Après la Loi Michel-Edouard (Leclerc), la loi Nutella ?
Promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne, les « Etats généraux de l’alimentation » ont permis pendant cinq mois des échanges intenses entre agriculteurs, industriels et distributeurs autour de chiffres-clés qui devront déterminer les prix alimentaires dans les années à venir.
Pour « permettre aux agriculteurs de vivre du juste prix payé » et « à chacun d’avoir accès à une alimentation saine, durable et sûre », une loi est supposée venir corriger les excès de la « Loi de modernisation de l’économie – LME », votée en 2008 et surnommée « loi Michel-Edouard » (Leclerc), tant elle fait la part belle à la grande distribution au détriment aussi bien des consommateurs, des industriels de transformation que des agriculteurs.
Pour l’exécutif, il s’agit également d’apporter une réponse au cri de détresse qui leur arrive de tout un secteur à l’agonie. Nos agriculteurs, sans cesse accusés d’empoisonner durablement la nature et mis en concurrence de façon destructrice les uns avec les autres, dans le cadre d’une Politique agricole commune (PAC) constamment moins protectrice, disent haut et fort à qui veut bien l’entendre : « On ne veut pas des aides, on veut des prix ! »
Nul besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre la difficulté de se projeter dans l’avenir sans savoir combien son travail rapportera à la fin du mois. C’est pourtant à cet arbitraire féodal que nombre de nos agriculteurs restent soumis, en particulier dans le secteur du lait, alors que sans leur travail, toute la société tomberait en panne.
Dans un premier temps, le gouvernement espérait trouver une solution à l’amiable sans forcément recourir à la loi. « Il faut que la grande distribution fasse un geste », disait-on. Or, le ton des échanges a rapidement convaincu qu’une loi serait nécessaire. Le 11 octobre, le président l’avait annoncée pour le premier semestre 2018.
Ainsi, dans le cadre des Etats généraux, les distributeurs – dont personne n’ignore les marges parfaitement abusives – ont signé, la main sur le cœur, une « charte d’engagement » pour mieux répartir la valeur dans la chaîne de production.
En clair, pour que les prix soient au rendez-vous, il va falloir attendre, et les promotions choc du type Nutella continueront à déconstruire la valeur de nos productions.
C'est pour refaire de l'agriculture un grand métier d'avenir que lors de la présidentielle, Jacques Cheminade avait fait cette proposition pour unir producteurs et consommateurs contre les manipulations financières. En effet, Solidarité & Progrès avait été le premier parti à dire non à la dictature financière du dollar multinational, qui s’est mise en place le 15 août 1971, et non à l’Acte unique de la fausse Europe, signé le 17 février 1986. Car c’est à partir de là que le démantèlement de notre agriculture a été programmé. Il ne s’agit ni d’un accident ni d’une erreur, mais d’un fait voulu dans un marché livré aux spéculateurs internationaux, aux propriétaires d’exploitations gigantesques et à la grande distribution.
Ceux qui travaillent quinze heures par jour et s’endettent pour nous nourrir ont droit à un traitement juste. Il faut couper les banques en deux - séparer les banques d'investissement des banques commerciales - afin d'augmenter le pouvoir d’achat de nos salariés et le prix de vente de nos produits agro-alimentaires. Ainsi on parviendra à un développement « par le haut », unissant producteurs et consommateurs contre la mainmise d’une oligarchie qui impose l’austérité « par le bas ». Faisons une Europe selon ces principes, une vraie Europe, et pas l’UE actuelle qui s’en moque.
Source : Solidarité & Progrès
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