de communautés assiégées qui, soit se suicident, soit entrent dans des comportements de folie autodestructice on peut compter :

            - Le siège de la ville de Münster au XVI° siècle, où se réfugièrent les Anabaptistes conduits par Jean de Leyde donna lieu ches les assiégés à des scènes d’orgies collectives et d’exécutions avant la prise de la ville par la coalition des Princes...

            - Le siège de l’éphémère "République soviétique de Bavière" par les corps francs du 7 avril au 2 mai 1919 donna lieu de même à des scènes de folie. Son dirigeants envoya des déclarations de guerre à toutes les personnalités étrangères - le Pape y compris - qui refusaient de le soutenir en lui envoyant des locomotives et des armes..

            - Le siège du "Chalet de glace" (février 1972) en fait, l’hotel ASAMA SENSO où s’étaient refugiés des membres de la "Renko Seki-gun " (armée rouge japonaise) vit les assiégés s’entretuer entre eux en une sorte de purge collective, avec mise en accusation des uns par les autres en des procès où pouvait être condamnée une militante de "déviations bourgeoise" parce qu’un baton de rouge à lèvres avait été trouvé dans son sac à main..

            Le nom de "chalet de glace" fut une trouvaille journalistique due au fait que le siège se déroula en hiver pendant un froid intense et que les forces de l’ordre avaient arrosé le chalet avec les lances à incendie des pompiers locaux..

            http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_rouge_japonaise

            - Le siège de la secte des Davidiens (1992) vit aussi un suicide collectif , encore controversé aujourd’hui, mais dont le dirigeant David Koresh avait menacé les autorités avant l’assaut de celles-ci. Quatre vingt victimes furent dénombrées..

            Concernant cette théorie de la "citadelle assiégée", elle fut remarquablement décrite par Serge Tchakotine dans son ouvrage "Le viol des foules par la propagande politique"..

             gAZi bORAt


            • Paul Villach Paul Villach 31 janvier 2008 14:25

              C’est un angle intéressant. Il est certain que Jim Jones a vécu l’angoisse de la citadelle assiégée.

              Toutefois, peut-on comparer cette secte de fidèles à ces combattants que l’on voit se suicider plutôt que de se rendre comme à Massada en 74 ou à Matouba en 1802 ?

              L’analyse de Milgram a le mérite de montrer cette soumission aveugle des individus à l’autorité qu’ils reconnaissent pour légitime. Paul Villach


            • Gazi BORAT 31 janvier 2008 15:28

              @ Paul Villach

              Je n’ai pas osé ajouter Massada dans la liste car le sujet est sensible. L’historien Pierre Vidal Naquet a connu quelques soucis pour s’être penché sur ce symbole.

              Tous les movements sectaires vivent toujpurs peu ou prou dans une ambiance de citadelle assiégée et si les circonstances valident cette impression, le résultat est détonnant.

              Outre ce que décrit Milgram sur les mécanismes de soumission, un autre phénomène a été étudié par Leon Festinger dans son ouvrage "l’échec d’une prophétie" (1956) qui décrit par observation en immersion, la vie d’une secte qui attend des soucoupes volantes qui doivent les sauver d’une apocalypse annoncée..

              http://www.scienceshumaines.com/l-echec-d-une-prophetie_fr_12965.html

              .. ni l’apocalypse, ne les soucoupes volantes ne viennent comme convenu. Plutôt que de dérouter les membres du groupe, cela les renforce dans leur croyance. Ils se mettent alors à croire que c’est leur foi qui sauvé le monde et évité la destruction à l’humanité toute entière.

              L’étude met en avant le fait que la réfutation par le réel, loin de la démonter, renforce la foi..

              gAZi bORAt

               


            • Christoff_M Christoff_M 31 janvier 2008 13:56

               Ce qui me frappe dans le monde actuel c’est la tendance à voir le diable chez l’autre pour ne pas voir la buche qu’on a soi meme dans l’oeil et plus loin il y a presque une attitude complaisante voir une indifférence totale vis à vis de gens en difficulté.... en dehors de l’obéissance à un gourrou !!

               Combien de fois a t on vu des gens tomber dans la rue et la plupart des gens passer !! il y a peu on voyait une personne accidentée à un carrefour, par terre à coté de son deux roues et tous les gens passaient à coté sans réaction et le réalisateur comptait le temps avant qu’un véhicule s’arrète !! c’était impressionnant !! Ceci est en liaison avec l’article en ce sens que des masses en mouvement n’ont plus rien d’humain, des groupes conditionnés aussi !! C’est meme pire que l’histoire de la secte puisque la il n’y a pas de sanction pour celui qui s’arrete !!


              • Djanel 31 janvier 2008 18:35

                 

                Arthur Mage, vous n’êtes pas le phénix bienveillant d’agora vox mais un farfadet. Comme dans votre second poste vous dites ne pas savoir quoi penser du premier, le mot débile pourrait faire sa petite apparition pour vous qualifier.

                 

                J’ai voté contre la constitution européenne et je n’accepte pas qu’on vienne me dire que j’ai eu un comportement auto-destructeur. Au contraire, cette loi constitutionnelle nous a été imposée par la finance internationale, par des politiques qui y voyaient des opportunités de carrière, par des industrielles qui voudraient déréglementer nos droits nationaux. Pour certains pays émergeants, c’est peut-être un progrès mais pour nous, c’est une régression car nous perdons des droits, en plus il faudra détruire en la réformant notre constitution garante de nos libertés, alors qui est le plus destructeur le oui ou le non.

                 

                En plus les tenants du oui n’ont fait que mentir puisqu’ils nous avaient dit que cette constitution n’était qu’un traité mais comme ils ne pouvaient pas nier que ce traité deviendrait une loi, ils ont fini par nous l’appeler traité-constitutionnel. Mais comme ce n’était pas suffisant pour mieux nous tromper aujourd’hui, il ne nous parle plus que d’un vulgaire traiter sans conséquence. Et le peuple n’a pas été convié aux discutions. Je crois que cette victoire frauduleuse de Sarkozy pour imposer au peuple ce qui a déjà été refusé avec une grande majorité dans le passé, est un comportement auto-destructeur. On ne peut pas accepter que l’on nous méprise à ce point. Bien sur ces connards de socialistes restent immobiles ne sachant que faire. Mais Ségolène et les Hollande auront quelque souci à se faire pour leu avenir politique car une fois qu’ils auront perdu la confiance, ils pourront toujours aller frapper à la porte de sarko pour trouver un emploi. Qui est donc le plus auto-destructeur ?

                 

                C’est un retour à l’envoyeur.


              • docdory docdory 2 février 2008 11:10

                 @ Arthur Mage 

                Vous dîtes strictement n’importe quoi .Les français , dont je fais partie , qui ont voté contre le TCE , ont voté contre le suicide collectif de la République Française . Le TCE bis ( traité de Lisbonne ) et son adoption probable par le parlement contre la volonté du peuple constitue cette fois-ci l’assassinat pur et simple de la République Française ! Posez vous cette question : l’UE est elle une République ?


              • Gazi BORAT 31 janvier 2008 16:07

                Sur les phénomènes d’entrainement collectif et de soumission à l’autorité, le cas des meurtriers de masse est emblématique, par le fait qu’il entraine des hommes "normaux" à commettre des actes que leur formation morale aurait du empêcher.

                On connait l’étude de Christopher Browning sur le 101° bataillon de réserve de police

                http://www.histoforum.org/histobiblio/article.php3?id_article=515

                Dans le même axe de recherche, un ouvrage vient de paraitre, qui apporte des élément tirés d’évènements plus récents (Rwanda, Bosnie) :

                "Les Exécuteurs. Des hommes normaux aux meurtriers de masse d’ Harald Welzer"

                http://www.liberation.fr/culture/livre/302829.FR.php

                Les recherches de Milgram me laissent toujours une curieuse impression surtout losque l’on sait que la sinistre "School of the americas" école de formation militaire américaine à destination des pays "alliés"et spécialisée dans la contre-subversion et le renseignement utilisait des recherches menées dans le cadre universitaire civil.

                gAZi bORAt


                • Renaud Delaporte Renaud Delaporte 31 janvier 2008 16:16

                  Pour une fois, je suis d’accord avec Florentin Pfiffard et en désaccord complet avec Zen.

                   Le Christ était un rebelle. Il n’a jamais enseigné la soumission aveugle à l’ordre établi, que ce soit l’ordre religieux " le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat " ou politique " rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ". Il a défini la laïcité à une époque où l’ordre public et l’ordre religieux étaient confondus (l’empereur était une divinité).

                  Il a eu des mots très durs contre les pharisiens qui enseignaient une application aveugle des préceptes de la loi juive. C’est parce qu’il s’en est pris à l’ordre religieux que les religieux l’ont livré aux Romains... en l’accusant de s’opposer à l’impôt, ce qui démontre à quel niveau ils se sentaient menacés ! (Voir l’épisode des marchands du temple.) Jésus est mort d’avoir posé les bases de la critique à l’obéissance aveugle à l’autorité. À ma connaissance - je sais que je serai immédiatement repris si je me trompe - aucun philosophe n’avait posé les choses aussi clairement avant lui, Diogène de Sinope récusait tout ordre social quand le Christ enseigne que la désobéissance sociale n’est nécessaire que lorsqu’elle s’oppose aux exigences d’un ordre moral universel fondé sur l’amour et supérieur aux lois. Aimer même son ennemi, jusqu’à en mourir.

                  L’amalgame entre l’ordre religieux et l’enseignement du Christ découle d’une méconnaissance profonde de cet enseignement.

                  Dans le cas de l’expérience de Milgram, l’enseignement de l’Evangile incite clairement à refuser de s’en rendre complice, s’exposant ainsi aux conséquences de cette désobéissance.

                  On pourra toujours dénoncer les chrétiens qui s’écartent de cet enseignement mais c’est un contresens complet que de prétendre qu’ils deviennent des bourreaux du fait du message du l’Evangile.

                  Sarko usurpe l’enseignement du Christ en appelant à sa façon aux racines chrétiennes et au sens du sacrifice. Il veut les instrumentaliser afin de se fondre dans le moule néo-cons pour motiver une guerre intérieure et extérieure contre l’Islam. Mais ce n’est pas plus mal : il va se planter complètement. Les Eglises chrétiennes n’ont d’avenir que dans le rappel à une résistance à toute forme de violence jusqu’au sacrifice de soi-même.

                  Ce qui n’est évident pour personne. 

                   


                  • Djanel 31 janvier 2008 17:23

                     

                    Jacob vous avez tout faux. Si le christ avait dit lors de son procès qu’Israël n’était pas romain, Pilate aurait trouvé un motif d’inculpation pour le condamner mais il revint vers le public en disant qu’il n’avait rien à lui reprocher. Les juifs présents dans la salle ( certainement des pharisiens ou des prêtes ) continuaient à demander sa condamnation à mort.

                     

                    Cherchez donc l’erreur, je n’ai pas suivi le fil mais j’ai vraiment l’impression qu’en suivant vos obsessions, vous vous êtes égaré en dehors du sujet.

                     

                    Bonjour chez vous.


                  • ZEN ZEN 31 janvier 2008 17:11

                    Bien que non spécialiste, on ne peut se dispenser, sur un tel sujet, de faire allusion aux travaux de Freud sur l’origine infantile de la soumission/dépendance, fondement archaïque de tout forme de soumissions futures , des plus "normales" aux plus perverses, et sur les mécanismes de déni, parfois de sidération qui les accompagnent, anesthésiant toute capacité critique et élaborant des justifications après-coup.

                    On peut trouver des analyses concrètes de ces mécanismes dans"Cinq psychanalyses" , "Malaise dans la civilisation" et dans sa correspopndance avec Einstein sur la guerre : Pourquoi la guerre ?

                    "... L’événement Freud a été le dévoilement du ressort de l’humanité : l’aptitude à la croyance, à la crédulité et au besoin de dépendance, voire de soumission à l’autorité qu’on se choisit, à l’idéalisation d’une théorie qui nous mette à l’abri de penser. Combien de millions de morts du nazisme et des communismes ? C’est cela le transfert. Or l’aptitude à diminuer les transferts, les illusions, les dépendances, est ce qu’offre la psychanalyse, face à « un si fragile vernis d’humanité », pour reprendre le titre d’un livre récent . La découverte freudienne, c’est que le transfert préexiste aux objets que l’on va investir, qui peuvent être source d’aliénation...( Maggiori)

                     

                     


                    • ZEN ZEN 31 janvier 2008 17:21

                      "On pourra toujours dénoncer les chrétiens qui s’écartent de cet enseignement mais c’est un contresens complet que de prétendre qu’ils deviennent des bourreaux du fait du message du l’Evangile."

                      Cher Renaud

                      Désolé, c’est vous qui faites un(grave) contre-sens. Ai-je dit :"du fait du message..." ?

                      Je contestais seulement à Florentin le fait que la prétention chrétienne puisse être un bouclier contre le pire. J’ai eu trop d’exemples sous les yeux, notamment en Algérie...


                    • Renaud Delaporte Renaud Delaporte 31 janvier 2008 17:29

                      Dont acte.

                      Votre précision lève une ambiguité.

                      Bien à vous,

                      Renaud Delaporte


                    • ZEN ZEN 31 janvier 2008 17:45

                      @ Renaud

                      Cela m’arrive aussi de lire un peu vite...

                      J’aime beaucoup votre site ,que j’ai mis dans mes favoris et que je consulte souvent avec profit. J’invite les agoranautes à y aller faire un tour...


                      • Didier B Didier B 31 janvier 2008 23:18

                        @ l’auteur

                        S’il y a une scene de I comme Icare dont je me souviens, c’est bien celle des électrochocs.

                        Mais j’ignorais totalement qu’elle était basée sur des travaux universitaires réels. Et maintenant que je le sais, j’ai peur.

                        C’est encore un article qui me fait regretter de ne pas avoir été un peu plus attentif à l’école. Merci d’avoir rempli le puit de mon ignorance.

                         


                        • Beaux échanges charpentés sous ce très bon papier...et peu d’excès. Je vous lis tous avec beaucoup d’intérêt .

                          SO LONG !


                          • Christoff_M Christoff_M 1er février 2008 03:17

                             inquietez vous des prredicateurs télévisés qui pullulent aux états unis des sectes en tout genre...

                            est ce qu’il ne faut pas voir dans ce message du président une allusion à la scientologie plus qu’à la religion !! je m’étonne que personne n’aie fait allusion à cela !! on parle d’évoquer la religion mais ce n’est pas parce qu’on va voir le pape que l’on est automatiquement une référence de croyance....

                            vous faites allusion à une fin tragique.... est ce qu’en France ce fanatisme envers les partis politiques qui n’ont plus aucun sens, puisque tous les représentants sont issus du meme moule et surtout pas représenatif des français... est ce que ce fanatisme qu’on retrouve dans l’esprit de clocher et les clubs de foot, cette volonté de se classer à droite ou à gauche, de militer pour un parti n’est pas totalement sectaire et dangereux pour l’équilibre de la collectivité....

                            Comme aux états unis les sectes s’intègrent tres bien chez nous, vousremarquerez que peu de médias en parlent, cet évenement tragique peut etre mis en avant pour rassurer les gens !! ce qui permet aux sectes actuelles de prospérer, en passant par les associations, et par notre administration si bordélique si ropice aux infiltrations...... j’en viens à me demander si nos deux candidats ne sont pas soutenu par des groupes d’influence douteuse....

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