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« Je
suis abstentionniste et tu viens m’insulter, toi l’électeur, toi le votant, toi
qui portes, scrutin après scrutin, des hommes et des femmes au pouvoir et qui
n’auront de cesse de te décevoir. Qui te trahissent tout en te jurant que la
prochaine fois ils feront mieux.
Tu t’affirmes éclairé, instruit, intelligent. Tu méprises copieusement les
presque trois quart de la population française qui n’ont pas voté, ou qui ont
voté pour des partis ennemis à tes yeux. Tu les traites de connards,
d’ignorants, de cons, de débiles, de sombres merdes ignorant tout de leur
Histoire, n’entendant rien à la politique. Nous ne sommes tous pour toi que des
fainéants abrutis de publicité. Tu nous es supérieur.
Tu
es en droit de juger que je me fais des illusions, que mon opinion politique
n’en est pas une, que c’est être bien naïf que d’imaginer qu’en ôtant toute
légitimité à un pouvoir il finira par s’écrouler de lui-même. Tu peux dire que
c’est utopique. Tu auras sans doute raison. Laisse-moi juste te dire que depuis
des années tu vas voter aux heures où on te demande de le faire, pour les
personnes que l’on te propose, en suivant la procédure mise en place par le
pouvoir en place. A chaque rendez-vous électoral tu espères que ça change. A chaque rendez-vous électoral, tu te dis que
cette fois-ci ce sera la bonne ou qu’au moins on aura évité le pire. Tu colmates
sans cesse les brèches d’un bateau qui coule en espérant qu’à force il se
passera quelque chose de nouveau. Et années après années, élections après
élections, tes espoirs sont sans cesse déçus par ceux-là mêmes en qui tu avais
placé ton espoir. On te désigne des coupables, tu les insultes, tu oublies les
élections précédentes, et tu recommences. Encore et encore.
Tu
viendra m’insulter, déverser sur moi ton aigreur suite à la défaite de ton
camp, comme un soldat tenant son fusil face à un peloton de déserteurs. Dans
ton esprit ardent de militant , si tu as perdu ce n’est pas parce que ton
ennemi est meilleur, ce n’est pas parce que tes leader sont mauvais, c’est
simplement ma faute, à moi ».