Ce
coup d’État, ça pourrait ressembler à une franche rigolade s’il
n’y avait eu près de 300 morts et, surtout, une répression
terrible qui mène ce pays redoutable vers un régime dictatorial. Si
les putschistes ont voulu stopper la dérive islamiste d’Erdogan et
son autoritarisme, c’est raté. Leur action brouillonne conforte
plutôt le pouvoir autocratique de ce mégalo qui se rêve en sultan
d’un Empire ottoman ressuscité ! Leur action manquée suite à
la descente dans la rue des partisans d’Erdogan semble prouver, au
contraire, que celui-ci bénéficie d’un large soutien populaire –
ce qui est vrai puisqu’il a été élu démocratiquement.
D’après
les images qu’on nous a montrées, les foules descendues dans la
rue contre les troufions putschistes étaient surtout composées
d’hommes, jeunes, souvent barbus. Bref, la frange radicale,
islamiste du pays. Ça ne fait pas un soulèvement populaire global.
Ce
putsch ressemble à une embrouille menée par des incompétents, par
les Pieds Nickelés du coup d’État ! Parce qu’en matière de
coups d’État, l’armée turque a pourtant un indéniable
« savoir-faire » ! Si bien que si l’on n’est pas
trop naïf, on peut légitimement penser que ce putsch d’amateurs
a été téléguidé par le pouvoir, organisé par quelques officiers
manipulés à leur insu par Erdogan, réalisés par quelques milliers
de troufions pas très motivés. S’ils avaient vraiment voulu,
les putschistes seraient allés, avant tout, arrêter Erdogan qui
était en vacances au bord de la Méditerranée, à Gokcek. Au lieu
de ça, ils ont fait vrombir quelques avions dans le ciel d’Istanbul,
ont envoyés quelques chars d’assaut sur les ponts et devant
l’aéroport et fait diffuser un communiqué à la télé. L’autre,
comme s’il s’y attendait, a téléphoné à une chaîne de télé
privée, comme par hasard pas occupée par les Pieds Nickelés,
et appelé ses partisans à descendre dans la rue au moyen de son
téléphone portable. Mort de rire ! Ça pue la manip bien
huilée !
Mais
enfin, il y a eu tout de même 260 morts. Mais est-ce que ça peut
arrêter un dictateur, 260 morts ? Au contraire, ça donne de la
crédibilité au putsch. Et c’est ce qu’on appelle dans le
langage fleuri des « puissants » des dommages
collatéraux… Maintenant, l’islamiste Erdogan a les coudées
franches pour détruire toutes les avancées laïques d’Atatürk.
Celui-ci, fondateur de la Turquie moderne, laïque, avait fait de
l’armée la garante de la Constitution et de la Laïcité. Erdogan
veut effacer tout ce qui reste de son illustre prédécesseur. Il a mené une purge gigantesque dans tout ce qui pouvait lui
résister. L’armée est épurée comme il dit, de même que la
magistrature. Ne restent que les officiers de son bord (montrant d’ailleurs leur incompétence dans leurs attaques contre les Kurdes de Syrie) et les
magistrats qui lui font allégeance. Les autres sont embastillés par
le fait du prince (enfin, du sultan), en attendant d’être passés
par les armes, puisque ce grand démocrate envisage de rétablir la
peine de mort. Quant à la presse, celle qui a le droit de
s’exprimer est obligatoirement sous la coupe du pouvoir. Les
journalistes les plus critiques sont tous en taule…
Espérons que les évènements actuels vont définitivement stopper cette
ineptie monstrueuse que serait l’entrée de la Turquie – et de
ses 80 millions de musulmans – dans l’E.U.
Erdogan
yok taman !