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Accueil du site > Tribune Libre > On est né dans la rue

On est né dans la rue

On est né dans la rue, tout nu, sans dents, tous pourtant ; certains en ont pris ombrage, les bras doux d’une mère manquant, et le ciel aussi beau que nuages, la mélodie des oiseaux sur harmonie du vent n’étaient pas suffisants pour guérir les dommages.

Nous sommes nés de la rue, tous pourtant, il n’y a pas si longtemps, d’exilés, de fuyards de nomades de chercheurs d’herbe verte ou d’un coin reposant.

Nous sommes nés par hasard, tous pourtant. Certains se croient élus des dieux.

Quand je dis rue, c’est plutôt gué, chemin ou sente, voie ou sentier, les oiseaux en archanges les orages en baptême, les éclairs en feux sans artifice. Je veux y mourir, loin des tuyaux et des asphyxies qu’on hésite à programmer.

La pluie est un miracle pas survenu depuis cinq mois ; on recrée les charriages d’eau et on décide au jardin de qui crèvera en premier ; mais les petits millimètres de l’autre jour en furent un, oh, pas un arrosage, à peine ont-ils collé la poussière, les puits sont toujours vides, les nappes repassées, une allumette et tout crame, les arbres sont roux ou dénudés, cependant, dans ce jour gris repos depuis cinq mois, tout revit ; les insectes bourdonnent, les plantes rebourgeonnent, les pics-bœufs de retour balancent sur la croupe des chevaux au trot pour m’accueillir. Je n’aime pas voir souffrir autour de moi, les écureuils se noyer dans les bacs des chevaux car le lac du barrage est à sec, tous les poissons y ont crevé, et je sais qu’ils sont nombreux à fouir désespérés. Les hirondelles sont parties en août. Que sont devenus les vers de terre ? Le silence dans la plaine brûlée est celui de la mort.

Tous ceux qui vivent ici citadins dans l’âme, ne voient rien de tout ça, ce sont des indices, pas des preuves. Tant que l’eau coule au robinet n’est-ce-pas, les avertissements préfectoraux qui se multiplient ne les inquiètent guère ; sans doute, du reste, ne gaspillent-ils pas. Ce fut un bel été pour les touristes. Jamais vu les trous d’eau de l’oued à sec, que sont devenus les ragondins ? Je commence à paniquer, plus un brin d’herbe à l’horizon et octobre arrive.

Octobre arrive, une première pluie, oh, délicate, mais l’herbe avide se gorge de la moindre goutte, on aperçoit un peu de vert, oh, timide, mais cela suffit pour faire chanter les oiseaux.

D’être à nouveau confrontée aux éléments, faire face, agir, trouver des solutions, remet mon regard de manière un peu plus lucide sur les débordements humains.

Je rêvais de ces friches pour mes chevaux, depuis longtemps, mais la nécessité donne de l’audace ; j’ai ces friches ; j’y ai sué quelques après-midi pour fermer les sentes qui débouchaient sur l’a-pic du ruisseau desséché, j’ai découvert des clairières aux herbes printanières, protégées par les hauts chênes des rives et des jeunes pousses anarchiques que les sangliers parfois étêtent. Regardant mes trois lascars se reposant à l’ombre légère de jeunes frênes, j’attendais de voir quel animal, lent et discret, sortirait des hautes herbes, eh oui, un ragondin, lent et las comme ma vieille chienne ! Complètement indifférent à ma présence, droit au but ! J’ai failli bondir pour chercher une gamelle un peu plate où il puisse s’abreuver, mais je l’ai vu descendre la pente raide du fossé et resurgir un peu plus bas dans la luzerne jaunie et clairsemée, et s’en délecter. À voir à la vitesse où le niveau d’eau descend dans le bac des chevaux, je me doute que, nuitamment, quelques biches ou chevreuils, quelques sangliers y viennent s’abreuver. Cela me remplit de joie.

On dit qu’il ne pleuvra pas avant fin octobre, six mois de sécheresse alors, il est tombé onze millimètres d’eau en trois fois pendant ce temps, c’est le viticulteur d’à côté qui me l’a dit, il tient un compte précis des précipitations depuis plus de quinze ans ! Moi qui ne tiens pas de comptes précis, je sens depuis une petite dizaine d’années un changement net dans notre climat, en viendrons-nous aux saisons sèches et saisons des pluies, comme au Cameroun ?

Mais le vent, ce vent incessant qui dessèche jusqu’à la peau … qui claque les volets et rendait tellement inquiète Erevan… j’ai retrouvé le plaisir des muscles endoloris, des os qui craquent des charges portées, de la peau moite de la sueur qui goutte, tombe et pique mes yeux et au bout, le bonheur indicible de les voir tous les trois organiser leurs déambulations et leurs rituels dans ce nouvel espace eldorado.

Tandis que les hommes...s’assassinent, se font mal, souffrance imposée comme jouissance octroyée et toutes ces barrières qu’il pose pour haïr, vomir l’autre, veuleries, mensonges, calomnies, violences, tandis que certains éperdus osent encore poster dans ces lignes encombrées, quelques douceurs, rares. Ne pas faire le tour des choses toutes semblables, répétées encore et encore, rien ne nous nourrit, aussi ce manque s’exprime-t-il comme il peut sans se rendre compte du mal qu’il fait aux autres.

Tout est à faire, tout est à entretenir à réparer tandis que des milliers de gens crèvent de n’être pas utiles et ceux qui croient l’être rajoutent au chaos l’artificiel à leur arrogance ; je les vois rouler vite importants et pressés, aveugles à l’entour. Comment accepter d’être éternellement ce peuple masse

obéissant qui part sur ordre en guerre parce qu’il est programmé ou devient ces ombres anonymes qui se pressent dans les couloirs du métro ? Comment attendre d’en haut les petits arrangements de notre confort, se plaindre de ne les point voir venir et chez soi, pour soi, se prendre pour un ?

Chaque jour ou presque l’écrou se resserre dont on comprend qu’il exclura les hommes de leurs affaires : j’ai reçu un message de la préfecture via ma mairie qui m’explique que dorénavant les cartes grises ne pourront se faire que par internet ; depuis le premier octobre les services de la Préfecture ne le font plus. Bientôt la déclaration d’impôts ne se fera que par ce biais ; alors, ceux qui n’ont pas internet ? Ceux qui savent mal écrire ? Trouveront-ils une bonne âme pour le faire à leur place ? Mais c’est comme ça, comme l’incendie dans les granges, il n’y a rien à faire contre le diable ; certains se réjouiront de ce moins de fonctionnaires.

Au hasard d’un échange, j’ai découvert l’horreur dans les écoles primaires ; j’ignorais que l’on fît faire aux enfants des exercices de simulation d’attentat, ils doivent se précipiter par terre et ne plus bouger. Certains instits se rebiffent et pointent le traumatisme infligé, mais la majorité obtempère et impose. J’ignorais que les grilles étaient fermées dès la cloche sonnée et dans les collèges où les horaires sont élastiques, quand le contrat aidé qui ouvrait les grilles a été supprimé, il n’y a personne pour le faire ; l’humain est adaptable : tous les enfants sont contraints d’arriver à la première heure ! Et tout le monde obéit.

Qui a ôté de l’humain toute jugeote ? Qui a pu lui faire croire qu’il était libre et unique à posséder comme tous les autres le dernier téléphone mobile qui fait tout ? Et que pour cette merveille, tout le reste pouvait bien se suspendre ?

L’honnêteté m’oblige à dire que la pourriture englobe la société toute entière, les politiques sont à l’image du peuple qui est à leur image mais que dans cette fange, la distance du pouvoir aux soumis est bien exactement la même. Sans détailler, ce que tout le monde sait qui a un minimum de lucidité, la mauvaise foi, la calomnie, le mensonge pour en haut plus prégnant, sont le jeu du moi. Et tout le monde y passe.

C’était un lieu au charme fou qui me rappelait mon enfance en d’autres contrées, tout à fait dépaysant dans cette plaine ; des jeunes il y a quelques années avaient tenté d’en faire un jardin mais je ne les voyais plus, sauf un, étrange, que j’avais croisé dans son petit 4X4 au printemps. En préparant le terrain pour mes chevaux, j’en avais ôté des tuyaux avec des vannes de prix et j’avais découvert qu’ils avaient coupé un énorme chêne dont le trou laissé dans la haie découvrait la plaine au nord ; des rondelles de troncs étaient entassées sur la berge et comme je savais désormais que ces laborieux étaient des squatteurs, je ne leur pardonnais pas cet assassinat. Ce qu’ils avaient emporté de bois devait représenter quelques beaux stères. Les trois parcelles étaient séparées par des haies épaisses et le bois gagnait les prés qui avaient succédé aux jardins et à une vigne ; je mettais ma lenteur à me mouvoir malgré l’urgence et ma patience à en découvrir les deux autres propriétaires sur l’émotion d’enfin occuper ces lieux. Et puis tout fut conclu en cinq minutes : que j’occupe le terrain ne posait aucun problème au contraire. Quand je ne coupais pas du bois dans le lit du ruisseau, je coupais des ronciers, des ardialas chez les chevaux pour laisser l’accès aux herbes qu’ils abritaient. La cuve d’eau et le bac étaient tout au fond du terrain, invisibles du chemin.

Nous avions décidé deux grosses journées de bois, et comme le deuxième jour il me fallait remplir la cuve, j’avais décidé que nous couperions du côté du puits, à l’autre bout de la plaine, ainsi je pourrais refendre et transporter les bûches pendant qu’elle se remplissait. Je n’étais pas partie de bonne heure parce qu’il m’avait fallu préparer le pique-nique, et j’étais patraque comme envahie d’un pressentiment que je ne décodais pas, évidemment, l’interprétant comme un reliquat d’inquiétude quant à l’eau. La voiture qui ne veut pas démarrer, la pompe qui ne veut pas pomper ; la mécanique comme sensible qui sent votre nervosité ; obtempérer et partir faire le plein d’un forage. Enfin quand nous sommes arrivés pour mettre en place la réserve, nos yeux ont trahi le bon sens, quelque chose n’allait et tout de suite nous avons vu quoi, mais c’était inconcevable : le bac des chevaux avait disparu ! vidé sur place et retrouvé au fond de l’oued quelques minutes plus tard, trois mètres plus bas. Ils avaient jetés les licols dans un coin sombre du bois mais fait aucun mal aux chevaux.

Dans les heures qui suivirent, le lendemain, ils sont revenus ; ils avaient posé à côté du bac encore plein, la bassine qui me servait de protection à l’attache de la remorque, et… ils l’avaient remplie d’eau !

Comme je fais feu de tout bois et garde toujours un coin de tête terre à terre, je voulais récupérer cet énorme tronc piteux en rondelles ; j’avais beau dire que s’ils avaient pu l’emporter ils l’auraient déjà fait, nous ressentions un sentiment d’urgence ; dès l’après-midi, un ami bouscatier est venu, a coupé les morceaux dans le sens de la veine et les a chargés dans son camion ! Alors, la vengeance des squatteurs s’étant faite agressive en gaspillant de l’eau par cette sécheresse, nous vînt à l’idée qu’ils pourraient s’en prendre aux clôtures ! Je ne sentais pas de menace sérieuse mais nous nous jouâmes un jeu de surveillance, les amis marcheurs ou cyclistes faisaient leur tout en passant par ici et à la tombée de la nuit, c’est par ici que je promenais ma chienne !

L’ignorance des ces citadins forcément, qui croient qu’un coin de friche est à personne, puis se sentent outrés d’en être dépossédés, me paraissait beaucoup moins sympathique ; il aurait été tellement facile de s’enquérir auprès de la mairie du nom du propriétaire de la parcelle et de lui demander l’autorisation -qu’ils auraient sûrement eue- d’y faire un jardin, et pour le même prix, c’est-à-dire rien ou pas grand chose, ils auraient reçu l’avertissement qu’il n’y avait pas d’eau l’été et qu’il ne fallait pas couper d’arbres.

Pendant ce temps le soleil galope à une vitesse folle vers le sud pour se coucher tandis qu’ici c’est encore l’été. Les buis sont morts, pas la peine de rêver les voir reverdir, quant aux autres, le printemps nous le dira.

L’humanité est nue, même quand elle se drape de bons sentiments, même quand elle se déguise en de pleutres avides, même si elle se cache derrière un dieu malfaisant, même quand elle fait mine de maîtrise, surtout quand elle s’avise de prévaloir sur nature souche.

Mais le plus nu est bien le plus encombré de vêtements car la nudité lui est odieuse mais c’est l’odeur de confinement qui l’est, et imprègne la moindre de ses pensées, de ses paroles, et de ses actions. Le ragoût dégoûtant qui encombre ses neurones me rend douces les duretés de la vie.

 


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32 réactions à cet article    


  • Nicolas_M bibou1324 13 octobre 2017 16:36

    Je ne sais pas où vous habitez. Mais je pensais être le seul à encore être touché par la sécheresse. Les citadins ne s’en rendent pas compte, ils vivent dans leur bulle. Ils n’ont pas de potager, et se fichent que leurs légumes viennent d’Espagne, de culture hydroponique.


    Dans le Var, cela fait plus de 5 mois qu’il n’a pas plu. Les prairies n’existent plus, les éleveurs se font livrer du foin. Les centrales hydroélectriques de Lyon sont à l’arrêt, faute d’eau. La production de vin, cette année, faut oublier. Le Drac, au sud de Grenoble, est au plus bas. Impossible d’arroser les champs.

    Quelques initiatives cependant, la ville de Vienne (38) refait tout son réseau d’eau. Faut économiser. Ca fait 2 ans que c’est la sécheresse dans les Alpes. Malgré les quelques averses, le ruisseau en bas de chez moi a arrêté de couler. Même les vieux du village n’avaient jamais vu ça. Certaines communes commencent à réfléchir à demander aux habitants d’acheter de l’eau en bouteille.

    • alinea alinea 13 octobre 2017 17:25

      @bibou1324
      merveilleux bibou,vous avez été moinssé ! dia !
      Oui, personne n’en parle, c’est la mort pourtant !
      J’habite dans le Gard, piémont des Cévennes !


    • alinea alinea 13 octobre 2017 20:35

      @alinea
      Tout tiens dans une virgule, oubliée : merveilleux(!), bibou, vous avez été moinssé... ce qui n’est plus le cas ! Ça me rassure.


    • philippe baron-abrioux 13 octobre 2017 17:08

      @l’auteur ,

       Bonjour Alinéa ,

       peut être faudrait il leur montrer ce à quoi ressemblerait leur joli corps si on en extrayait les 70 % d’eau qui le composent ?

       ou les inconvénients à supporter l’odeur , la leur , après quinze jours sans eau dans leur salle de bains ou dans les toilettes ?

       on fait bien des campagnes contre le tabac , pourquoi ne pas en prévoir une pour l’eau . ?

       ce sont des « sagouins » pour qui les chevaux ne sont que des casaques sur lesquelles ils parient et peu leur importe leur besoin en eau chaque jour .

       il y a risques de guerres pour l’accès à l’eau et à ce moment là peut être prendront ils conscience que sans elle , il n’y a plus aucune vie possible sur terre .

      ou penseront ils créer de l’eau totalement artificielle en en confiant la surveillance à des « intelligences artificielles » ?

       bonne fin de journée !

       P.B.A


      • Fergus Fergus 13 octobre 2017 17:55

        Bonjour, philippe baron-abrioux

        Il est tentant de porter un regard condescendant sur les citadins « ignorants » des choses de la campagne. Mais peut-on leur reprocher cette ignorance dans une société dont le rythme ne cesse de s’accélérer de décennie en décennie ? Même chez les paysans, mis à part quelques vieux exploitants arc-boutés sur d’anciennes techniques et des habitudes surannées, le contraste est saisissant entre les Modernes, hyper-mécanisés sur des monstres de 250 CV et les Anciens qui, au tournant des années 60, en étaient à abandonner la moissonneuse-lieuse tractée par un bœuf ou un cheval pour un tracteur Massey-Harris ou Renault de 50 CV ?

        Dans un texte intitulé 1957 : Jour de batteuse, j’ai raconté une de ces journées particulières si pleine de vie et depuis belle lurette oubliée par les jeunes agriculteurs. Et encore ai-je fait appel en cette occasion à ce que j’ai personnellement connu : avant-guerre, donc pas très longtemps avant, il était encore des paysans qui battaient leur récolte de céréales au fléau comme au Moyen Âge ! Eh oui, les temps changent. Sans doute trop vite, et de manière trop radicale pour que nous puissions garder le souvenir collectif de ces temps si proches et pourtant si différents !

        Cela dit, comme Alinea, il m’arrive d’être agacé par des comportements qui me paraissent stupides. Mais il ne faut pas se faire d’illusions, le phénomène va s’aggraver : l’aîné de mes petits-fils a 8 ans et il ne connaît quasiment rien de la campagne : en revanche, et bien qu’il ait chez lui interdiction de se servir des smartphones de ses parents et de l’ordinateur (sauf pour alimenter le site de son école de réflexions personnelles), il connait la majeure partie des applications et est capable de dépanner sa mamie ou son papy lorsqu’ils rencontrent un problème, de quelque nature que ce soit. Impressionnant !



      • Fergus Fergus 13 octobre 2017 17:58

        Bonjour, Alinea

        Beaucoup de choses dans ton très beau texte, si dense et comme souvent un tantinet désabusé. Il va de soi que je partage l’essentiel de tes réflexions qui viennent, comme à chaque fois, alimenter les souvenirs et nous obliger à se projeter dans l’avenir...


      • Fergus Fergus 13 octobre 2017 18:51

        @ Alinea

        Quand je parle des citadins si-dessus, c’est dans le cadre d’un propos général, cela va de soi car il n’est évidemment pas question de défendre les abrutis auxquels tu as eu affaire. dans des cas comme celui-ci il y a décidément des claques qui se perdent.


      • alinea alinea 13 octobre 2017 20:50

        @Fergus
        Je dois t’avouer que je ne comprends pas bien ce qui leur est passé par la tête ! Un agacement certain qu’il fallait manifester, bon.
        Mes amis pensent qu’ils sont venus ici cultiver de l’herbe ! c’est pas con remarque, de leur point de vue, tant que ça va ça va, et quand ça ne va plus on ne sait pas qui ils sont.
        Seulement l’ignorance est mauvaise conseillère, les chasseurs sont partout, voient tout, et les sentiers dans les bois le long du ruisseau ou à travers les haies, ce ne sont pas les sangliers qui les ont fait ! Donc leur herbe, elle n’aurait pas passé inaperçue ! sauf si on peut la faire pousser de mars à septembre, je ne suis guère avisée de cette culture-là !
        Les ruraux et les urbains vont devenir bientôt deux espèces bien distinctes, qui ne se comprendront plus du tout ; c’est déjà le cas d’ailleurs !


      • Clocel Clocel 13 octobre 2017 17:35

        Cramer le paradis pour climatiser l’enfer,,, est-ce bien raisonnable ?


        • cevennevive cevennevive 13 octobre 2017 17:46

          Bonjour ma Belle,


          J’aurais pu écrire ce que tu nous donnes à lire...

          Je viens de faire un tour dans la montagne. De ma maison, on voit bien que les arbres crèvent (même les chênes verts !!!) mais je n’imaginais pas un tel désastre. Les châtaigniers n’ont, bien sûr, pas de fruits, mais j’ai l’impression qu’il y en aura bien la moitié qui ne reverdiront pas au printemps.

          La rivière n’est qu’un cloaque et plus d’eau dans le canal pour les légumes d’hiver qui auraient besoin d’eau.

          Les « abrutis » qui t’ont ennuyée en croyant s’amuser pleureront peut être très fort un jour, et crieront à l’injustice car ils ne savent pas . Nous, nous savons que l’eau est la vie.

          Bien à toi, à tes chevaux, à ta chienne et à tes arbres.


           



          • alinea alinea 13 octobre 2017 18:05

            @cevennevive
            merci cevennevive ; crois-tu que l’on craigne les débordements orageux sur cette terre aride ! je sens que l’herbe d’automne n’aura pas le temps de pousser ; je m’attaque à une autre friche pour y caser mes loulous pour l’hiver !
            Mais nous avons eu double printemps ; quatre récoltes de luzerne et deux de foin ! incroyable de mars à mai. Beaucoup de fourbures chez les chevaux, mais la diète fut d’office imposée ! cela m’a fait passer un été moins tendu !!
            L’orage du quinze août est un lointain souvenir, un équinoxe sec, une anomalie....
            bien à toi


          • cevennevive cevennevive 13 octobre 2017 18:22

            @alinea,


            Une chose m’énerve un peu : ce sont les gars et les filles de la météo, béats, heureux de cette chaleur. Avec un sourire jusqu’aux oreilles, ils proclament que nous pourrons encore aller nager, boire et manger en terrasse durant toute la semaine prochaine...

            Nous n’y pouvons rien. Ils auront encore de la bière, et de l’eau pour mettre dans leur pastis.

            Les châtaignes, elles viendront du nord de l’Italie, et les choux, betteraves, carottes et poireaux d’Espagne par camion, gorgés de phtalates et d’engrais.

            Au fait, il nous faudrait planter des pois chiches désormais, ça ne demande pas d’eau et ça se conserve tout l’hiver. Je vais y penser pour l’année prochaine !



          • alinea alinea 13 octobre 2017 21:24

            @cevennevive
            On m’a dit récemment :... par ce bel automne ! souvent c’est : par ce beau temps ! ( un mistral souffle à fendre les pierres). Il faut dire que par temps de mistral, on ne voit pas âme qui vive dehors, pas une bête, pas un homme ( du cru), pas un oiseau...tiens, à propos d’oiseau, les seuls que je vois de temps à autre, ce sont les corbeaux ; les rapaces ont disparu fin août, et les hérons pic-bœufs ne sont pas restés ! je veux juste rajouter que ce n’est que par empathie que ce temps me noue les tripes, en tant que piéton qui boit à sa soif, quand j’oublie la mort autour de moi, je jouis aussi de la douceur des fins de jours !
            C’est comme l’heure d’été, ce petit moment où l’on peut boire ( un pastis, pourquoi pas, tant que l’eau est potable !) en terrasse à la sortie du boulot ; je le comprends bien remarque, mais le fait est que, pour ma part, moi qui vis depuis longtemps déjà à l’heure du soleil et pas à celle des bureaux, à partir de fin septembre - et je jure que ce n’est pas volontaire-, je me réveille une heure plus tard !


          • JC_Lavau JC_Lavau 13 octobre 2017 20:34

            Est-ce que ça t’arracherait les doigts que de te relire, corriger tes fautes de grammaire - jusque dans le titre - et corriger tes fautes de ponctuation ? Boaf ! C’est bien assez bon pour les lecteurs ! Tous des kons, les lecteurs !


            Comme il faut des boucs émissaires à tabasser, évidemment que c’est la faute des citadins si la saison a été sèche...

            • alinea alinea 13 octobre 2017 20:54

              @JC_Lavau
              Il faudrait déjà que je la vois !
              Quant à la ponctuation, c’est libre, je la triture à loisir, et ce n’est pas dénué de sens.
              Ne vous sentez pas visé, je n’ai jamais dit ça ! Je raconte une histoire sur fond de sécheresse, et ce qu’elle m’évoque, c’est tout


            • Nycolas 13 octobre 2017 21:30

              J’habite à Saint-Etienne, en pleine ville, donc. Non que j’en sois particulièrement heureux, mais quoiqu’il en soit, malgré le temps maussade de Septembre et même de grosses averses, il a fallu que je passe en bord de Loire pour me rendre compte à quel point elle est basse en ce moment... Rarement vue à ce niveau, encore que ce soit déjà arrivé. Il est vrai que je n’ai pas entendu parler de la sécheresse cette année, pourtant... Beaucoup des attentats et autres épiphénomènes, par contre.


              • alinea alinea 13 octobre 2017 21:52

                @Nycolas
                Mon fils habite à côté de chez vous, et il n’y a pas de sécheresse là ; l’été a été chaud, partout même en Bretagne, mais la pluie est venue à temps ! Je ne sais pas si le lit des fleuves a été bas partout, mais je sais qu’en Charente, l’automne pluvieux a commencé tôt !


              • Joss Mandale Joss Mandale 13 octobre 2017 21:43

                Merci pour ce superbe texte.


                • alinea alinea 13 octobre 2017 22:17

                  @Joss Mandale
                  Merci à vous Joss ; je viens de le relire et j’y trouve deux coquilles effrayantes ( avant de voir des fautes d’une grammaire qui n’est pas faite pour les chiens, comme me l’a dit l’auteur du com précédent) : un tour qui s’est muté en « tout », et précédemment le « pas » qui manque après « qui n’allait » !!
                  Fergus me trouve désabusée un peu, c’est que quand j’écris des choses qui m’émeuvent tant, j’essaie de confiner le trouble ; mais parfois il déborde dans ces inattentions !


                • Joss Mandale Joss Mandale 13 octobre 2017 22:26

                  @alinea

                  C’est une qualité rare que de savoir mettre en mots ses émotions...

                  Et c’est un peu comme se mettre à poil en public, les gestes peuvent paraître gauches tant le corps devient encombrant... Cela n’a rien d’évident...Alors au diable les coquilles ! Bonne soirée


                • Coriosolite 13 octobre 2017 22:23

                  Bonjour,

                  Pour éviter que les écureuils ou d’autres bêtes se noient dans vos abreuvoirs, fabriquez leur une échelle, ou deux : une de chaque coté quand c’est possible.

                   Il faut une planche de 30 ou 40 cm de large et un peu plus longue que l’abreuvoir car elle sera disposée en pente depuis le fond jusqu’au haut de l’abreuvoir.

                  Couper des branches de 5 cm de diamètre, les tailler à la largeur de la planche et les fixer sur la planche tous les 20-25 cm (soit avec du fil de fer, soit avec des gros clous autour des « rondins », ça résiste dans l’eau), ce seront les barreaux de l’échelle. 

                  Lester la planche avec une grosse pierre en bas (au fond de l’abreuvoir), et fixer la planche en haut (sortie), il ne faut pas que la pente soit trop importante. 


                  • alinea alinea 13 octobre 2017 22:34

                    @Coriosolite
                    Oui ! j’ai failli ; je mets un bâton sur l’eau, mais ça ne sert à rien. J’ai la malheureuse habitude d’apprendre par mes fautes. J’ai déjà écarté mes bacs de tout buisson qui permet aux rongeurs de grimper à leur hauteur. Cet écureuil a dû franchir la distance, pas assez grande à l’évidence !
                    merci Coriosolite


                  • Coriosolite 13 octobre 2017 22:40

                    @alinea
                    De rien !

                    Ca me désolait aussi de voir mourir ces bêtes qui ne voulaient qu’un peu d’eau que je pouvais partager volontiers avec elles. Alors un petit bricolage et hop !


                  • nono le simplet 14 octobre 2017 04:44

                    bonjour Alinea,

                    tu me fiches le bourdon ... mais c’est un bel article ... merci
                    allez, une petite anecdote rigolote ...
                    j’ai deux entrées chez moi, une, près de la maison que j’ai barrée d’un portail semi fixe car tout le monde entrait en voiture et souvent à fond la caisse, ma basse cour en liberté étant aussi tentée d’aller sur la route et une autre entrée, plus haut dans mon terrain par laquelle je passe pour rentrer à la maison.
                    cette deuxième entrée est un peu sauvage, sans barrière et, à quelques mètres à l’intérieur j’ai un magnifique figuier (figues blanches) encore couvert de grosses figues.
                    l’autre jour, en rentrant chez moi, j’ai remarqué une voiture garée prés de cette entrée sans vraiment y prêter attention. Et bien sûr, en entrant sur mon terrain, j’ai trouvé un gars cueillant des figues ... j’ai vu, à sa tête, qu’il était horriblement gêné et qu’il s’attendait à une grosse engueulade ... je me suis arrêté à sa hauteur et je lui ait dit qu’il pouvait se servir puisqu’il y en avait encore des dizaines de kg ... il s’est confondu en remerciements ... je lui ai dit, souriant, que, par contre, les 50 stères de bois, un peu plus loin dans une grange ouverte n’étaient pas à donner ... la tête du gars ... non, non, non, je comprends ...
                    j’ai repris mon chemin en souriant dans ma barbe ... en fait, en y repassant plus tard, il restait encore tellement de figues que je ne m’en serais jamais rendu compte ...
                    bonne journée à toi !


                    • alinea alinea 14 octobre 2017 11:03


                      Bonjour nono,
                      moi je maraude une figue chaque matin en baladant mon chien ; cette année le voisin à qui appartient le figuier l’a débarrassé de son lierre, et taillé un peu ( vu le résultat je pense plutôt que c’était une fausse manipe, mais bon), il a donné des figues de juin à octobre !! en revanche les dernières n’étaient pas terribles, alors, comme on manquait d’herbe et que l’arbre en était couvert, après m’être enquise de son autorisation, je partais avec mon escabeau sous le bras, et cueillais cinq figues par cheval+une pour moi ! « on ne les mangera pas toutes de toutes façons » m’avait-il dit !
                      Oui !! le bois c’est sacré ; j’ai fait une quinzaine de stères cet été, je l’entrepose sur un terrain à l’autre bout du village, je serais déconfite et fort en colère si on me le volait !
                      Bonne journée aussi à toi nono


                    • jjwaDal jjwaDal 15 octobre 2017 20:21

                      « Que sont devenus les vers de terre ? ». Ce texte est superbe mais là j’ai été scotché. Je pensais naïvement être encore un des rares êtres humains encore vivant à se souvenir...
                      A se souvenir que sans les cyanobactéries il il a plus de 2,5 milliards d’années, jamais nous n’aurions été là aujourd’hui. Qui connait seulement leur existence dans cette masse de gens prétendument surinformés ? Que sans la symbiose précoce des eucaryotes avec les mitochondries jamais la vie n’aurait dépassé le stade de la méduse et ne serait sortie de la mer pour conquérir les terres et donc nous ne serions pas là... Qui sait aussi que sans les vers de terre et toute la vie qu’ils génèrent dans le sol, jamais nous n’aurions pu connaitre l’exubérance de la végétation qui permis aux herbivores leur extension, aux carnivores leur évolution et nous en bout de chaîne.
                      Nous sommes arrivés bons derniers pour rafler la mise en opportunistes et nous la dilapidons comme si nous n’étions redevables de rien et avions tout à attendre quoi que nous fassions.
                      Alors évidemment ton article m’a fait penser à tout ça.
                      Bon pour le climat local, peut-être faut-il attendre la pluie en lisant « les raisins de la colère ». Se souvenir que dans les années 1930, le « Dust bowl » aux USA a fait penser aux locaux que la fin d’un monde leur tombait dessus. Il n’en était rien bien sûr.
                      Nous sommes bien plus vulnérables que tes ragondins et tes écureuils. Eux, n’ont jamais oublié où sont les priorités...


                      • alinea alinea 15 octobre 2017 22:15

                        @jjwaDal
                        Je n’ai pas compris ta position par rapport au ver de terre ; je ne faisais que m’interroger sur leur survie possible dans une terre bétonnée par la sécheresse, me doutant qu’il a, comme tout le monde, besoin d’humidité.
                        Une amie qui a déménagé la terre de son ancien jardin parce que le nouvel occupant voulait en faire un parking, n’a trouvé que des trous, alors que l’an passé il devait avoir son quota d’une tonne à l’hectare, puisque nous cultivons avec du crottin, moi, étant en plein champ, j’aère et désherbe à la grelinette, elle, ne désherbe même pas !
                        Je ne sais pas si nous sommes plus vulnérables mais nous ne sommes pas morts en voulant boire, et je ne donne pas cher de la peau du ragondin ! Il y a des gens autour de moi qui n’ont pas maigri !!
                        Bon, j’ai arrosé une partie de l’été tant qu’il y avait de l’eau dans le puits, mais sur les pâtures des chevaux, là !!
                        Mais dans ma nouvelle « pâture »,j’ai trouvé des bousiers sous les crottins ! tous les espoirs sont donc permis !


                      • nono le simplet 16 octobre 2017 12:46

                        salut jjwaDal,

                        quand on demande : quel est l’animal le plus présent dans une forêt en poids à l’hectare ?
                        la plupart répondent le sanglier ou le chevreuil ... qui ne représentent que quelques kg à l’hectare ... alors que le ver de terre est présent avec 3 tonnes à l’hectare ...
                        c’est lui le roi de la forêt !
                         

                      • nono le simplet 16 octobre 2017 12:57

                        @alinea
                        bonjour alinea,

                        pour tes vers de terre j’ai peut être une explication ...
                        dans mon ancien terrain prés des marais j’ai voulu creuser un puits pendant un été très sec ...
                        puits creusé à la main avec des buses de 80 descendues au fur et à mesure, l’eau n’étant qu’à 3 m de profondeur dans de la terre ... j’ai trouvé,en creusant, deux ou trois pelotons de 4 ou 5 vers de terre à 40 ou 50 cm de profondeur, là où la terre était encore humide ... une espèce d’hibernation ... ils dormaient au frais en attendant des jours meilleurs ...

                      • alinea alinea 16 octobre 2017 13:11

                        @nono le simplet
                        J’espère ça oui ! comme dit jjwaDal, ces bêtes-là ont l’adaptation sûre ! mais il y a des endroits où le sol n’est pas profond avant la roche !


                      • nono le simplet 16 octobre 2017 13:21

                        @alinea
                        au pire il suffira de réensemencer le jardin à une meilleure saison ...

                        quand je vois ces grands champs de culture prés de chez moi pratiquement vides de vers de terre au moment pourtant propice des labours ... mon voisin, qui utilise le fumier des ses chèvres, très riche en vers, est un des seuls à en avoir pas mal ...




                      • alinea alinea 16 octobre 2017 14:43

                        @nono le simplet
                        On est content d’écouter la colère plus ou moins contenue de Bourguignon quand il parle de tout ça, hein ?
                        Je suis en train d’amasser le crottin,le mettre en remorque et le déverser sur les planches au jardin où je peux le faire ; j’espère que les pluies feront leur travail et qu’au printemps, on aura oublié !

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