@Aristide
- 5) « Il y a des gens qui ont une idée formidable, une idée
fumeuse, ils payent pas les terres, se conforment à aucune règle,
produisent du lait sans aucune règle… Les règles de santé publique,
c’est pas les leurs, ils ont un projet alternatif, c’est formidable, on
paye plus rien, il n’y a plus de règles. »
C’est le discours de la chambre d’agriculture : sur la ZAD aucune
règle sanitaire ne serait respectée. C’est faux. Un boulanger vend son
pain sur le marché de la commune de Blain, un maraîcher fait les marchés
d’un autre village, les bêtes élevées sur la zone sont soignées. Les
habitant·e·s ne respectent pas toutes les règles et normes, en
contestent certaines – le puçage par exemple, pour certain·e·s d’entre
eux – mais cela n’empêche pas que la production de céréales, lait,
fromages, houblon, légumes, confitures… y est sérieusement encadrée
depuis plusieurs années, en lien permanent avec les agriculteurs
historiques du coin.
Une réunion avait eu lieu le 28 mars entre la direction
départementale des territoires (DDTM) et des habitant·e·s de la ZAD afin
de parler des 80 hectares de terre – sur 1 650 en tout – jugés
conflictuels par l’État. Ils ont énuméré les projets agricoles et
artisanaux envisagés pour les 300 hectares dont ils revendiquent
l’usage : cultures céréalières, de pommes de terre, production laitière
et transformation, et présenté un projet de fédération coopérative pour
les regrouper en un même ensemble… Et listé les personnes morales qui en
seraient chargées, selon un participant.
Les zadistes ont demandé un autre rendez-vous et s’étaient engagés à y présenter une liste écrite de projets. « Nous n’avons jamais refusé de nous nommer »,
insistent-ils. Aux Cent Noms, cette ferme collective détruite lundi par
les gendarmes, les brebis étaient déclarées auprès de la Chambre
d’agriculture, bouclées et pucées. Le vétérinaire était passé récemment
pour l’examen de prophylaxie. Les représentant·e·s de l’État n’ont pas
présenté de modèles de conventions d’occupation précaire (COP)
individuelles à remplir aux zadistes.
Mardi 10 avril, un paysan de la ZAD, en voie d’installation et adhérent à la MSA, Wilhem, disait son désarroi : « On
a cru au dialogue mais ils nous ont eus. On a été pendant dix ans sous
la menace des expulsions. Quand on veut s’installer en agriculture, le
parcours d’installation pilotée par la Chambre d’agriculture dure
environ un an. Il faut s’engager sur 5 ans pour recevoir la dotation des
Jeunes Agriculteurs. L’État ne nous laisse pas le temps de lancer les
démarches de régularisation. C’est scandaleux. C’est une honte. »
La délégation des occupant·e·s avait également écrit une lettre à la
MSA et prévu un rendez-vous avec des juristes pour étudier les formes
juridiques de leurs futures activités : SCA, SCIC, fonds de dotation.
Lundi 9 avril, jour du début de l’expulsion de la ZAD, ils déposaient
plusieurs statuts d’associations destinées à héberger leurs activités.
https://www.mediapart.fr/journal/france/170418/sur-la-zad-les-mensonges-d-emmanuel-macron?page_article=2