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Accueil du site > Tribune Libre > Honneur aux pionniers du syndicalisme enseignant !

Honneur aux pionniers du syndicalisme enseignant !

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Au début du siècle dernier, naissaient les premiers regroupements d'instituteurs et institutrices syndicalistes

 

En 1907, plusieurs centaines d’instituteurs syndicalistes ayant constitué la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs annoncent publiquement leur rattachement à la CGT. Ils sont quelques poignées dans une cinquantaine de départements, combattant le triple joug de l'église, des potentats locaux et d'une hiérarchie oppressante, alors que n’est pas encore tolérée la syndicalisation des enseignants. Quelques-uns de ces « hussards noirs de la République » ont été révoqués, dont le responsable national Marius Nègre.

En 1910 ils fondent une revue, l'Ecole Emancipée, autour de laquelle se réuniront les diverses tendances du syndicalisme enseignants radical. Les amis de l’École émancipée s’opposeront dès les années 20 aux communistes inféodés à l’URSS. On y trouvera des trotskistes de diverses obédiences, des anarchistes, des anarcho-syndicalistes et des syndicalistes révolutionnaires jusqu’en 2002, date à laquelle se produira une scission entre ceux qui entendaient collaborer avec ses initateurs à la « construction » de la FSU et ceux qui demeuraient intraitables sur les principes, notamment celui de la non-participation aux exécutifs quand on est minoritaire. Ces derniers ont fondé l'Emancipation syndicale et pédagogique, une revue qui se veut dans la continuité de l’ancienne Ecole Emancipée et autour de laquelle se retrouvent, dans une une tendance intersyndicale, des adhérents et adhérentes de la FSU, de l'UNSA (ex FEN), de SUD Education et de la CNT.

 

Ces syndicalistes enseignants « émancipés » sont, malgré la répression, restés fidèles durant tout le 20ème siècle, à un corps de principes :

  • un triple refus du cléricalisme, du capitalisme et de la hiérarchie ;

  • une indépendance absolue à l’égard de l'Etat et des partis ;

  • une opposition au corporatisme dans le refus des syndicats catégoriels.

 

Depuis 1910, « l'Ecole Emancipée » a été la revue pédagogique des premiers syndicats enseignants – à côté de « l’Émancipation », organe de liaison des syndicats – d’abord axée sur l’enseignement primaire puis élargie à l’ensemble du secteur éducatif. À la Libération, au moment où la Fédération de l’Éducation nationale, précédemment affiliée à la CGT, refusait la division syndicale entre CGT et CGT-FO, la revue est devenue la tribune libre où pouvait s’exprimer la tendance« révolutionnaire » des syndicats enseignants – majoritairement regroupés dans cette fédération, autonome en attendant la réunification – qui ne vint jamais.

 

Cette tendance minoritaire – à la tête cependant de deux section départementales (Oise et Hérault)– se montra très remuante, empêchant les bureaucraties syndicales de tourner en rond, rappelant les grands principes organisationnels qu'elle s'appliquait à elle-même, notamment le « refus de parvenir ». C’est ainsi que ses délégués devaient se limiter à deux mandats consécutifs.

Cette tendance militait pour des augmentations de salaire uniformes, s’opposait à l’arbitraire administratif, à l’inspection telle qu’elle était conçue, à une catégorisation de la direction d’école et aux décharges de classe complètes pour les chargés d’école, ainsi qu’au militarisme.

On y a trouvé les parents de Jean Cornec, le fondateur de la FCPE, les parents de Lionel Jospin, Maurice Poperen, le père de Jean Poperen et bien d’autres, dont Maurice Dommanget, l’historien autodidacte de la Révolution et de la Commune...

L'Ecole Emancipée a développé une contre-culture et aussi offert un cadre de formation. Le dessin de Sapiens qui illustre cet article représente des militants à la « Semaine » de l'Ecole Emancipée, dont Jean Michel Sahut qui vient de mourir. Cette « semaine », chaque année, permettait aux amis de l'Ecole Emancipée – et continue de permettre aujourd’hui aux amis de l’Émancipation syndicale et pédagogique – de se retrouver durant une dizaines de jours, en juillet, pour faire le point sur l’année écoulée, échanger sur les problèmes du moment et préparer la rentrée....C'est une semaine culturelle, sociale et politique.

Dans les années 70 et 80, ces rassemblements regroupaient beaucoup de monde, parfois des centaines.

Sapiens qui a assisté comme enfant et adolescent à de nombreuses de ces « semaines » se rappelle encore la chaleur fraternelle qui cimentait alors les rapports entre les militants.

Ce climat permettait de recharger les batteries car nous savions que la rentrée serait rude et qu'il nous faudrait affronter, à la FEN, les majoritaires d’UID, proche des socialistes, et la minorité Unité et Action, très proche du PCF, qui ne nous faisaient aucun cadeau.

Ah ! la FEN et son fonctionnement « démocratique » ! Je me souviens, dans les instances de cette fédération, de l'organisation des débats, avec un temps de parole proportionnel au nombre de mandats détenus : trois heures pour les UID majoritaires, deux heures pour les Uet A et une douzaine de minutes pour l'EE !

Militant de la LCR au moment de la scission de l’EE, je me suis opposé, au nom de mon attachement à un syndicalisme de lutte indépendant, à la direction de mon parti qui avait organisé sa mainmise sur la tendance.

Aujourd'hui, 20 ans après cette scission, je suis perplexe : la défense de la laïcité qui était à la base de l’engagement des syndicalistes de la vieille EE, n’est plus consubstantielle pas plus à l'Emancipation qu’à l'Ecole Emancipée d’aujourd’hui où les « indigénistes » sont influents...

Pour moi la laïcité s’oppose à tous les cléricalismes, c’est-à-dire à toute intrusion religieuse dans la vie sociale, l’Islam ne constituant pas un cas à part au prétexte que c’est – ou c’était – la religion d’anciens peuples « colonisés ». Les revendications sociétales doivent s’inscrire dans un universalisme qui ne trie pas entre les religions qui doivent se faire discrètes et celles qui seraient légitimes pour imposer leurs exigences particulières. Il ne doit pas y avoir d’exceptions au principe de laïcité.

 

Jean-François Chalot

En collaboration avec Jean Mourot


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5 réactions à cet article    


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 24 mai 2022 12:27

    Au moment de la nomination de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation, on pourrait relire le livre d’un des pionniers du syndicalisme enseignant, Louis Bouët, récemment réédité par le Scorpion brun : « Le syndicalisme dans l’enseignement ». On y trouverait en sus de courtes biographies de ces militants admirables que furent les Bouët, Mayoux,Nègre, Dommanget et les pionnières féministes Hélène Brion et Marie Guillot.

    En vente 9 € chez Chalot ou sur sur thebookedition.com.



    • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine YANKEE-GOHOME ! 24 mai 2022 18:57

      Pour moi la laïcité s’oppose à tous les cléricalismes, c’est-à-dire à toute intrusion religieuse dans la vie sociale, l’Islam ne constituant pas un cas à part au prétexte que c’est – ou c’était – la religion d’anciens peuples « colonisés ».


      C’est ce qui sera le plus dur à instaurer... avec tous ces masos de la laïcité... aux racines catholiques


      • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 25 mai 2022 11:10

        Ces pionniers furent des monstres qui ont accouché d’un syndicalisme Français a vomir.

        Une représentativité sociologique de Marxistes et de connards gauchistes qui sont la base de la destruction de la pluralité syndicaliste.

        Aujourd’hui le syndicalisme est ce que ces abrutis ont créé une oligopole de représentativité d’abrutis Marxistes qui ne représentent que des lobotomisés communistes qui a viré faute de membres motivés par leur révolution de cocos pour un changement de société dans la récupération de l’autre secte qui veut changer la société, l’Islam et sont devenus des Islamo-gauchistes.

        Plus personne de la société civile non politisée ne se reconnait dans ce que ces abrutis encensé par les lavés du cerveau marxiste représentent.

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