La Turquie prépare « le retour d’un million » de réfugiés syriens
Le gouvernement turc a inauguré des milliers de maisonnettes dans le nord-ouest de la Syrie, le long de la frontière turque. Elles sont destinées aux réfugiés syriens. Ce projet de création de « zones de sécurité », financé par Ankara, devrait compter 100.000 logements d'ici à la fin de l'année[1]. Le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan affirme que ce « retour » se fera sur la base du volontariat.
Le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, avait fait le déplacement jusqu'au camp de Kammouneh, dans la région de Sarmada, pour son inauguration. Il a promis que son pays continuerait de venir en aide aux Syriens et qu'au moins 100.000 logements seraient prêts d'ici à la fin de l'année dans le nord-ouest de la Syrie[2].
La réalité derrière ce « geste » présenté comme une action humanitaire est tout autre :
1. La crise économique en Turquie exacerbe les tensions entre Turcs et réfugiés et les élections présidentielles et législatives approchant, Erdogan souhaite cueillir encore les voix de ses concitoyens en s’enlevant une épine du pied, celle des réfugiés.
2. Plus largement, l’ingénierie démographique turque est en marche. En installant dans le nord de la Syrie qu’elle occupe militairement, les réfugiés syriens, la Turquie se garantit une loyauté à long terme de la part de ces derniers, d’autant plus que les officiels turcs affirment qu’ils protégeront ces réfugiés.
3. D’autre part, la Turquie en installant ces Syriens, arabes sunnites, sur les terres des Kurdes syriens, elle dilue la population kurde de cette région syrienne afin d’éviter toute coopération des Kurdes syriens avec les Kurdes de Turquie. En 2018 déjà la Turquie avait chassé les Kurdes syriens du canton d’Afrine les remplaçant par des arabes sunnites. Ce territoire syrien est toujours occupé par l’armée turque.
L’ingénierie démographique constitue une des bases favorites des gouvernements turcs pour occuper un territoire et se l’accaparer à long terme :
1. Dans le Caucase, après son aide militaire et en djihadistes syriens à l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, la Turquie a installé ces djihadistes en lieu et place des Arméniens chassés des territoires du Haut-Karabagh occupés par l’Azerbaïdjan.
2. A Chypre, elle a chassé les Chypriotes grecs du nord de l’île qu’elle occupe depuis 1974 et y a installé des colons turcs anatoliens à leur place.
3. Cette politique est une constante en Turquie. Les massacres et pogroms du XXe siècle contre les Arméniens, les Grecs et autres chrétiens orientaux ont effacé la diversité de l’Asie Mineure et abouti à la création de l’État kémaliste presqu’exclusivement habité par des Turcs.
Enfin, mettre les droits de l’homme en avant pour atteindre ses objectifs expansionnistes, la Turquie sait y faire. Et le machin qu’on appelle « communauté internationale », reste sans voix… Cette « communauté internationale » y trouverait son compte dans les agissements turcs que ça m’étonnerait pas…
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