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Commentaire de VICTOR Ayoli

sur Les baby-boomers : une génération de privilégiés, vraiment ?


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VICTOR Ayoli VICTOR Ayoli 17 octobre 2021 11:01

En y réfléchissant, nous – ceux de ma génération – sommes des survivants ! Eh oui, avec la vie qu’on a eue, rapporté aux standards actuels, nous devrions être morts depuis longtemps ! Quand j’étais miston, il y avait des peintures au plomb partout et les tuyaux d’adduction d’eau étaient aussi en plomb. Ça faisait de jolies hernies quand il gelait, alors on appelait… le plombier ! Les prises électriques étaient évidemment sans protection, les fils de la lampe pendaient, les isolants étaient en bois et, bien sûr, il n’y avait pas de prises de terre. On se chauffait au charbon dans une seule pièce et il n’y avait pas d’aération, sauf par les portes et fenêtres bancales. On allait s’alléger dans « la cabane au fond du jardin ». On mettait l’eau de Javel, le permanganate et le crésyl (produits indispensables et courants à l’époque) dans des bouteilles de pinard vidées généreusement. Quant aux quelques médicaments (vermifuge Lune, Alunosal, élixir parégorique, cachets d’aspirine « Usine du Rhône », etc.) ils étaient sur l’étagère de la cuisine, à côté de la boîte à sel et de la bouteille d’huile. Quand on avait des poux on nous saupoudrait généreusement de DDT.

On buvait l’eau au robinet ou à la pompe dans la rue, et non des bouteilles cachetées. On bouffait du pain, du beurre quand il y en avait, des gâteaux bien sucrés et on n’était pas obèses pour autant parce qu’on se bougeait le cul.

On jouait, quand il n’y avait pas école dans la rue, dans les terrains vagues, au bord du Rhône. On fabriquait des traîneaux à roulements avec des planches et des roulements à billes et on descendait à fond la caisse. Les gamelles étaient nombreuses et ça nous apprenait à vivre. Les genoux et les coudes écorchés étaient soignés à l’eau oxygénée, à l’eau d’Alibour et au mercurochrome rouge !

On grimpait aux arbres, aux poteaux et on se cassait parfois un bras ou quelques ratiches sans faire d’histoires ni porter plainte contre le maire.

On avait plein de potes partout : il suffisait de sortir dans la rue, tous les gosses étaient là, c’était notre terrain de jeux. On rentrait chez nous à la nuit sans que nos parents ne se tracassent la tête.

À l’école, dans nos classes à 40 élèves, quand un mec ne suivait pas, on l’aidait et s’il était trop branque, il redoublait. Sans que les « parents d’élèves » ne s’offusquent. Et si on était trop chiants et que le « maître » nous traitait par la podoculothérapie, les parents non seulement ne le faisaient pas mettre en taule, mais ils redoublaient la sanction podoculesque !

Pareil pour les gardes champêtres qui nous coursaient quand on faisait des konneries et nous secouaient le matricule sans qu’on soit pour autant des « victimes de la société ».

Ados, à l’âge où ta console de jeux c’est ce que tu as dans le calbar, nous avons connu les premiers émois en découvrant l’autocoït palmaire en lorgnant les rondeurs des femmes localement floutées de la revue Paris-Hollywood…

Et les bagnoles, plus tard, nos vieilles Deuches ou 4L n’avaient ni ceintures ni air bag, quant aux freins ils étaient plus que douteux.

Et ne parlons pas du nombrenconséquent de verres de vin que nous avons bu tout au long de nos décennies d’existence ! Bien au-delà du "premier verre qui donne le cancer".

Pensez donc, on n’avait pas de portables ! Et même pas de nintendo, de play station, d’ordinateurs, de baladeurs, de télé 80 chaînes, etc. Quelle triste vie ! Et pourtant on a survécu !

On avait la liberté, on assumait les risques, on acceptait les échecs, on jouissait des succès, on était responsables  ! Je me rends compte que normalement, avec une vie aussi « risquée », un environnement aussi « hostile », des façons de vivre aussi « aberrantes », je devrais être mort depuis bien longtemps !

La vie c’est quelque chose de fantastique. Tout est bon, même les emmerdes. Les emmerdes font partie de l’aventure. L’aventure c’est résoudre tous les jours les problèmes qui nous sont proposés voire imposés. Même si c’est compliqué il faut les résoudre. Il faut s’adapter, tout le temps. Et actuellement, je vis avec ma compagne encore une drôle d’aventure…


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