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Commentaire de Céline Ertalif

sur J'évalue, tu évalues, nous évaluons, ils évaluent


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Céline Ertalif Céline Ertalif 1er février 2008 00:43

Le ressort de la culture de l’évaluation, c’est de mettre une pression évaluative dans la conscience du fonctionnaire. En s’y prenant de cette façon, on n’a peu de chances d’aboutir à un résultat positif, je vous le confirme. Et la méthode des billes rouges, c’est à peu près la même chose.

Pour ma part, je considère que le management a un réel impact en termes d’efficacité. La première condition, c’est un engagement crédible des dirigeants. Dans le secteur public, il y a une culture de la morale civique, de la République, du concours... et une superbe ignorance des métiers et du résultat. Pour atteindre cette culture du résultat, il faut se donner les moyens de mesurer et faire l’effort de définir ce qui doit être mesuré. C’est un énorme travail, une conversion culturelle et ça ne consiste pas essentiellement à mettre la pression sur les individus.

Dans ma collectivité publique, pour être concrète, cela passe par la création d’un rapport d’acitivités annuel. Il faut donc prendre l’initiative de le faire, il faut que chaque service quantifie et dise ce qu’il fait, puis il faut que les élus décideurs définissent des orientations. Au point de départ, les services ne savent pas rendre compte et les décideurs ne savent pas exprimer ce qu’ils veulent. C’est beaucoup plus difficile à élaborer qu’un compte de résultats ou qu’un rapport entre l’excédent et la masse de fonds propres. Le premier rapport annuel : le décideur collectif des élus découvre. Avec le deuxième rapport, l’assemblée des élus va commencer à construire ses repères. Les premières observations vont émerger la 3ème année, à partir de la 4ème on va commencer à entrer dans un jeu d’aller et retour entre l’expression publique et la demande aux services...

Pour entrer dans la culture d’évaluation, il faut du temps et une forte volonté du management. Parce que du côté des agents, ça ne va pas plus facilement. On ne comprend spontanément que la note individuelle, l’héritage scolaire vécu comme un jugement de la valeur de la personne, et le concept d’évaluation est un corps étranger. Il faut même une énergie répétée pour souligner qu’on ne veut pas apprécier la valeur d’une personne mais le résultat d’un travail. Résultat qui est d’ailleurs bien souvent plus collectif qu’individuel. C’est une véritable lutte d’introduire une discussion collective sur les critères de l’efficacité, sur ce qui contribue à l’évolution de la qualité du service, en tournant la page du jugement moral sans valeur opérationnelle. L’évaluation d’un service public met en jeu le sens d’une action, cela dépasse largement la question du mérite.


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