Excellent article, bravo.
J’ajouterai les éléments suivants :
Le travail non productif dépasse le travail productif en nombre de salariés comme en volume. Ce travail est le fruit de contraintes et de réparation de l’organisation de la Société. Je m’explique : il y a des conseillers fiscaux parce que le système fiscal est compliqué et injuste. Ce type d’emploi a pour objet de contourner les contraintes. Mais les conseillers fiscaux ne sont pas nécessaires à la Société, il ne s’agit pas d’un jugement de valeur. Exemple d’emploi « réparateur » : tous les emplois liés à la dépollution. On pollue d’un côté – et on laisse polluer avec la multiplication des emballages par exemple – et on crée des emplois dans l’environnement de l’autre côté. Ne serait-il pas plus simple d’agir à la source ? On va chercher des tomates en Espagne (donc, création d’emplois intermédiaires inutiles) quand on peut en produire dans notre région…
D’autres emplois étaient auparavant des activités bénévoles et trahissent le glissement de l’économie de marché vers la société de marché, où toute activité rentre progressivement dans le secteur marchand. Les emplois de service à la personne en sont l’exemple pertinent. Dans les années 70 encore, on s’occupait bénévolement des enfants de ses voisins, on aidait à faire le ménage, on s’occupait de ses vieux, on apportait gracieusement les repas à domicile, etc.
Toute notre existence, toutes nos valeurs, toute notre société sont construites en fonction des variables travail et argent. La valeur d’un individu, son intégration dans la société en sont directement liés. Le chômeur, le retraité, le rmiste, le travailleur pauvre… sont les parias de notre société. Je rappelle que dans l’antiquité, le facteur d’intégration était la citoyenneté, et au Moyen-Age comme dans l’Europe moderne (1492-1789) et aux débuts de l’ère contemporaine, c’était la foi chrétienne. Bref, une intégration sociale qui n’était pas liée aux facteurs économiques. On ne stigmatisait pas ceux qui ne travaillaient pas, ou « pas assez » !
L’homme n’a aujourd’hui de valeur qu’en fonction de ce qu’il peut produire ou consommer, et ce n’est pas triste, mais tragique. Les dégâts sociaux et le coût économique sont énormes. Par exemple, on ne souligne jamais que le problème du logement pourrait être résolu si les gens vivaient ensemble au lieu de vivre séparément (combien de célibataires ?), chacun dans son appartement ou sa maison individuelle. Mais pour cela, il faudrait avoir des horaires de travail semblables, les moyens financiers d’une vie sociale, un travail moins stressant, vivre et travailler dans son quartier pour pouvoir tisser des liens, moins d’internet, de téléphone, de télévision, etc.
L’organisation du travail, la dictature du marché ont tout simplement brisé l’Homme et notre société est très éloignée d’une organisation naturelle des échanges humains. Les fléaux sociaux (délinquance, consommation de psychotropes et d’alcool, etc.) ont encore de beaux jours devant eux !