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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > BD : Papy Boomers tome 1, avec humour et sans fleurs ni couronnes (...)

BD : Papy Boomers tome 1, avec humour et sans fleurs ni couronnes !

Robert retraité en Papy Boomers tome 1, s’en donne à cœur joie de vivre sa vie en la brûlant par tous les bouts. Zélé, excessif, dragueur, flambeur, il cultive toutes ses qualités et pas de quartier. Goulesque et Widenlocher nous dressent le portrait d’un papi d’aujourd’hui qui dit fuck the death avec humour et conviction peu courante.

Roro alias Robert, avec l’accent prononcé de Coluche avec son Géééééééééééééérard, n’appartient pas au clan des retraités qui ont manifesté pour la troisième fois contre la hausse de la CSG et leur pouvoir d’achat en berne, après de longues années à s’échiner et attendre le moment de la redistribution.

https://www.humanite.fr/manifestation-la-recherche-des-retraites-nantis-656852

Roro serait plus du genre rock’n roll ou même hard rock, si ses esgourdes lui permettent encore. Sur la couverture, il fête ses 64 balais et reçoit le cadeau consacré d’une belle paire de charentaises fabriquées en Chine, à troquer contre ses santiags.

Rassurez-vous Roro ne l’entend pas de cette oreille la retraite à se la couler douce. Il a décidé d’en profiter à corps perdu. Il a un fils, une fille en âge d’être autonome. A la maison il a la charge d’un chat Trouyoubi, complice et souffre-douleur de ses humeurs.

Il est séparé de sa blonde et n’a plus pour elle que « les yeux pour pleurer ».

Tout tout tout vous saurez tout des soucis de santé et de cœur à cet âge pour un homme mur de type Roro. Des examens de la prostate, de ses relations avec les réseaux sociaux, de sa vie épicée, du boulet de sa mère, qu’il n’est même plus apte pour le don d’organes, de ses boulettes d’interprétation du libre-échange qu’il a tendance à confondre avec échangisme, de ses pannes de virgule entre les jambes au moment crucial de passer à l’acte, de son cancer du doute, de son interprétation de « Vous les femmes » de Rulio Essuiglace en maison de retraite…

Enfin bref, c’est un Robert toujours branché cul, sans scrupules, ni tabous, un dragueur impénitent qui n’as pas froid aux yeux, c’est un adepte de la philosophie hédoniste du superbe Georges Moustaki qu’il adapte à la lettre et merdre de merdre à la camarde…

 https://youtu.be/Am5hhp3Ontl

 

Dans le genre féminin, il existe des cougars qui jettent leur dévolu sur des jeunots. Au masculin, je ne connais pas le terme qui correspond à Robert. Lui il aime les jeunettes à ses risques et périls en cas de panne d’aisance dans la tuyauterie.

« L’amour sans les dents » (Costric Pipin) chanté par mon aminche Ramon Pipin, ce n’est pas encore de son âge.

« Allez mémé, viens dans ton lit / On va s’accommoder les restes ! Allez mémé, viens donc au lit / Avant qu’ils deviennent indigestes ! »

« Viens donc mémé il n’est jamais trop tard / Il faut monter nos sept ciels dans la nuit / A nos âges l’amour est aléatoire il peut basculer en nécrophilie ».

  https://youtu.be/xJ15ONw3Z8k

 

 

Le jeunisme est passé par chez lui et il doit toujours se tenir en forme et sportif pour être d’attaque « à donf ».

Vous l’aurez aisément compris, l’angle choisi par les auteurs s’articule autour de différentes phases d’humour qui tentent de tourner en dérision le héros malgré lui. Un héros de notre entourage proche ou qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Il ne se dilue dans l’homéopathie mais dans l’alcool et le rock and roll !

Quelques mots des auteurs qui ont du s’en jeter une tranche de rigolades à composer ensemble. On les ressent très complices. Roger Windenlocher aux textes est un vieux complice du dessinateur Patrick Goulesque avec lequel il a déjà partagé la série « Nabuchodinausore » pour le magazine Je Bouquine. Ils ont gardé leur fraicheur et leur jeunesse et Robert est comme un frère pour eux, tellement ils le connaissent de A à Z. Ils prennent un malin plaisir à nous faire partager ses manières de celui qui n’accepte pas de vieillir à son corps défendant. Les dessins sont relevés, une page par épisode avec forcément plus dure sera la chute. L’humour textuel dans les dialogues touche juste. On prend plaisir à lire cette BD.

Ce n’est jamais tiré par les cheveux, sauf exception capillaire aigue à ne pas boire la cigüe pour autant, quitte à tirer « le mâle à la racine » !

Autre exemple criant de vérité.

Papy Roro lève dans ses filets une jolie rouquine qui l’initie telle BB sauvée des eaux de la sénilité et du naufrage de son corps, à la nudité affirmée en bordure de plage. Roro, toujours partant pour se croire à la hauteur de la jeunette, regimbe de se mettre à nu. Mais devant l’argument massue de la naïade : « tu vas pas faire ta chochotte, ça va je te connais ». Il se déloque de ses fringues et découvre à son âge tardif les plaisirs de se baigner tout nu.

La chute sera terrible et révélateur de la connerie moite qui orne son cerveau de macho.

« Sur la plage abandonnée / coquillages et crustacés » (La Madrague)…

Notre BB nationale peut bien aller ravaler ses vieux restes. Bonne pêche, Roro n’a rien pigé au film.

Chapeau les artistes Goulesque et Widenlocher, ils n’épargnent jamais leur héros pour notre plus grand plaisir communicatif.

 

Une BD joyeuse à priser par le regard, histoire de reculer l’âge de la macronite aigüe. Maladie contemporaine de la réussite sociale à se mesurer et écraser son voisin, à laquelle notre Roro, héros malgré lui demeure allergique à ces lueurs factices qui sentent la pisse.

Roro ne soigne aucun de ses vices, bien au contraire. Qu’il continue encore longtemps. Longue vie à lui en bonne santé. On l’attend au tournant du tome 2. Avec tous mes encouragements. A suivre comme on dit…

 

Oyez oyez, Goulesque et Widenlocher seront heureux de vous dédicacer le premier tome de « Papy boomers », lors des 14èmes Estivales de la BD de Monta, les 21 et 22 juillet 2018.

 

© Goulesque et Widenlocher, éditions Bamboo 2018 pour les textes et illustrations

 

Papy Boomers tome 1, Goulesque et Widenlocher, éditions Bamboo, avril 2018, 48 pages, 10,95 euros

 


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1 réactions à cet article    


  • sls0 sls0 21 juin 2018 02:44

    Ah la soixantaine.

    On a enfin des excuses physiques pour me plus courir, ne plus paraitre.
    On est a un âge si on a vécu une vie intéressante où on peut lever le pied.
    Si on a pas vécu avant, c’est plus à cet âge que l’on va redresser la barre. Pauvre Roro qui triche avec lui-même.

    Je vis dans un pays où faire le Roro est facile vu la différence de revenus et la mentalité locale, il faut voir les gamelles qu’ils se prennent les Roro.
    Des scénarios j’en ai en stock pour la BD.

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