Suite 2
Allocution d’un
prêtre de Syrie Elias Zahlaoui devant le Parlement
Européen, 6 décembre 2017
Mesdames,
Messieurs,
La crise Syrienne a
soulevé, soulève et soulèvera des questions, pour le
moins gênantes.
Questions, en premier
lieu sur la légitimité de cette guerre universelle
contre la Syrie.
Questions aussi sur les
enjeux politiques et économiques, apparents ou cachés,
de cette guerre.
Questions enfin sur
les issues possibles et à venir, aux plans tant
régional que mondial, de cette guerre.
Pour ma part, prêtre
arabe catholique, descendant de la toute première
communauté chrétienne de Syrie, j’ai jugé de mon
devoir de syrien et de citoyen du monde à la fois, de
vous proposer mon approche personnelle de l’une des
raisons profondes de la résistance absolument
inattendue, que la Syrie a opposée à cette guerre.
D’ailleurs, vous le
savez tous, c’est cette résistance même qui lui a
valu, entre autres, l’appui inconditionnel d’alliés
comme la Russie et l’Iran, qui se savaient menacés du
même sort, si la Syrie venait à tomber.
Tout au long de sept ans
bientôt, nuit et jour, vos tout puissants médias, vous
ont asséné des « certitudes » indiscutables, entre
autres, celle d’une guerre civile en Syrie, et celle
d’un régime de dictature, qui massacre impunément son
propre peuple.
Tout cela, Mesdames,
Messieurs, ne vous rappelle-t-il pas, les scenarios
utilisés pour la destruction de l’Irak, puis de la
Lybie ?
Une levée chevaleresque
de tout l’Occident, conduite au sein des
Nations-Unies, par les États-Unis, a valu à la Syrie
une déclaration de guerre, de la part de (140) pays –
pas moins ! – ainsi qu’un embargo militaire,
économique et financier, sans précédent.
Cependant devant l’échec
de la mise en application du célèbre droit
d’ingérence, prétendument humanitaire, dont le mérite
d’invention revient à Mr Bernard KOUCHNER, des
centaines de milliers de soi-disant « Djihadistes »
musulmans, furent, par qui vous savez, levés à travers
une centaine de pays, dont des pays européens et
américains, embrigadés, armés, entraînés, payés, enfin
téléguidés, voire commandés par des spécialistes des
réseaux des plus puissants services secrets, pour être
envoyés par vagues successives, à longueur d’années,
en Syrie, pour y promouvoir, disait-on, la démocratie,
et sauvegarder les droits de l’homme.
Le bilan de cette
malheureuse aventure, sur le plan strictement humain,
le voici en gros, d’après les évaluations des
Nations-Unies :
- Sur une population de 24 000 000 d’habitants, 12
000 000 d’errants sur les routes, soit à l’intérieur
du pays, soit ailleurs au niveau du monde entier,
voire sur mer…
•4 000 00 morts, abstraction faite de toute
appartenance religieuse, de toute condition et de
tout âge…
•Des centaines de milliers d’handicapés…
•Des dizaines de milliers de disparus…
Et pourtant l’État
syrien a tenu, son Président a tenu, son armée a tenu,
sa population a tenu, ses institutions
gouvernementales de tous ordres ont tenu, son corps
diplomatique a tenu, ses Instances universitaires et
scolaires, tant gouvernementales que privées, ont
tenu, tous les fonctionnaires d’État, en poste ou en
retraite, même ceux des zones assiégées par les
« Djihadistes » d’Al-Qaïda, Al-Nousra, Daëch et
consorts, ont été et sont jusqu’à ce jour,
régulièrement payés…
Devant cet état de fait,
absolument incontournable, l’un de vos meilleurs
connaisseurs de la crise syrienne, le français Michel
RAIMBAUD, a osé écrire, il y a un mois, que tout cela
frôle le miracle…