En Crimée,
la volonté de rattachement à la Russie était très majoritaire, cela ne fait
aucun doute malgré les critiques formelles sur l’organisation du référendum.
Pourquoi ni l’ONU (en vertu du principe de la liberté des peuples …), ni les
USA, ni l’Europe n’ont proposé d’organiser un référendum « clean » ?
Tout simplement parce que des sondages occidentaux ont confirmé les résultats
du référendum « pas clean ».
En Ukraine,
c’est différent. Il n’y a pas de volonté majoritaire de rattachement à la
Russie, sauf peut-être marginalement sur sa frontière orientale. Les Ukrainiens,
parmi les plus pauvres en Europe, lorgnent sur la Pologne qui a largement
profité de son adhésion à l’UE et des milliards qui ont accompagné l’adhésion.
L’UE est nettement plus riche que la Russie, ceci explique cela pour l’essentiel,
même s’il y a aussi d’autres raisons.
Quant à
Poutine, qu’on soupçonne de vouloir envahir l’Ukraine pour l’administrer en
tout ou partie, c’est un grand bobard (traduction française de fake news)
répandu par les USA. Poutine a rejeté le principe d’un référendum dans le
Donbass sur son rattachement à la Russie.
Le risque
(assez modéré pour le moment) d’une 3ème en Europe vient d’autre
chose, d’une expression américaine bien connue : « the winner takes all ».
Après la
victoire pacifique de l’Occident sur l’URSS en 91, les USA ont pensé que la Russie
était comme l’Allemagne vaincue d’après-guerre, un pays vaincu qu’il convient
de traiter comme tel.
Pour appuyer
ce « winner takes all », les USA ont installé des armements prétendument
défensifs, mais facilement convertibles en armes offensives (les antimissiles
changés en missiles) en Roumanie et Pologne. L’équilibre stratégique est en voie d’être rompu, la supériorité des USA devenant écrasante. L’Ukraine est la goutte de trop. C’est une nouvelle crise de
Cuba.
S’y ajoute une petite saloperie culturo-civilisationnelle, bien dans l’esprit du « winner takes all » : l’appui à un régime ukrainien (que les USA ont contribué à mettre en place) qui veut exclure la langue russe du pays. Nous, on n’a pas envie d’envahir la Wallonie, mais si les Flamands, avec l’aide des USA, voulaient interdire le Français en Belgique, je pense que ça se passerait très mal avec la France.
C’est le
risque pour la Russie de devenir complètement vulnérable à une première frappe nucléaire
américaine, sans possibilité de réplique, qui inquiète les Russes.
Un nouvel
Hitler n’est pas à exclure, aux USA cette fois (sur le chemin de la guerre
civile), sans compter la détestation traditionnelle des Anglo-Saxons vis-à-vis des
Russes (ils ne nous aiment pas beaucoup non plus, mais rien de comparable à la
détestation des Russes : quand un Villepin sort de l’alignement à l’ONU, c’est
un déchaînement incroyable d’insultes humiliantes).
Les USA ont
besoin de créer un mur entre l’UE/OTAN et la Russie, leur garantissant leur
hégémonie sur l’UE consentante, celle-ci ravie de créer une nouvelle Fédération
qui gagne du terrain avec succès à l’Est, année après année, sorte de nouvelle « URSS » en
Europe (mais bénie des dieux celle-là parce que sous parapluie US). Il est donc peu probable que les USA lâchent du lest en
Ukraine, qu’ils vont transformer en pays « OTAN » (armement …) sans
adhésion formelle pour le moment.
La crise USA-Russie
à propos de l’Ukraine ne fait donc que commencer, avec tout de même quelques
risques que les choses s’enveniment sérieusement, les Russes considérant que l’enjeu
est pour eux potentiellement vital, rendant la menace de sanctions « très dures » inopérante.