Après 50 ans de construction
européenne et de mondialisation heureuse, le résultat est … le
chaos.
Un des partisans de la construction
européenne et de la mondialisation heureuse, Jacques Attali, vient
de reconnaître cet échec total : cette politique menée depuis
50 ans aboutit à un désastre.
Les démocraties occidentales foncent
vers le chaos.
C’est un terrible constat d’échec,
dressé par Jacques Attali lui-même.
Jacques Attali écrit :
Vers le chaos, en 6 étapes.
Il faudrait être le dernier des
aveugles pour ne pas voir que la structure même des institutions
démocratiques est en train de craquer dans de très nombreux pays ;
et en particulier dans les plus riches :
Aux Etats-Unis, le précèdent
président, après avoir truffé les plus hautes institutions
judiciaires du pays de magistrats clairement décidés à revenir sur
les principaux acquis démocratiques des soixante dernières années,
a tenté un coup d’Etat pour rester au pouvoir, avant de
devenir le favori de la prochaine élection présidentielle, dans un
climat d’affrontement très brutal.
En Grande Bretagne, le règne de Boris
Johnson, commencé comme une comédie bouffe, se termine comme une
triste farce, dont la démocratie sortira très affaiblie, sous les
applaudissements de la presse à scandale et la colère des victimes
du Brexit.
En Allemagne, une coalition aux abois
essaye de maintenir en vie un gouvernement attaqué à la fois par
les partisans d’une alliance russe, et ceux d’une soumission plus
grande aux Etats Unis.
Même aux sages Pays-Bas, la maladroite
gestion d’une réforme agricole visant à accélérer la réduction
des émissions de gaz à effet de serre a mis tous les paysans dans
la rue, entraînant des grèves innombrables, et provoquant des
violences gigantesques qui semblent dépasser les initiateurs du
mouvement.
Enfin, en France, une majorité
relative, attaquée sur sa gauche et sur sa droite par des extrêmes
incapables de produire un plan réaliste de gouvernement, voit
s’annoncer des colères et des grèves, sans même attendre la
traditionnelle rentrée sociale.
Face à cela, les dictatures russe et
chinoise, ironiques, pensent que le temps travaille pour elles, que
l’Occident va bientôt capituler, trop occupé à retrouver son gaz
et son pétrole, et à empêcher la révolution de s’étendre ;
et elles s’apprêtent à avaler, comme premières prises de guerre,
l’Ukraine et Taiwan.
De fait, les événements ne leur
donnent pas tort. Si on continue comme ça, l’Histoire est à peu
près écrite : les démocraties foncent vers le chaos, en six
étapes.
-
- Exaspération : les peuples
ne comprennent plus comment, après avoir été bercés de promesses
de bien-être, de croissance et de progrès social, ils se trouvent
brusquement confrontés à des raretés, des catastrophes
naturelles, des pannes d’ascenseur social, qui se traduisent par
de l’inflation et du pessimisme, sans que le pouvoir politique ne
semble capable d’y remédier.
-
- Manifestations : face à
cela, les plus touchés réagissent. Très souvent, cela commence
par les paysans, très vite rejoints par tous les exclus de la
modernité, et en particulier les habitants des territoires
délaissés.
-
- Délégitimation : devant
l’incapacité des élites qui les dirigent à organiser une
économie juste et capable de concilier ces objectifs apparemment
contradictoires, les peuples ne croient plus en leurs institutions
et se mettent en marche pour en renverser les dirigeants et en
piétiner jusqu’aux symboles les plus sacrés.
-
- Désorganisation : dans une
telle situation, les services publics se défont, les règles de
sécurité ne sont plus respectées, les hôpitaux sont désertés,
les écoles sont abandonnées, les forces de police sont débordées ;
le fonctionnement de sociétés complexes devient impossible.
-
- Révolution : quand un
pouvoir démocratique se sent ainsi attaqué, il se crispe, prend
peur, multiplie les erreurs, et il perd vite le contrôle de la
situation. Les tentatives innombrables de révolutions qui avaient
jusqu’alors échoué finissent par réussir, et les régimes les
mieux établis finissent par tomber.
-
- Contre-Révolution :
effrayées de leurs audaces, les bourgeoisies, un temps alliées aux
peuples pour se débarrasser d’élites qu’elles avaient elles
même créées, se ressaisissent et mettent en place des régimes
autoritaires.
Si l’on ajoute que désormais plus
d’une personne sur dix dans le monde souffre de la faim, que la
moitié des enfants de la planète n’a pas eu accès à une école
décente depuis deux ans, on comprendra que la colère et la
révolution ne seront pas qu’une affaire de riches frustrés, mais
que la rencontre de deux colères, celles des riches et celles des
pauvres, peut entraîner le monde vers le chaos.
La solution existe. Elle est toujours
la même : expliquer, dire la vérité, être juste, tracer des
perspectives, montrer qu’il existe un projet démocratique mondial,
national et local, qui permettrait de satisfaire à la fois les
exigences de la frugalité et celles de l’abondance : celui de
l’économie de la vie, dont la croissance ne suppose pas un
gaspillage croissant de ressources naturelles. Il serait passionnant
de le comprendre, de l’expliquer, de le mettre en œuvre et de
réunir les peuples autour de ce seul projet qui peut sauver
l’humanité.
https://www.attali.com/prospective/chaos/