Stratégies de manipulation de masse
ou le système universel de tyrannie tranquille
Selon Noam Chomsky, auteur de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles », la manipulation de l’opinion s’opère selon des stratégies identifiables. Dès lors que sont appliqués sciemment les principes énoncés ici, peu importe la nature ou la couleur politique de l’appareil contrôlant le pouvoir réel (gouvernement dit démocratique, dictature, ou oligarchie installée). Dans tous les cas de figure, l’ensemble de ces stratégies caractérise ce qu’on pourrait appeler « le système universel de tyrannie tranquille ».
Le fonctionnement du système tyrannique suppose au départ le contrôle effectif d’une partie déterminante des médias, que ce soit par nomination et contrôle direct des responsables, par téléguidage des nominations ou par corruption des intervenants.
La stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public par un déluge continuel d’informations insignifiantes et de distractions dérisoires. Ainsi, il ne reste plus d’attention disponible pour comprendre les problèmes importants et les vraies mutations décidées par les élites politiques et économiques. La stratégie de la diversion sert aussi à empêcher le public de s’intéresser aux connaissances qui lui seraient les plus utiles (dans les domaines de l’économie, de l’histoire, de la psychologie, de la neurobiologie qui offrent les clefs du savoir pour comprendre ce qui se passe dans le temps présent).
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée une « situation » en vue de susciter une certaine réaction du public, lequel devient demandeur des mesures qu’on souhaite justement lui faire accepter. Par exemple : laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de toutes les libertés fondamentales. Ou encore : provoquer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en une dégradation insensible étalée sur une dizaine d’années. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (baptisées « néolibéralisme ») ont été progressivement introduites durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, dumping social, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement dans les années 1970.
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public pour une application non pas dans le présent mais dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et pour l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu (effet combiné avec celui de l’étalement).
La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, comme si le spectateur était un enfant en bas âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera la stratégie de l’infantilisation. Pourquoi ? Probablement pour susciter, par mimétisme inconscient, un niveau de réaction critique du niveau d’une personne de 12 ans.
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter la critique rationnelle et documentée. De plus, en étouffant toute analyse, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir l’accès à l’inconscient pour y implanter des peurs, des désirs, des discours programmés, des comportements mimétiques.
Par la rétention d’information, par la promotion de l’ignorance revendiquée, et par le délabrement des systèmes d’éducation, faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. L’essentiel est de faire croire au plus grand nombre que les questions politiques ou scientifiques sont trop complexes pour être expliquées et que, de toutes façons, cette complexité nous dépasse. Tel est le but poursuivi (et largement atteint.) A l’échelle des masses, l’éducation donnée aux classes inférieures doit être pauvre et déstructurée, de telle sorte qu’un fossé d’ignorance isole et protège l’élite dominante tout en demeurant incompréhensible par les classes dominées.
Encourager le public à se complaire dans la médiocrité, à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte, et à revendiquer cette médiocrité comme un caractère d’identité… L’exemple le plus flagrant est celui des jeux télévisés, prestations extraordinaires dans lesquelles les concepteurs et les animateurs s’efforcent d’être le plus débile possible. Par effet de contagion, toutes les émissions diffusées aux heures de grande écoute (aussi bien informations, sports, jeux, débats, reportages, variétés) procèdent de cette même complaisance pour l’inculture, le rabaissement du niveau, la pauvreté du langage, l’infantilisation des explications, la gloire d’être nul.
Pour remplacer la révolte par la culpabilité, il suffit de faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, notamment à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu se sous-évalue et se culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution !…
Au cours des 50 dernières années, les progrès de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
22/03 15:30 - dadoux
@Alren Je t’invite à aller te renseigner sur l’institut Tavistock, un laboratoire (...)
22/03 14:49 - dadoux
22/03 11:02 - Alren
@Alren Chers amis complotistes qui avaient majoritairement voté contre ma remarque de bon (...)
21/03 11:11 - Parrhesia
@dadoux Multa paucis... et clairement exprimé. À mon modeste avis, au-delà du problème (...)
20/03 18:44 - Electric
@C Nicolas Je ne confonds pas les croyants, les prêtres, la majeur partie des Evèques avec (...)
20/03 17:36 - christophe nicolas
@Electric Il ne faut pas avoir une lecture politique des prêtres, ce ne sont pas des hommes (...)
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